PSG - Dortmund : Beaucoup de foin avant pour si peu, Paris nous a encore bien diverti
Les Parisiens se sont montrés très sûrs d’eux avant ce match, surjouant la confiance comme pour mieux exorciser les peurs passées
football – Les Parisiens se sont montrés très sûrs d’eux avant ce match, surjouant la confiance comme pour mieux exorciser les peurs passées
Au Parc des Princes,
Dans les périodes de doute qui peuvent escorter tout un chacun, ces moments où tout semble foutre le camp, il reste heureusement des choses immuables auxquelles se raccrocher pour ne pas totalement sombrer. Le jour qui se lève, la ligne 7 du métro en panne ou l’incapacité du PS à se reconstruire, par exemple. Dans le foot, c’est la faculté du PSG à se renouveler chaque année dans la manière de se faire éjecter de la Ligue des champions.
Du 3-5-2 de Lolo Blanc contre City à la remontada du Barça, de la noyade en 5 minutes au Bernabeu à la liquéfaction contre la B de Manchester United, les Parisiens n’ont jamais oublié de mettre les formes. Cette année, place à la confiance surjouée qui débouche sur du vent.
On avait souvent reproché aux Parisiens ces dernières années de dégager une certaine peur avant ces rendez-vous couperets. Cette fois, avec le commandante Lucho Enrique à la baguette, rien de tout ça. De la sérénité en veux-tu en voilà, du calme en toutes circonstances, une statue miniature du Dalaï Lama dans le vestiaire, bref, une extrême assurance de l’emporter, diffusée par toutes les strates du club, de la direction aux joueurs. Petit florilège de l’avant-match :
- Luis Enrique : « On va gagner. C’est la seule phrase que je connais en Français. On va gagner. »
- Mbappé : « On est sûrs qu’on va remonter ce score et qu’on va se qualifier pour la finale. »
- Nasser qui « arracherait les sièges » dans les tribunes s’il pouvait pour mettre encore plus d’ambiance (alors que la tribune Boulogne est condamnée au silence depuis belle lurette).
- Les rumeurs selon lesquelles le CUP négociait avec la direction pour « un envahissement du terrain contrôlé » après la qualification.
Evidemment, ça a chambré de partout sur les réseaux après le coup de sifflet final. Dans notre esprit, on a l’image d’un boxeur qui parle fort et va chercher son adversaire front contre front avec un regard de pitbull lors de la pesée et qui se fait mettre KO au premier round le lendemain.
SI l’ambiance incandescente annoncée par les supporters a bien été là, les joueurs eux n’ont pas répondu aux attentes. Alors, trop confiant ce PSG ? La théorie est réfutée par Kylian Mbappé. « Pas du tout. Si nous on ne se persuade pas qu’on peut gagner, qui va le faire pour nous ? Personne, répond le Kyks. Donc non, je ne pense pas que ce soit le problème. Le groupe était serein, maintenant c’est le football, on n’a pas mis tous les ingrédients qu’il faut pour aller en finale. »
Luis Enrique « enchanté » par les deux matchs…
Ok. Reste que dans toutes les réactions d’après-match que l’on a entendues, il y avait comme un décalage entre les discours et ce qu’on a vu sur le terrain. Paris n’a globalement pas été à la hauteur de l’événement, ce mardi comme lors du match aller, la semaine passée. Pas assez d’intensité, de mordant, d’idées, alors que tomber sur ce Borussia à ce stade de la compétition était une bénédiction. Ecoutez ce que dit Luis Enrique :
Je suis très satisfait des deux matchs. Ils ont fait ce que j’avais demandé. J’ai adoré l’esprit de mon équipe. On ne peut pas lui reprocher d’avoir une foi inébranlable, je suis très fier d’elle. Je suis enchanté de l’attitude et du comportement de mes joueurs. »
Qu’un entraîneur protège ses joueurs, d’accord, mais il aurait quand même le droit d’admettre certaines carences dans le contenu de cette double confrontation sans risquer le tribunal. C’est assez habituel chez l’Espagnol, on a pu le constater plusieurs fois cette saison, après les bouillons pris à Newcastle et Milan par exemple. Mais cette idée que le PSG a été largement supérieur à Dortmund simplement parce qu’il a touché 4 fois le poteau ou la barre et camper dans le camp adverse sur l’énergie du désespoir dans les 20 dernières minutes d’un match retour à domicile a été servi par tous les acteurs.
La déception de Beraldo et Vitinha au coup de sifflet final. – Christophe Ena/AP/SIPA
«Ã‚ Il a manqué l’efficacité. Ils ont marqué deux buts, un sur corner et un autre dans la profondeur (àl’aller), sur une phase qu’on avait travaillée. Ce sont de petits détails, résumait ainsi Marquinhos juste après la rencontre au micro de Canal. On a créé beaucoup plus occasions qu’eux, mais ils ont été efficaces lors des deux confrontations. Il y a beaucoup de bonnes choses àtirer de ce match et de cette compétition. »
Un peu plus tard, le président Nasser Al-Khelaïfi s’invitait en zone mixte pour dire à quel point son équipe avait été fantastique. « On est très déçus, tristes du résultat. Je pense qu’on méritait mieux, a-t-il estimé. On a vraiment pensé qu’on avait le droit d’aller en finale, on était meilleur en tant qu’équipe. »
Le dire après, comme avant d’ailleurs, ne suffit pas. Ce PSG, il est vrai très jeune (24 ans de moyenne mardi, un record en demi-finale depuis Arsenal en 2009), a manqué de moelle, à l’image de cette campagne qui l’aura vu s’incliner cinq fois, malgré une poule pas folichonne et un tirage cadeau ensuite. Les joueurs sortent toutefois avec la sensation « d’avoir tout laissé sur le terrain, tout donné », comme l’a dit Fabian Ruiz.
Condamné au plafond de verre ?
Fatalement, après ce nouvel échec, l’ambition de Paris version QSI de gagner la Ligue des champions interroge toujours autant. « On a eu un nouveau projet avec un nouveau coach. Il ne faut pas tout jeter », tempère Marquinhos. Quand même. Il est difficile de se contenter de cet argument du « nouveau projet » qui revient régulièrement alors que cela fait maintenant 13 ans que le propriétaire est installé, avec des investissements massifs à la clé. Son statut et son effectif auraient dû être des garanties pour passer cet obstacle.
Est-ce moins un cuisant échec de se faire sortir en demi-finale par le 5e de Bundesliga sans avoir réussi à lui marquer le moindre but qu’en 8e de finale par le Real Madrid ou le Bayern Munich, comme ces dernières années ? Le PSG est-il condamné à se cogner la tête sur un foutu plafond de verre dans cette compétition ? Comme son capitaine, Vitinha pense que c’est n’est que « le commencement ». La saison prochaine sera un recommencement du commencement, alors, puisqu’il va falloir remplacer Kylian Mbappé.
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