Mort de Matisse: son père visé par des messages haineux pour avoir appelé à l’apaisement
Christophe Marchais affirme recevoir des messages privés depuis son appel au calme lancé après la mort de son fils, tué à l’arme blanche à Châteauroux.
Des fleurs et une photo en hommage à Matisse, tué le 27 avril, lors d’une marche blanche en sa mémoire, à Châteauroux, dans l’Indre, le 4 mai 2024
Il avait appelé au calme après la mort de son fils. Christophe Marchais, le père de Matisse, un adolescent de 15 ans tué à l’arme blanche à Châteauroux le samedi 27 avril, a affirmé auprès de France 3 Centre-Val de Loire vendredi 3 mai, veille de la marche blanche, être la cible de messages haineux depuis son appel à l’apaisement.
“Je ne m’imaginais pas. Je reçois des messages privés qui disent: ‘Votre fils s’est fait assassiner et vous demandez qu’on publie des loutres, honte à vous'”, rapporte le père de famille à nos confrères. “Il faudrait que je déclare la guerre à je ne sais qui, je ne sais quoi. On se rend compte qu’il y a un paquet d’imbéciles.”
“Ne pas partir dans la haine et la violence”
Le lundi suivant la mort de son fils, Christophe Marchais s’était exprimé au micro de RTL. Une prise de parole digne au cours de laquelle il avait appelé à “ne pas partir dans la haine et la violence.”
“Personne ne sait ce qu’il s’est passé, j’entends de tout et de rien, donc ne croyez pas ce qu’il se dit partout, attendez la fin de l’enquête, on en saura, ça avance bien déjà”, avait déclaré le père endeuillé. “Faites attention à tous les bords, de droite ou d’ailleurs, qui s’approprient ce genre de chose. On va faire les choses en mémoire de notre fils, qui était un vrai gentil, donc on va rester dans la gentillesse et puis ne pas partir dans la haine ni la violence.”
Dans le même temps, un adolescent de 15 ans, est mis en examen pour meurtre. Il est d’origine afghane, en situation régulière. Sa mère, également mise en examen, est soupçonnée d’avoir porté des coups à Matisse à terre.
La machine infernale des violences en ligne s’enclenche alors. Certains internautes déversent leur haine dans des messages, depuis supprimés par la rédaction de France 3, postés sous l’extrait vidéo de l’interview du père de Matisse diffusée sur le compte Instagram de nos confrères: “vendetta et pas de pitié”, “je le crame”.
“J’espère qu’on le retrouvera”
Sur Facebook, le nom du suspect, ceux de ses parents et leurs adresses sont dévoilés, rapporte France 3 Centre-Val de Loire. La droite et l’extrême droite mettent en cause “la politique migratoire” après la mort de l’adolescent.
La machine s’emballe. Christophe Marchais est lui aussi la cible de commentaires haineux. Un internaute rédige un avis en faisant référence à la mort du jeune Matisse sur la page Google Maps du restaurant de son père, détaille France 3 Centre-Val de Loire. “Des choses innommables… Tout a été retiré, j’espère qu’on le retrouvera”, explique Christophe Marchais.
Le samedi 4 mai, une marche blanche en hommage à Matisse a été organisée à Châteauroux. Environ 8.000 personnes ont participé à ce rassemblement selon le préfet de l’Indre.
La veille un groupuscule d’ultra droite avait déployé des banderoles devant la mairie: “Justice pour Matisse”, “Français réveille-toi”. Une opération “très rapide”, selon le préfet. “Ils étaient une dizaine. Ils ont déroulé leur banderoles et sont repartis.” L’action avait été revendiquée par le groupuscule “Animus Fortis” sur son compte X.