Inondations au Brésil : victimes, opérations de sauvetage… Ce que l’on sait
Inondations au Brésil : victimes, opérations de sauvetage… Ce que l’on sait
Au moins 107 personnes tuées, 754 blessées et 134 portées disparues. C’est le terrible bilan, provisoire, causé par des inondations provoquées par les pluies diluviennes qui frappent le sud du Brésil depuis plusieurs jours, selon le bilan de la Défense civile publié jeudi soir. Et de nouvelles pluies sont attendues ce vendredi 10 mai. Le gouvernement brésilien, qui associe ces intempéries au changement climatique, a annoncé que l’équivalent de 9 milliards d’euros serait investi dans la reconstruction.
• Les opérations de sauvetage toujours en cours
Environ 1,7 million de personnes ont été affectées par les intempéries et les inondations dans le sud du Brésil. Plus de 327 000 d’entre elles ont dû être évacuées par les autorités. Les équipes de secours sont toujours mobilisées pour sauver les habitants piégés par des eaux qui ne redescendent pas, où ceux réticents à quitter leur maison par crainte de pillages.
Les secouristes se mobilisent aussi pour sauver les animaux, comme ce cheval que les médias locaux ont montré sur le toit d’une maison submergée, à Canoas, en banlieue de Porto Alegre, et secouru à l’aide de canots gonflables. Baptisé Caramelo par les habitants, son sauvetage est devenu viral sur les réseaux sociaux, et pas seulement au Brésil. « Caramelo a été sauvé ! », a exulté sur X la Première dame Rosangela da Silva, dite « Janja ».
Twitter – Janja Lula Silva on Twitter / X
Autre tâche gigantesque pour les autorités locales, le renforcement de la logistique afin d’accélérer la distribution de biens de première nécessité aux sinistrés. « L’accent est toujours mis sur les sauvetages […] mais nous travaillons très intensément sur l’acheminement de l’aide humanitaire », a dit Sabrina Ribas, porte-parole de la Défense civile. Des efforts qui devraient être entravés « dans une certaine mesure » dans les prochains jours compte tenu de « fortes pluies » à partir de vendredi.
• 9 milliards d’euros pour l’Etat du Rio Grande do Sul
Les inondations provoquées par les intempéries ont touché la capitale de l’Etat du Rio Grande do Sul, Porto Alegre, et son 1,4 million d’habitants. Plus de 400 localités de la région ont également été impactées. Au total, ce sont quelque 60 000 maisons qui ont été endommagées ou détruites par la catastrophe naturelle. Des images de l’aéroport de Porto Alegre submergé par les eaux ont fait le tour des réseaux sociaux.
Twitter – AccuWeather on Twitter / X
Le chef de l’Etat Luiz Inacio Lula da Silva a présidé une réunion à Brasilia pour évoquer les réponses à la tragédie. Le gouvernement fédéral a décidé d’injecter des « ressources de l’ordre de 50 milliards de réais [environ 9 milliards d’euros] dans le Rio Grande do Sul », a annoncé le ministre des Finances Fernando Haddad.
Les mesures arrêtées accordent la priorité à l’octroi de prêts pour aider travailleurs, entreprises et municipalités touchés. La Banque interaméricaine de Développement (BID) allouera, elle, environ un milliard d’euros de ressources « pour la protection de l’emploi, le soutien aux entreprises et les projets de reconstruction des infrastructures », a annoncé le président brésilien de l’institution, Ilan Goldfajn.
• Le secteur agricole touché de plein fouet
Champs et machines sous les eaux, routes coupées, élevages et entrepôts inaccessibles… Les pluies torrentielles vont coûter cher au secteur agricole, moteur de l’économie locale et nationale, déjà éprouvé par des événements climatiques extrêmes.
Géant agricole, le Brésil a notamment assis sa puissance sur le soja, dont il est premier producteur et exportateur mondial. Or, le Rio Grande do Sul est l’une des grandes régions brésiliennes productrices de cet oléagineux essentiel à l’élevage. L’Etat tablait cette année sur une récolte record supérieure à 22 millions de tonnes.
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«Â Un quart des champs de soja restaient à récolter », a déclaré à l’AFP Luiz Fernando Gutierrez, analyste au cabinet Safras e Mercado. « Une partie des cultures va pourrir et être perdue, l’autre aura des rendements plus faibles que prévu », prévient-il, rappelant que « des zones de stockage ont aussi probablement été affectées ».
Incontournable dans l’assiette des Brésiliens, le riz inquiète aussi. Le Rio Grande do Sul en est de loin la première région productrice du pays, avec 6,9 millions de tonnes produites l’an dernier. Pour parer tout manque et empêcher la spéculation, Brasilia a d’ores et déjà annoncé l’importation de riz étranger.
• La désinformation complique l’aide aux sinistrés
Les équipes de secours doivent faire face aux infox qui pullulent, principalement sur les réseaux sociaux. Experts, secouristes et simples bénévoles mettent en garde contre l’impact que peuvent avoir ces informations erronées.
Dans une série d’audios devenus viraux, une femme assure qu’un secouriste vient d’être tué, qu’« il y a beaucoup de coups de feu » et que « trois véhicules des forces armées sont arrivés ». Elle demande à ceux qui voudraient venir aider de ne pas le faire : « Moi-même j’essaie de m’enfuir d’ici », dit-elle. L’AFP n’a trouvé aucun rapport officiel ni article de presse faisant état de secouristes abattus.
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Raquel Recuero, coordinatrice du laboratoire de recherche sur les médias de l’université fédérale de Pelotas, dans l’Etat de Rio Grande do Sul, évoque une campagne de « désinformation » qui vise à discréditer les autorités en charge de la gestion de la catastrophe, en se basant sur des pseudo-données
Le gouvernement a condamné « les récits faux et criminels liés aux inondations », soulignant leur « impact » sur la « crédibilité » d’institutions telles que l’armée et l’aviation, « essentielles dans la gestion de l’urgence ». L’exécutif a demandé à la police fédérale d’ouvrir une enquête sur les « crimes possibles » liés à la diffusion de ces fausses informations.