Russie : Moscou préparerait une vague de sabotages et d'attentats d'envergure en Europe

Il suffirait d’allumer une mèche…

Selon le Financial Times, les agences de renseignement européennes préviennent leurs gouvernements respectifs : attaques d’infrastructures, attentats à la bombe ou incendies criminels, la Russie se préparerait, sous couvert, à frapper au cœur de l’Europe.

La “guerre hybride” que la Russie mène et intensifie face à l’occident, comme l’expliquait Le Figaro le 3 mai, semble sur le point d’atteindre de nouveaux paroxysmes. Comme le rapporte le Financial Times dans un article aux horizons pour le moins lugubres, Moscou préparerait, selon diverses agences de renseignement européen, une vague d’attaques, de sabotages et d’attentats, sur le sol européen.

Attaques, sabotages et attentats russes en Europe

Ainsi, la récente multiplication des brouillages GPS d’avions civils dans l’est de l’Europe, les intenses campagnes de désinformation ou de manipulation des opinions publiques auxquelles se livre le Kremlin depuis quelques années, et que Les Échos ou France Info décortiquaient il y a quelques semaines, l’infiltration de l’extrême droite du continent racontée par Le Monde, ou les cyberattaques dont se sont récemment plaintes l’Allemagne et la Tchéquie, comme l’a rapporté Libération, n’étaient que des exemples encore timides de ce qui pourrait se préparer.

“La Russie a déjà commencé à préparer plus activement des attentats commis sous le sceau du secret, des incendies criminels et des attaques sur les infrastructures en Europe, directement ou via des intermédiaires, avec semble-t-il un intérêt limité pour les morts civiles que cela pourrait causer, selon des officiels de l’intelligence”, écrit le Financial Times.

“Nous constatons que le risque d’acte de sabotages commis par des acteurs gouvernementaux connaît une hausse significative”, a récemment déclaré Thomas Haldenwang, patron du renseignement allemand. Des attentats “avec de gros potentiels de dégâts”, ajoutait-il.

Le quotidien britannique donne quelques exemples. Le 18 avril, il était ainsi rapporté, par France Info notamment, que deux citoyens russo-allemands avaient été arrêtés, suspectés de préparer des attentats contre des cibles militaires. En République tchèque, ce sont les réseaux ferrés, les trains et leur système de signalisation qui ont été visés, comme le Financial Times, déjà, l’expliquait début avril, puis nous-mêmes à sa suite.

En Estonie, c’est une large campagne de déstabilisation qui était mise au jour en avril et qui, comme l’a raconté Politico, a notamment inclus des attaques physiques contre les voitures du Ministre de l’intérieur du pays, Lauri Läänemets, ainsi que celle du rédacteur en chef du média Delphi.

Accélération des attaques ou maladresse des espions ?

Le Royaume-Uni enquête de son côté sur de possibles plans d’attaques contre des centres logistiques où sont stockées des armes destinées à l’Ukraine, tandis que le ministre français de la défense, Sébastien Lecornu, notait la multiplication des cyberattaques visant les armées françaises, ainsi que l’expliquait BFMTV dès février.

Des incidents sérieux dans des usines allemandes ou britanniques produisant des obus ou des explosifs destinés à l’Ukraine font également l’objet d’enquêtes de la part des autorités des pays concernés, qui subodorent que l’ombre du Kremlin ne plane pas loin.

Selon Keir Giles, consultant pour le cercle de réflexion Chatham House cité par le FT, la conclusion est claire : la menace est grandissante. Ou, du moins, est-elle plus visible et mieux détectée depuis quelque temps.

“On ne peut dire si c’est la concrétisation du fait que la Russie met plus de ressources dans sa campagne, si ses espions sont plus négligents et se font prendre, ou si le renseignement occidental a progressé dans sa capacité à détecter et stopper ces activités”, poursuit le chercheur auprès du quotidien britannique.

Aussi, Keir Giles explique que Vladimir Poutine, face aux sanctions occidentales déclenchées par son invasion à grande échelle de l’Ukraine, se sent pousser des ailes et que les espions russes, massivement expulsés des pays d’Europe après l’attaque contre Kiev en février 2022, tentent de regagner du terrain et prouver qu’ils ont encore un rôle à jouer. Un rôle des plus néfastes en l’occurrence.