L’humoriste Guillaume Meurice convoqué à un entretien préalable au licenciement par Radio France
Dans l’attente de cet entretien, l’humoriste est suspendu de l’antenne. Dans sa chronique de dimanche, il a réitéré les propos sur Benyamin Nétanyahou qui avaient suscité les critiques d’une partie du public au début de la saison sur France Inter.
Guillaume Meurice, à Paris, le 13 mars 2024.
L’humoriste de France Inter a rendu la nouvelle publique avant même que la presse ne s’en empare. Dans un message intitulé « A propos de liberté d’expression… », accompagné d’une émoticône clownesque, publié sur X, jeudi 2 mai en fin d’après-midi, Guillaume Meurice a annoncé qu’il était « convoqué à un entretien préalable » par Radio France, « en vue d’une éventuelle sanction disciplinaire pouvant aller jusqu’à la rupture anticipée de [son] contrat à durée déterminée pour faute grave ».
«Ð’ Pour des raisons indГ©pendantes de ma volontГ©, je ne participerai pas aux deux prochaines Г©missions “Le Grand Dimanche soir” », Г©crit-il sur le rГ©seau social. « Il m’est intimГ© l’ordre de cesser toute activitГ© professionnelle Г Radio France et de ne pas me prГ©senter Г mon poste de travail avant ledit entretienВ В», ajoute-t-il, concluant « Hasta la rigolade siempreÐ’Â !В В» Dans l’attente de cet entretien, M.Ð’Â Meurice est suspendu de l’antenne sous forme de mise Г pied conservatoire.
Dans sa chronique du dimanche 28 avril, Guillaume Meurice a réitéré les propos qui avaient suscité les critiques d’une partie du public au début de la saison sur France Inter. « Si je dis : Nétanyahou, c’est une sorte de nazi, mais sans prépuce, c’est bon, le procureur l’a dit cette semaine. Allez-y, faites-en des mugs, des tee-shirts, c’est ma première blague autorisée par la loi française », a-t-il ri, sous les applaudissements du public.
Un tollé chez certains auditeurs
Quelques jours plus tôt, le parquet de Nanterre avait prononcé le classement sans suite, jeudi 18 avril, de la plainte visant l’humoriste pour « provocation à la violence et à la haine antisémite » et « injures publiques à caractère antisémite ». « Les deux infractions visées par la plainte n’apparaissent pas caractérisées », avait précisé le ministère public, interrogé par Le Monde, lundi 22 avril.
La plainte visant Guillaume Meurice après son sketch sur Benyamin Nétanyahou classée sans suite
La plainte avait été déposée le 6 novembre 2023 par « l’Organisation juive européenne [et avait] donné lieu à une enquête préliminaire dirigée par le parquet de Nanterre et confiée à la BRDP [brigade de répression de la délinquance contre la personne] » après que Guillaume Meurice, dimanche 29 octobre, s’était lancé dans un inventaire des « déguisements pour faire peur » à l’approche d’Halloween. « Alors, en ce moment, il y a le déguisement Nétanyahou, qui marche pas mal pour faire peur, avait-il dit. Vous voyez qui c’est ? Une sorte de nazi, mais sans prépuce. »
La phrase avait suscité un tollé chez certains auditeurs, jusqu’à pousser Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, à s’exprimer après avoir reçu plusieurs centaines de courriels. Elle avait alors condamné les menaces de mort « qui sont inacceptables et pénalement répréhensibles » dont l’humoriste était la cible.
La société française dans l’engrenage du conflit au Proche-Orient
M. Meurice avait été convoqué par Sibyle Veil, la PDG de Radio France, qui l’avait notifié d’un « avertissement », Mme Veil assurant dans un entretien à La Tribune Dimanche ne pas avoir souhaité le licencier, pour « ne pas envoyer un signal que certains se seraient empressés d’instrumentaliser ». L’humoriste, estimant ne pas avoir « commis de faute et [n’avoir] fait que [s]on métier », avait annoncé qu’il contesterait cet avertissement en justice.
L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), de son côté, saisie à la fin d’octobre, avait adressé une mise en garde à la radio publique. Le régulateur avait estimé que la blague de Guillaume Meurice avait « porté atteinte au bon exercice par Radio France de ses missions et à la relation de confiance qu’elle se doit d’entretenir avec l’ensemble de ses auditeurs » et avait appelé à « la plus grande vigilance au regard de la situation particulièrement sensible liée au conflit au Proche-Orient ». Contacté, Guillaume Meurice n’avait pas répondu à nos sollicitations, jeudi en fin d’après-midi.
Adèle Van Reeth fait entendre sa différence à France Inter