La France, la bombe, l'Europe et autres plaisanteries

la france, la bombe, l'europe et autres plaisanteries

« Un nouveau continuum de prévention conventionnelle et de dissuasion nucléaire doit être rapidement mis en place dans le cadre de l’OTAN, fondé sur les capacités, la géographie et les avantages comparatifs de chaque État membre » (Le groupe Mars)

Les idées présentées au cours d’une campagne électorale n’ont plus vocation à être mises en œuvre. Cela participe du folklore politique. A notre époque, ce n’est que de la communication, soit pour se démarquer de l’adversaire, soit pour le mettre en difficulté. Une fois que l’on a compris cela, il n’y a pas lieu de s’offusquer de ces propos, qui faisaient autrefois tout le charme des banquets républicains et de leur chaleur communicative. De nos jours, faute de chaleur, ce sont des idées que l’on essaie de communiquer, mais c’est tout aussi éphémère.

Aujourd’hui, la dissuasion nucléaire est à la mode, elle n’échappe donc pas au processus de démonétisation de la parole publique. Récemment encore, on faisait la guerre à n’importe quoi, et on voulait réarmer tout et son contraire. Aujourd’hui, on se pique d’ambiguïté stratégique, car ça fait chic et entendu : chut ! on évoque la fin du monde à demi-mot…

De l’utopie à la dystopie

Tout cela n’est évidemment qu’une sinistre plaisanterie. Si l’on se croyait vraiment en guerre, on mettrait en œuvre une vraie économie de guerre au lieu d’en jouer la comédie. Comment partager l’inquiétude feinte des batteurs d’estrade qui n’ont que le mot de guerre à la bouche, quand la priorité de l’exécutif (on n’ose plus dire de la majorité) est de se battre contre le déficit budgétaire ? Comment croire à l’économie de guerre quand on annule dix milliards de crédits par décret, alors qu’il faudrait décréter la mobilisation de l’industrie à grands coups de crédits publics ? Comment se fier au discernement de dirigeants qui, au lieu de faire face aux responsabilités nationales pour lesquelles ils ont été élus, pratiquent la fuite en avant vers un état final recherché dans l’idéal fédéral européen, utopie du XIXe siècle devenue dystopie du XXIe ?

Consternée par tant d’incohérence, qui confine à l’irresponsable si le risque de guerre est réel, l’opinion publique se réfugie, comme toujours, dans une abstention massive et un vote de colère tout aussi massif. Au résultat, moins d’un électeur sondé sur douze dit vouloir soutenir la liste unique des partis présents au gouvernement. On ne peut ni s’en réjouir, ni s’y résoudre.

Une guerre de civilisation

Alors, que proposer d’un peu plus sérieux et responsable ? Fidèle à sa ligne, qui s’apparente de plus en plus à une étroite ligne de crête entre le précipice fédéraliste et le ravin nationaliste, le groupe Mars propose de poursuivre la réflexion lancée lors d’une précédente chronique (1) sur le partage nucléaire en Europe face à une menace russe dont nul ne conteste plus la réalité et la gravité. Contrairement à beaucoup de commentateurs, nous ne savons pas quelles sont les intentions du Kremlin lorsque sa soi-disant « opération spéciale » en Ukraine prendra fin. Emportée par l’hubris de la victoire ou l’amertume de la défaite, le régime russe cherchera-t-il d’autres victimes à sacrifier pour garantir sa pérennité ? A vrai dire, personne ne le sait, et sans doute pas même le principal intéressé derrière les murs rouges du Kremlin.

Ce qui est sûr en revanche, c’est que le monde a changé. La domination occidentale n’est plus seulement contestée, elle est prise pour cible en vue de l’anéantissement des valeurs qui la sous-tendent. Si guerre il y a, c’est, au-delà même du conflit idéologique qui caractérisait la guerre froide, une guerre de civilisation. On peut considérer, à l’instar du cirque politico-médiatique, qu’il y a d’un côté les gentils, de l’autre les méchants, ou bien le camp du bien et celui du mal. On peut aussi, plus rationnellement, réaliser que les valeurs occidentales ne sont plus guère considérées comme universelles que dans l’aire de civilisation représenté, schématiquement, par l’OCDE.

