Pourquoi l'avenir des banques va se jouer autour de l’épargne pour la retraite et la santé

Il y a quelques semaines, nous soulignions que les banques ont peu anticipé ce qui s’annonce, avec les héritages que les boomers vont transmettre à leurs cadets, comme le plus grand transfert de richesse de l’histoire. Une perspective qui remet l’épargne au cœur des activités bancaires, alors qu’elle avait plutôt eu tendance à être négligée au cours de plus d’une décennie de taux d’intérêt très faibles – quand l’épargne ne rapportait quasiment rien.

Dans le cas de la France, une récente étude – le baromètre assurances changements de vie de BPCE l’Observatoire – confirme assez spectaculairement cette perspective. Une étude “explosive” puisqu’elle amène à constater que les Français ne croient plus guère à l’État Providence.

Deux séries de chiffres sont particulièrement frappantes. La première n’est pas tout à fait nouvelle mais elle reste encore bien peu prise en compte: de plus en plus de jeunes Français épargnent désormais pour leur retraite. C’est le cas de plus d’un tiers (37%) des 18-24 ans et de près de la moitié (46%) des 25-34 ans.

Il convient de le souligner: ce sont là des réalités tout à fait nouvelles. Peu à peu et alors que les charges liées à son système de retraite par répartition n’ont pas tendance à baisser (et ne pourront le faire du fait des contraintes démographiques), les Français adoptent malgré cela peu à peu, y compris les plus jeunes, des comportements qui sont ceux de pays dont les retraites sont pour l’essentiel constituées par capitalisation.

Inquiétudes sur le système de santé

Mais il y a plus surprenant encore: les Français commencent également à s’inquiéter de leur système de santé. A notre connaissance, cela n’avait jamais été exprimé aussi clairement.

A la question de savoir quels sont les acteurs qui leur paraissent les plus efficaces pour les protéger et les aider en cas de problème de santé, les Français citent leur famille (56%) avant l’État et son système de santé (50%).

Bref, le besoin d’une épargne de long terme et de précaution est de plus en plus ressenti; comme jamais au cours des décennies précédentes. Et, bien entendu, les Français voudraient une épargne tout à la fois protégée, sûre (42%) et rentable (34% ; +2 points par rapport à 2023). Autant dire qu’un accompagnement personnalisé s’impose pour les aider à équilibrer entre ces paramètres, en fonction des perspectives et des projets de vie. Sans contourner non plus les questions de gestion fiscale (l’étude ne les aborde pas), dès lors qu’une certaine inquiétude s’installe face à l’efficacité des services publics dans un pays champion du monde des prélèvements sociaux.

Nous l’avons signalé dans ces colonnes, l’épargne et les façons de mettre de l’argent de côté sont aujourd’hui en plein bouleversement. Mais pas tellement de la part des banques. En ce domaine, ces dernières années, celles-ci se sont surtout attelées à proposer des placements environnementaux et éthiques qui, selon l’étude, intéressent… 6% des Français. Il est temps que les banques comprennent que leur responsabilité sociale leur commande de répondre à une demande de plus en plus pressante, y compris chez les plus jeunes, de sécurité financière.