Inde : achat de pétrole russe en hausse, vers un retournement ?
En avril dernier, l’Inde a importé plus de pétrole russe et moins de pétrole irakien et saoudien qu’un mois auparavant. C’est ce qu’indiquent en effet les données préliminaires des agences de suivi des flux commerciaux Kpler et LSEG.
Inde : achat de pétrole russe en hausse, vers un retournement ?
En avril dernier, l’Inde a importé plus de pétrole russe et moins de pétrole irakien et saoudien qu’un mois auparavant. C’est ce qu’indiquent en effet les données préliminaires des agences de suivi des flux commerciaux Kpler et LSEG.
Les raffineurs indiens très friands de pétrole russe
Pour rappel, les raffineurs indiens se sont tournés en masse vers le pétrole russe depuis que l’invasion de l’Ukraine par Moscou en février 2022 a incité l’Occident à freiner sévèrement ce genre de pratiques et à imposer des sanctions contre la Russie. Objectif des Occidentaux : éviter autant que faire se peut que la manne pétrolière ne permette à Moscou d’acquérir des armes. Comme l’indiquait récemment CNN, à elle seule, l’Inde a acquis en 2023 pour 37 milliards de dollars (environ 34 milliards d’euros) de pétrole à Moscou, soit 13 fois plus qu’avant l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, en février 2022.
Bien que les ventes de pétrole brut russe à l’Inde ne soient pas soumises à des sanctions et soient entièrement légitimes, un examen des itinéraires maritimes par des experts suggère que ce volume énorme d’expéditions pourrait impliquer la soi-disant “flotte fantôme” de pétroliers, spécialement créée par Moscou pour tenter de dissimuler avec qui elle fait du commerce et comment, et maximiser les profits du Kremlin.
Selon CNN, une route empruntée par les pétroliers transportant du pétrole brut de la Russie vers l’Inde implique un transfert de navire à navire dans le golfe de Laconie au large de la côte grecque, un point de rencontre courant pour les navires de la flotte fantôme cherchant à dissimuler l’origine de leur cargaison, indique le media. (Cf.carte)
La Russie, principal fournisseur de pétrole de l’Inde
La Russie est restée le principal fournisseur de pétrole de l’Inde en avril, suivie par l’Irak et l’Arabie saoudite, selon les données.
Troisième importateur et consommateur de pétrole au monde, l’Inde a augmenté ses achats en avril de 13 à 17 % par rapport aux mois précédents, selon les éléments fournis. Ses importations de pétrole en provenance d’Irak ont quant à elles diminué de 20 à 23 %.
Une baisse des achats est toutefois à prévoir
Toutefois en mai, ses importations de pétrole russe devraient tomber à 1,1 million de barils par jour, contre 1,75 million de barils par jour en avril, selon les données de LSEG.
Ainsi, selon certains medias spécialisés, les exportations d’hydrocarbures russes vers l’Inde, qui ont nettement augmenté depuis l’invasion de l’Ukraine, permettant à Moscou de doper sa puissance militaire, semblent désormais connaître quelques sérieux blocages et difficultés.
En février dernier, Bloomberg indiquait ainsi que la moitié des pétroliers visés par les sanctions du Trésor américain étaient à l’arrêt.
Dès novembre 2023, Reuters indiquait que les navires pétroliers battant pavillon grec commençaient à se détourner du commerce du pétrole russe. Un recul motivé également par les troubles provoqués par les Houthis en mer Rouge, précisait également récemment Bloomberg.
L’Inde redoute les sanctions et sa dépendance à l’égard de la Russie
L’Inde semble désormais hésitante à accentuer sa dépendance au pétrole russe, redoutant être frappée par des sanctions directes ou indirectes.
Selon Business Insider et Bloomberg, trois grandes raffineries majeures du pays, Indian Oil, Bharat Petroleum et Hindustan Petroleum, ont rompu des accords ou négociations avec le géant pétrolier Rosneft pour la fourniture à long terme de brut russe.
Une perte colossale pour le Kremlin : selon les données de Bloomberg, l’arrêt des transactions représentent l’équivalent de 500 000 barils par jour, soit un tiers des exportations quotidiennes de l’Inde.
Plutôt que d’établir des contrats long terme, les raffineries optent désormais pour des commandes ponctuelles. Leurs coûts certes plus élevés sont censés les protéger d’éventuelles sanctions occidentales.
Sources : Reuters, CNN, Bloomberg, Business Insider