Vingt ans d’aventurisme occidental en Irak et en Libye, d’hypocrisie politique au Kosovo et de « deux poids, deux mesures » au Proche-Orient, de déroutes militaro-politiques en Afghanistan et au Sahel, sans oublier des avancées sociétales pour le moins incomprises ailleurs, ont largement concouru à décrédibiliser la « bonne nouvelle » démocratique que l’armée américaine a vainement tenté d’imposer par la force. L’heure de la vengeance a sonné. Que nous le voulions ou non, les valeurs occidentales sont désormais prises pour cible non seulement par la nébuleuse terroriste, mais aussi désormais par de nombreux États dans le monde, qui regroupent une part, sinon majoritaire, du moins significativement plus peuplée que l’aire de la civilisation occidentale, même élargie à l’OCDE.

Que nous le voulions ou non, il faut admettre qu’une partie de la population mondiale, peut-être majoritaire, nous déteste et rejette ce que nous représentons. Ce n’est certes pas vraiment nouveau. La nouveauté, c’est que ces peuples devenus hostiles voient dans la Russie aujourd’hui, la Chine demain, voire l’Iran nucléaire après-demain, un champion désormais capable de défier et de défaire cet Occident honni, et pourquoi pas de le détruire.

« C’est qui l’Union européenne »

Face à une menace d’une telle gravité, la question n’est plus de savoir si le droit international a été respecté en Crimée et dans le Donbass. Bien-sûr que la Russie se comporte en État voyou. La nouveauté, c’est que le monde non occidental n’en a cure. Et pire : il applaudit et en redemande. Alors, combien de temps va-t-on se cacher la tête dans le sable et faire assaut de plaisanteries alors que la menace est mortelle ? Mortelle, non pour l’UE, tout le monde s’en f… C’est bien triste pour la technocratie bruxelloise, mais on s’en remettra. Mais mortelle pour les valeurs sur lesquelles la civilisation occidentale s’est bâtie depuis, disons, deux ou trois cents ans.

La vraie question n’est donc pas de savoir si Poutine coupera demain le corridor de Suwalski. Elle est de savoir si la civilisation occidentale mérite d’être défendue par les armes, ou pas. La réponse de l’exécutif français est claire : la priorité d’aujourd’hui est de lutter contre le déficit, et celle de demain de transférer à Bruxelles de nouvelles compétences régaliennes.

Comment donc défendre notre civilisation si le protecteur américain est trop affairé en Asie pour protéger l’Europe ? « Europe puissance » et « souveraineté européenne » ne sont que des slogans creux qui ne recouvrent que des oxymores. Car l’Europe est déjà une puissance commerciale, point final. Cela suffit à ceux qui en profitent, Allemands et Néerlandais en tête. Pourquoi gaspiller son énergie dans un coûteux projet stratégique ?

Quant à la souveraineté européenne, elle n’existe plus depuis 1648. En affirmant une souveraineté revendiquée depuis 350 ans contre l’Empire, le royaume de France, allié à la Suède protestante, fait alors de son exception la nouvelle règle du « droit des gens ». Franchement, qui a envie de reconstituer un épigone des trois Reich, ces ectoplasmes de sinistre mémoire chers aux idéologues nazis qui voyaient dans les traités de Westphalie la cause du malheur allemand ?

La solution n’est donc pas pour la France, État doté de la dissuasion nucléaire, de transférer à l’UE ses codes atomiques. D’ailleurs, c’est qui, l’UE ? Le président de la Commission, celui du Conseil européen ou le chef du gouvernement qui préside l’UE et change chaque semestre ? Ou bien les trois ensemble ? Mais non, vous n’avez rien compris, l’UE, c’est le futur président de l’Europe fédérale, élu au suffrage universel et chef des armées européenne. LOL

Renforcer les capacités de la dissuasion nucléaire

La crédibilité de la dissuasion procède d’intangibles certitudes politiques, techniques et opérationnelles, et d’une seule ambiguïté. N’y a-t-il donc rien à partager de la part de la France que le général de Gaulle nous a laissé en héritage ? Si, bien-sûr : le périmètre de nos intérêts vitaux. C’est bien le seul point pour lequel l’ambiguïté est souhaitable. Pour le reste, rien ne doit être ambigu : la performance des armes et des vecteurs, l’entrainement des équipages et de la chaîne de commandement, la robustesse des réseaux de transmission, la clarté de la doctrine d’emploi, et par-dessus tout, la crédibilité de la volonté du chef des armées de faire usage de la dissuasion. Alors, évidemment, à force de passer pour un aimable plaisantin, cela n’aide pas.

