« Mme la ministre, les élèves en situation de handicap comme moi ne sont pas des perturbateurs »
«Ã‚ Mme la ministre, les élèves en situation de handicap comme moi ne sont pas des perturbateurs »
«Â Un élève perturbateur, il peut être perturbateur parce qu’il est en difficulté physique ou parce qu’il y a un handicap. » Voilà la première réponse que Nicole Belloubet, ministre de l’Education nationale, a prononcée avec la plus grande indifférence, lors de son interview dans l’émission « Télématin » sur France 2, le 22 avril, à propos des nouvelles mesures proposées pour encadrer les « élèves perturbateurs ».
De tels propos diffamatoires associant le handicap et les « élèves perturbateurs » suggèrent par un amalgame inacceptable que les élèves en situation de handicap perturbent le bon déroulement des cours dans les établissements publics.
Propos « diffamatoires » car complètement faux.
Je suis élève de terminale scientifique dans un lycée à Paris et je suis en situation de handicap lourd, « en difficulté physique » comme le dit si bien Mme Belloubet. J’ai la chance de pouvoir étudier dans un des rares établissements parisiens accessibles aux personnes en situation de handicap.
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J’ai aussi la chance d’être accompagné pour suivre mes cours par des AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) et non pas des « assistants d’éducation au handicap » cités par Mme Belloubet, qui n’existent tout simplement pas mais évoquant peut-être des AED (surveillants), qui remplissent une fonction totalement différente.
J’ai aussi eu la chance de faire partie de la classe Ulis (unité localisée pour l’inclusion scolaire) au collège, de ma 6e à ma 3e, qui m’a permis de suivre mes études sans perturber visiblement ni le programme, ni les élèves, ni les professeurs. J’ai toujours eu la chance de rencontrer d’autres élèves possédant tout type de handicap (car oui, il n’y a pas que des handicaps physiques) tous les jours dans la cité scolaire et je peux vous assurer que ce ne sont pas eux, les « élèves perturbateurs ».
Oui, Mme la ministre, je peux vous l’affirmer, ils ne sont pas perturbateurs, à moins que la différence vous perturbe ou vous gêne. Parce que les vrais perturbateurs, ce sont ceux qui n’acceptent pas la différence, qui continuent aujourd’hui comme vous de faire culpabiliser des gens qui n’ont pas choisi d’être en situation de handicap.
J’incite tous les lecteurs de cette lettre à en parler autour d’eux et à dénoncer ces propos qui sont une preuve de mépris et une insulte à toute personne en situation de handicap. L’impunité de ces comportements ne peut plus durer.
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Où est le ministère des Solidarités ? Si l’altérité perturbe, que dire de la diversité, par sa richesse, qui fait la France ? En disant cela, Mme Belloubet, vous stigmatisez 3 % des élèves scolarisés dans les établissements dits ordinaires en considérant que le handicap perturbe l’enseignement scolaire. Vous parlez de choses que vous devriez connaître mais que vous semblez ignorer. Je souhaite exprimer ici mon soutien à tous les élèves de France en situation de handicap qui ont pu être choqués par vos propos, à toutes les personnes en situation de handicap en France et enfin à ceux qui les aident jour et nuit.
Rubens, délégué de classe et membre de l’association des élèves lycéens.
PS : je suis à votre entière disposition pour vous fournir l’ensemble de mes bulletins scolaires de la 6e à la terminale avec toutes les appréciations, et vous pourrez ainsi constater si je suis un « élève perturbateur » car « en difficulté physique ou parce qu’il y a un handicap ».