«Prépucegate» : Guillaume Meurice suspendu par Radio France en attendant une éventuelle sanction
L’humoriste Guillaume Meurice, le 3 septembre 2023 à Paris.
Guillaume Meurice serait-il menacé d’être viré de Radio France ? L’humoriste a annoncé ce jeudi 2 mai sur X (Twitter) qu’il ne participerait pas aux deux prochaines émissions le Grand Dimanche soir sur France Inter «pour des raisons indépendantes de [sa] volonté». Et pour cause : le chroniqueur est convoqué par la direction de Radio France «à un entretien préalable en vue d’une éventuelle sanction disciplinaire pouvant aller jusqu’à la rupture anticipée de [son] contrat à durée déterminée pour faute grave», écrit-il.
Contacté, Radio France confirme cette mise à pied à titre conservatoire. Selon une source au sein de la radio publique, cette convocation fait suite à sa dernière chronique dans le Grand Dimanche soir. Dans celle-ci, il répétait sa désormais fameuse blague visant Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, qualifié de «sorte de nazi mais sans prépuce». «Le procureur a dit que c’était bon, cette semaine. Vous pouvez en faire des mugs, des T-shirts, c’est ma première blague autorisée par la loi française», avait-il ajouté.
En effet, il y a dix jours, les plaintes pour «provocation à la violence et à la haine antisémite» et «injures publiques à caractère antisémite» visant Guillaume Meurice avaient été classées sans suite par le parquet de Nanterre, «les infractions dénoncées ne semblant pas suffisamment caractérisées» selon le courrier de classement, que Libération avait pu consulter.
La direction des ressources humaines de Radio France l’entend d’une autre manière. Au-delà des démêlés judiciaires, cette blague avait valu à Guillaume Meurice un avertissement en interne (qu’il conteste devant les prud’hommes), et avait valu à Radio France une mise en garde de l’Arcom (l’autorité de régulation des médias audiovisuels), adressée dès le 23 novembre. L’Arcom estimait que ce sketch avait «porté atteinte au bon exercice par Radio France de ses missions et à la relation de confiance qu’elle se doit d’entretenir avec l’ensemble de ses auditeurs», selon le courrier transmis à la présidente de Radio France, Sibyle Veil.
Du point de vue de la radio publique, la répétition de cette blague porte préjudice à l’entreprise, en s’exposant à une éventuelle nouvelle sanction de l’Arcom. Guillaume Meurice, qui n’a pas répondu aux sollicitations de Libération, continue d’être rémunéré durant cette période de suspension, avant de connaître son sort. D’après son entourage, il a reçu cette convocation ce jeudi, sans connaître plus de détails sur les causes de celle-ci.
Tombereau d’insultes
Pour rappel, l’affaire avait commencé le 29 octobre. Lors de l’émission de France Inter le Grand Dimanche soir, Guillaume Meurice évoque une idée de «déguisement Nétanyahou» pour Halloween, en qualifiant le Premier ministre israélien de «sorte de nazi mais sans prépuce». La blague fait rire en studio, moins en dehors. L’humoriste reçoit un tombereau d’insultes et de menaces sur les réseaux sociaux. Le 6 novembre, Sibyle Veil, la patronne de Radio France, lui colle un avertissement. La direction ne lui reproche pas la blague, mais de ne pas avoir pris la parole après l’émotion provoquée par sa chronique.
Sur X, l’humoriste poursuit qu’on lui a désormais «intimé l’ordre de cesser toute activité professionnelle à Radio France et de ne pas [se] présenter à [son] poste de travail avant ledit entretien». Et Meurice de terminer son message : «Bon bah bisous quand même hein.»