Mais que signifierait élargir aux frontières de l’Europe le périmètre de nos intérêts vitaux ? C’est très exactement ce que dit l’Écriture : quand elle proclame « élargis l’espace de ta tente », elle ajoute aussitôt « Allonge tes cordages, Et affermis tes pieux ». Cette image immémoriale empruntée à la sagesse de nomades orientaux sédentarisés de la fin de l’âge du bronze nous parle encore aujourd’hui, même si, sous nos latitudes, il est davantage question de parapluie. Elle est pourtant beaucoup plus juste et porteuse de sens. On n’ouvre en effet un parapluie que quand il pleut, alors que la tente peut être plantée pour longtemps, surtout après en avoir élargi l’espace.

Telle est la sagesse à laquelle la France devrait se référer plutôt que d’envisager de transférer ses responsabilités et ses capacités à une entité sans consistance ni mémoire. Cela suppose, avant d’inviter de nouveaux hôtes à jouir de la protection de notre « tente », d’en « allonger les cordages » et « raffermir les pieux », autrement dit de renforcer les capacités de la dissuasion nucléaire française. Alors, quand cela aura été fait, les hôtes viendront d’eux-mêmes solliciter l’hospitalité. Surtout si le puissant chef « oncle Sam » de la tribu voisine a subitement levé le camp pour planter ailleurs sa vaste tente. Ce faisant, les invités auront à cœur d’apporter des présents, chacun à la mesure de ses moyens. Ce sera leur contribution à la défense commune. Mais la tente de la France restera la tente de la France.

Repenser la défense de l’Europe

Et vous savez quoi ? Pas besoin de réinventer l’eau tiède, cela existe déjà, c’est l’OTAN. Tiède, car l’alliance atlantique n’est aujourd’hui qu’une alliance militaire dotée de capacités de planification et reposant sur la confiance réciproque entre ses nations (notamment pour la mise en œuvre de l’article V, dont la rédaction permet toutes les interprétations), et non un réel système de défense commune.

Dans la perspective du désengagement américain, il est temps de repenser la défense de l’Europe dans ce cadre. Concrètement. Sans se laisser abuser par les idées creuses. « L’autonomie stratégique » doit devenir une réalité, et non plus un slogan. Elle ne se fera pas de zéro : faire table rase de 75 ans d’alliance atlantique est une utopie. C’est au contraire dans ce cadre qu’il convient de construire un système de défense apte à protéger l’Europe et ses valeurs, à partir des capacités militaires existantes, des spécificités politiques et géographiques, et des moyens financiers et humains de chaque pays membre.

La France fournira à cette alliance renouvelée la doctrine et la capacité de frappe atomique en second, c’est-à-dire la garantie de destructions intolérables pour tout éventuel agresseur. Mais puisque la dissuasion est un continuum, et non un pari binaire, elle a besoin de « l’épaulement stratégique » que ses propres forces conventionnelles et surtout celles de ses alliés lui fourniront, sur le modèle de la guerre froide, avec un corps de bataille blindé-mécanisé constitué de divisions interarmes pré-affectées, équipées et entraînées à faire face à une agression sous le seuil nucléaire ou préalable à la mise en œuvre de la dissuasion.

Maastricht a désarmé l’Europe

A vrai dire, cette évolution est assez simple à mettre en œuvre, ce n’est qu’une question de moyens. Cela suppose évidemment de secouer le joug de Maastricht et du pacte de stabilité qui a désarmé l’Europe depuis trente ans. On devrait pouvoir garder le marché unique et la monnaie commune sans s’empêcher d’investir dans la défense. C’est donc aussi une question de volonté politique, consistant à placer les priorités face aux vraies menaces.

