Le long pont de mai est-il vraiment un cauchemar pour l’activité économique ?
Des promeneurs au Cap Fréhel (Côtes-d’Armor)
Deux jours fériés à suivre, plus un jour sans école. L’activité tourne au ralenti cette semaine. Faut-il s’inquiéter pour la production de richesses, déjà atone ? On démêle le vrai du faux.
La croissance économique est en berne cette année, et voilà que l’activité est presque à l’arrêt cette semaine avec le long pont de mai. Cela peut-il aggraver la situation? On vous explique.
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Ce mois de mai est particulier
Vrai
Il n’est pas fréquent que le jour férié du 8 mai (la Victoire de 1945) et celui de l’Ascension se suivent d’un jour à l’autre dans le calendrier. C’est le cas cette année. Si l’on y ajoute l’absence d’école vendredi, on obtient un long pont, à condition de pouvoir poser une RTT.
Bref, les chanceux ont une belle coupure devant eux. Mais cette pause est-elle bonne pour l’économie, sachant que la croissance est en berne cette année (à peine 1 % selon l’État, voire 0,5 % selon l’OFCE, un centre de recherches de Sciences Po) ?
Un jour ouvré chômé n’a aucun effet sur l’activité
Faux
Ce mois de mai compte, comme l’an dernier, quatre jours « ouvrés » (compris entre le lundi et le vendredi) chômés. « Chacun représente une perte d’environ 0,06 point de Pib (Produit intérieur brut), selon l’Insee », indique Mathieu Plane, économiste à l’OFCE. Soit sept milliards d’euros sur un total de quelque 2 930 milliards de richesse produite. « L’effet existe mais il est très faible », confirme Sylvain Bersinger, économiste chez Asterès. Sans compter les disparités.
«Â C’est une période intense pour l’hôtellerie, la restauration, les transports, note Mathieu Plane. C’est plus compliqué pour l’industrie ou le BTP, qui doivent gérer les effectifs pour maintenir l’activité. Néanmoins, il n’y a pas d’effet de surprise. Ce n’est pas comme un événement extérieur, une grève par exemple, qui bloquerait l’activité. »
Côté ressources humaines, « il y a trois mots clés : l’anticipation, l’adaptation et l’équité, renchérit Catherine Daneyrole, consultante du cabinet de conseil RH Topics. On peut toujours refuser des RTT, mais il faut le faire de façon équitable. L’important est de le savoir à l’avance. »
Les patrons sont remontés contre les ponts
Faux
«Â Je n’entends pas d’agacement à ce sujet, déclare Eric Chevée, de la Confédération des PME. Car c’est un peu traditionnel. Même si là , c’est très concentré sur le début du mois. Cela nous fait les quinze premiers jours en vrac, suivis d’une seconde partie plus stable. Avec onze jours fériés, on est dans la moyenne européenne. »
De son côté, le Medef, qui n’a pas répondu à nos sollicitations, a milité par le passé pour la suppression de deux jours fériés. Mais ça fait deux ans qu’il n’est plus revenu à la charge.
Les ponts de mai vont plomber la croissance
Faux
La croissance d’une année sur l’autre dépend notamment du nombre de jours ouvrés. Et contrairement aux apparences, ils sont plus nombreux en 2024 qu’en 2023.
«Â Selon les années, le nombre de jours ouvrés oscille entre 251 et 254, indique Mathieu Plane. En 2024, on est à 252, contre 251 l’an dernier. » Autrement dit, le calendrier n’aura pas un effet défavorable sur la production de richesses. La croissance est molle pour d’autres raisons.