Lyon : 150 personnes, dont « près de la moitié sont des enfants », évacuées d’un gymnase
De plus en plus de femmes survivent à la rue avec des enfants en bas âge. LP/Yann Foreix
Environ 170 personnes, dont « près de la moitié sont des enfants », se sont installées vendredi en fin de journée dans un gymnase municipal de Lyon (Rhône), rue professeur Paul Sisley (VIIIe), dans l’idée d’y rester le temps que les autorités trouvent des solutions pour les héberger. « On a passé l’hiver dehors et ça fait une semaine qu’on dort sous la pluie. On n’en peut plus », a expliqué le collectif Solidarité entre Femmes à la rue dans un communiqué. « On sait que le gymnase c’est pas durable, on sait que ça empêche des activités, mais on a besoin d’hébergement », a ajouté une porte-parole à l’AFP. Certaines dorment dans le secteur de Jean-Macé, d’autres, dans des écoles, grâce à la mobilisation d’un groupe d’enseignants et de parents impliqués de longue date, Jamais sans Toit.
« À la demande de la mairie », des policiers municipaux et nationaux ont immédiatement été dépêchés sur place pour « demander » àces quelque 150 personnes « de quitter les lieux », a indiqué pour sa part la préfecture. L’évacuation était terminée peu après 23 heures.
Les mères espéraient pourtant rester à l’abri pour la nuit, après, selon Rue89Lyon, que l’élue municipale Sandrine Runel (PS), adjointe au maire de Lyon en charge des Solidarité et de l’inclusion sociale, avait donné son accord pour un temps d’échange « demain matin ». Mais dans l’heure qui suivait, les occupants et leurs enfants, pour beaucoup des bébés en bas âge, devaient quitter les lieux, sans solution pour la nuit.
Avant de s’installer dans le gymnase, le groupe avait manifesté devant la Métropole de Lyon pour demander « des actions concrètes » « face au manque d’hébergements et de logements ». « Moi, ça fait quatre mois que je suis dehors. On dort à (la gare de) Perrache, par-ci par-là. Parfois on nous vole nos habits là où on dort », a confié à l’AFP Jeanne, 46 ans, présente dans l’assemblée. « J’ai fait un Dalo (NDLR : procédure qui accorde un droit à l’hébergement), j’ai une assistante sociale à la métropole, une assistante sociale à la ville, une assistante sociale avec le collège de mon fils, et je suis dans deux associations. Mais c’est toujours la même réponse : ici il y a beaucoup de monde et il y a pas de place », a ajouté sous couvert d’anonymat une mère de 39 ans, accompagnée de ses deux enfants de 12 ans et 15 ans.
Contestant la décision du maire de les faire évacuer, le collectif annonce un rassemblement solidaire ce samedi à 10 heures, devant l’hôtel de ville.
De plus en plus de femmes vivent dans les rues des villes de France. En 2022, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), estimait qu’au moins 6 000 familles et 2 000 enfants étaient sans abri dans l’Hexagone, et survivaient sous des tentes, dans des garages, des escaliers, dans des conditions terribles d’insécurité.