La difficulté serait cependant de l’ordre de la doctrine et du concept d’emploi. Que faire des capacités nucléaires tactiques dont disposent une demi-douzaine de pays membres de l’OTAN selon le principe de la double clé ? Même si le général de Gaulle ne croyait pas que les Américains pourraient « sacrifier Boston pour les beaux yeux des Hambourgeoises » (2), il est impossible à ce jour de préjuger des intentions américaines à ce sujet. Assumeront-ils le risque majeur, pour leur propre sécurité, de laisser leurs bombes atomiques tactiques B61-12 en Europe tout en se désengageant, sachant qu’ils n’ont pas besoin de cette arme par ailleurs puisqu’elle est spécifique à l’OTAN et ne participe pas à la dissuasion américaine ?

Si c’est le cas, il risque d’y avoir un hiatus entre les plans nucléaires de l’OTAN, qui prévoient la possibilité d’une utilisation tactique de l’arme atomique sur le champ de bataille (y compris en premier), et la doctrine française, beaucoup plus réaliste et crédible, qui refuse la perspective d’une bataille atomique et n’envisage d’utiliser ses missiles « tactiques » qu’en tant qu’ultime avertissement, avant d’engager des frappes massives sur les centres vitaux de l’agresseur. Poser la question, c’est déjà y répondre. Mais c’est encore inaudible pour les six pays européens concernés.

Résumons-nous :

Les nations et les valeurs européennes sont désormais menacées de destruction, de manière directe et assumée de la part d’adversaires étatiques potentiels qui exploiteront systématiquement leurs moindres faiblesses. Face à la perspective d’un désengagement américain, les Européens doivent sans délai repenser leur défense collective dans le cadre de l’OTAN. Dans ce nouveau contexte stratégique, la France ne peut faire cavalier seul, ni se décharger de ses responsabilités historiques et géographiques ; ses intérêts vitaux seront nécessairement élargis à la dimension des frontières de l’OTAN ; la France n’a pour autant pas les moyens de remplacer seule l’engagement américain. Un nouveau continuum de prévention conventionnelle et de dissuasion nucléaire doit être rapidement mis en place dans le cadre de l’OTAN, fondé sur les capacités, la géographie et les avantages comparatifs de chaque État membre ; l’épaulement stratégique de la dissuasion nucléaire française sera essentiellement fournie par les alliés, les forces conventionnelles françaises étant plutôt orientées vers la défense de nos intérêts vitaux hors périmètre de compétence de l’OTAN, notamment dans la vaste zone indopacifique. Le mélange des concepts (américains) recouvrant systèmes défensifs, forces déployées préventivement et dissuasion nucléaire augmente le risque de franchissement du seuil nucléaire par confusion stratégique et remise en cause de la certitude de destructions majeures ; une alliance atlantique renouvelée placée sous la « tente » nucléaire franco-britannique devra en revenir à un concept d’emploi simple, lisible et efficace comme l’est la doctrine nucléaire française. La relation spéciale franco-britannique sera renforcée dans cette nouvelle perspective, compte tenu de la capacité nucléaire servie par la Royal Navy ; cela fait d’ailleurs presque trente ans que les deux puissances européennes reconnaissent l’existence d’intérêts vitaux communs. Tout cela demande de faire des choix politiques lourds de conséquences dans l’attribution des moyens budgétaires, et en tout premier lieu, de ne plus subir la contrainte imposée par les règles budgétaires de l’UE ; l’UE doit rester à sa place, qui est celle de concourir à la prospérité des Européens, sans porter atteinte à leur sécurité.

Tels sont les enjeux que l’on aimerait voir débattre dans la campagne électorale en cours, censée s’intéresser à l’avenir de l’Europe. Nous en sommes loin. Très loin. Et c’est préoccupant.

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(1) https://www.latribune.fr/opinions/l-economie-de-guerre-une-comedie-francaise-994854.html

(2) Cf. l’une de nos précédentes chroniques publiée en 2020 : https://www.latribune.fr/opinions/en-renforcant-sa-puissance-militaire-la-france-reequilibre-la-construction-europeenne-10-10-849392.html

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* Le groupe Mars, constitué d’une trentaine de personnalités françaises issues d’horizons différents, des secteurs public et privé et du monde universitaire, se mobilise pour produire des analyses relatives aux enjeux concernant les intérêts stratégiques relatifs à l’industrie de défense et de sécurité et les choix technologiques et industriels qui sont à la base de la souveraineté de la France.

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