« Quand on m'a diagnostiqué, j'ai tout de suite pensé à mon fils »... Parent et bipolaire comment on gère ?
Quand ce trouble psychique surgit au sein de la sphère familiale c’est une épreuve de tous les jours à surmonter. On vous raconte
Le congé d’adoption peut désormais être scindé par chaque parent et partagé entre eux.
Trouble à domicile – Quand ce trouble psychique surgit au sein de la sphère familiale c’est une épreuve de tous les jours à surmonter. On vous raconte
«Ã‚ Moi qui suis touché, je n’ai pas été correctement suivi et j’essaye de ne pas reproduire les mêmes erreurs sur mon enfant », raconte Tom, atteint du trouble bipolaire. Ce père d’un petit garçon de 2 ans a été diagnostiqué àses 29 ans, beaucoup trop tard selon lui : « j’ai grandi dans un environnement où la santé mentale est assez taboue, on considérait comme fou ceux qui étaient atteints d’un trouble psychique. »
Le grand blond à lunettes confie avoir dû se taire pour être considéré comme « normal » auprès des autres. « Quand on m’a diagnostiqué et expliqué ce que ça encourait pour moi et pour mon entourage, j’ai directement pensé à mon fils », raconte celui qui grâce à l’accompagnement d’une psychologue estime se porter « très bien et agir normalement ». Le papa confie suivre un traitement médicamenteux à vie et reconnaît un certaine méconnaissance de la maladie de la part de ceux qui l’entoure. « Si je ne le dis pas, beaucoup peuvent ne pas se rendre compte que je souffre de ce trouble ».
« D’un seul coup, elle pouvait me hurler dessus »
L’instabilité étant le maître mot du trouble bipolaire, évoluer dans l’entourage d’une personne malade n’est fatalement pas de tout repos. « Il y a une alternance entre des épisodes maniaques et dépressifs. Durant les phases maniaques, la personne va anormalement être euphorique, avoir beaucoup d’énergie, ne quasiment plus dormir, mener à bien plein des projets mais aussi avoir des comportements à risque et ne pas réfléchir aux conséquences de ses actes », explique à 20 Minutes la psychologue Laura Texido avant de détailler la phase dépressive durant laquelle, « c’est tout l’inverse ».
«Ã‚ C’est la tristesse, le découragement, la perte d’intérêt dans tout et même les pensées suicidaires », décrit la psychologue. Entre ces deux périodes, il existe la phase « d’euthymie », moment où la personne agit « normalement ».
Un comportement difficilement « prévisible », donc, notamment pour les proches comme Isabelle* qui a vu sa relation avec sa mère « se dégrader ». « Elle ne suivait pas de traitement et ne reconnaissait pas être bipolaire, déplore la jeune femme. Je subissais des comportements opposés : on pouvait passer une superbe journée, aller au cinéma, manger au restaurant et, d’un seul coup, elle pouvait me hurler dessus et ne plus supporter ma présence ».
« Longtemps, je me suis demandée si c’était moi le problème »
La jeune femme a consulté régulièrement une psychologue et a mis de « la distance » entre elle et sa mère. « Longtemps, je me suis demandée si c’était moi le problème », regrette-t-elle encore. Aujourd’hui, les choses se sont apaisées entre les deux femmes : « je l’ai poussée à venir avec moi chez la psy et, au fur et à mesure des consultations, la parole s’est débloquée et elle a même accepté de suivre un traitement. »
La mère d’Isabelle ou Tom ne sont pas seuls, la bipolarité touche entre 650.000 et 1.600.000 personnes, selon la Fondation Fondamental. Et souvent, les parents redoutent les effets du traitement sur leur entourage voire une hérédité. Car le trouble bipolaire « peut se transmettre par les gènes », abonde Laura Texido. Tom le sait et a fait le choix de ne rien cacher à son fils. Lui qui a très mal vécu le manque d’accompagnement durant son enfance tente « d’être plus vigilant avec » son petit gars : « je lui apporterai l’écoute et la compréhension dont je n’ai pas bénéficié plus jeune. »
« Une personne qui a un trouble bipolaire peut complètement être parent »
Quant à Karine*, elle vit avec un père qui a développé la maladie après le décès du sien. « La bipolarité peut-être provoquée par des événements traumatisant tel qu’un deuil, le stress, la consommation de cannabis et tous ces facteurs environnementaux vont précipiter l’entrée dans la maladie », explique en effet Laura Texido. Et Karine*, elle, confie à 20 Minutes que vivre avec un père bipolaire n’a rien « de négatif ». Ils entretiennent même une relation très fusionnelle.
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Diagnostiqué tôt, son père bénéficie d’un accompagnement psychologique et d’un suivi médical lui permettant de mener une vie « normale », selon elle. Un pas important car, toujours selon Laura Texido, « suivre une psychothérapie permet, d’abord, de verbaliser la douleur liée à cette maladie mais aussi de suivre une psychoéducation pour l’entourage », les proches, les enfants. Et notre experte de conclure : « une personne qui a un trouble bipolaire peut complètement être parent sans représenter de risque pour son enfant. Papa ou maman n’est pas défini que par la maladie, qui à d’ailleurs un traitement. »
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