Impôt sur le revenu : faut-il choisir la déduction forfaitaire ou les frais réels ?
Impôt sur le revenu : faut-il choisir la déduction forfaitaire ou les frais réels ?
C’est l’heure de remplir votre déclaration d’impôts sur les revenus de 2023. Vous avez accumulé des frais professionnels l’an dernier, et vous souhaitez que l’administration fiscale les déduise, le plus possible, du montant d’impôt dont vous allez devoir vous acquitter. Vous vous posez la question suivante : le régime de la déduction forfaitaire est-il vraiment avantageux ?
La déduction forfaitaire : l’avantage de la simplicité
Sous le régime de la déduction forfaitaire, vous êtes imposé sur la base de 90 % de votre revenu. Les 10 % non imposables sont censés couvrir vos frais professionnels courants. Il s’agit principalement des frais de déplacement du domicile au lieu de travail, des frais de restauration sur le lieu de travail, des achats de documentation personnelle.
Au minimum, cette déduction s’élève à 495 ?, sauf si la rémunération déclarée est inférieure à cette somme. Au maximum, elle s’élève à 14 171 ?.
Ce régime simplifie vos démarches et celles de l’administration fiscale : vous n’avez aucun justificatif de frais professionnels à conserver, l’administration ne vous en demandera aucun.
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La déduction au réel : une prise en compte plus juste quand les frais sont importants
Chaque membre de votre foyer peut renoncer individuellement à la déduction automatique de 10 % au profit de la déduction de ses frais réels.
Pour être déductibles, vos dépenses doivent être liées à l’exercice de votre activité salariée, et payées au cours de l’année d’acquisition de vos revenus.
«Ã‚ Pour exprimer l’option pour la déduction des frais réels, vous devez inscrire le montant de ces frais dans la case prévue àcet effet sur votre déclaration de revenus (lignes 1AK à1DK), précise l’administration fiscale. Vous devez détailler vos frais réels (préciser leur nature et leur montant) dans une note annexe. »
Vous n’avez pas à joindre les justificatifs de vos frais réels (factures?) à votre déclaration. Mais l’administration est en droit de vous demander les justificatifs de chacun des frais que vous avez déclarés, pendant une période de quatre ans à partir de l’année où vous faites votre déclaration. Assurez-vous de bien les conserver tout ce temps.
Déduction réelle ou forfaitaire, comment choisir ?
Alors comment choisir ? Vous êtes peut-être tenté de vous dire qu’il suffit de comparer les 10 % de déduction forfaitaire au montant de vos frais professionnels pour décider quel régime est le plus avantageux pour vous. En fait, c’est plus compliqué.
Si vous optez pour les frais réels, vous devez ajouter à vos salaires imposables certaines des allocations et remboursements pour frais d’emploi versés par votre employeur. Ce qui peut vous amener à payer davantage d’impôts.
Voyons dans quels cas une allocation ou un remboursement versés par votre employeur sont déductibles.
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Mon employeur me verse une allocation pour frais professionnels. Dois-je la déclarer ?
Si vous êtes sous le régime de la déduction forfaitaire, la prise en charge par l’employeur d’une partie des coûts du trajet domicile-travail (50 % du coût de l’abonnement aux transports collectifs, frais de carburant ou d’alimentation électrique des véhicules, de covoiturage ou de mode de mobilité durables) n’est pas imposable.
Vous ne devez pas non plus déclarer les allocations destinées à couvrir les frais occasionnés directement dans l’intérêt de l’entreprise. Ce sont, par exemple, les frais liés aux déplacements ponctuels, qu’il s’agisse de frais de restauration, d’hébergement ou de transport. Ce sont aussi les cadeaux offerts dans le cadre des relations professionnelles, dans la mesure où ces cadeaux constitueraient une charge déductible pour l’entreprise s’ils étaient faits par elle.
En revanche, si vous êtes sous le régime des frais réels, vous devez réintégrer à vos salaires les allocations pour frais d’emploi que vous avez perçues de votre employeur (indemnités forfaitaires ou remboursements sur justificatifs ) dans les rubriques 1AJ à 1DJ.
Le cas particulier de l’allocation de télétravail à domicile mérite une partie spécifique dans cet article.
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Cas des frais de télétravail si vous n’avez pas perçu une allocation de votre employeur
Si vous n’optez pas pour la déduction au réel de vos frais professionnels :
Vous ne pouvez pas déduire vos frais liés au télétravail.
Si vous optez pour les frais réels :
Soit vous pouvez déduire des frais professionnels liés au télétravail à hauteur de 2,60 ? par jour de télétravail (57,20 ? par mois).
Soit vous pouvez déduire vos frais de télétravail pour leur montant exact. Sont déductibles vos frais d’abonnement (téléphone, Internet?), les achats de mobilier et de matériel informatique ainsi que les frais liés à l’utilisation de la pièce dans laquelle vous avez télétravaillé : loyer, électricité, eau, chauffage, impôts locaux, assurance habitation?
Cette déduction se fait au prorata de la surface utilisée à titre professionnel par rapport à la surface totale du logement et du temps « télétravaillé ».
En revanche, vous ne pouvez pas déduire des frais de repas pour les jours télétravaillés, ni des frais de garde d’enfants « à titre professionnel ».
Cas des frais de télétravail si vous avez perçu une allocation de votre employeur
Si vous n’optez pas pour la déduction au réel de vos frais professionnels :
L’allocation versée par votre employeur est exonérée d’impôt sur le revenu. Vous ne devez pas la déclarer. En contrepartie, vous ne pouvez pas déduire vos frais liés au télétravail (mais vous bénéficiez de l’abattement de 10 % sur les montants que vous déclarez en traitements et salaires).
Si vous optez pour les frais réels :
Vous avez le choix. Soit vous ne déclarez pas vos frais de télétravail à domicile. Dans ce cas, l’allocation versée par votre employeur est exonérée d’impôt sur le revenu, et vous n’avez pas à la déclarer.
Soit, vous déclarez vos frais de télétravail à domicile pour qu’ils soient déduits d’impôts. Votre allocation devient dans ce cas imposable et vous devez la réintégrer dans vos traitements et salaires.
Pour résumer
Plus votre salaire est important, plus il y a de chance que la déduction forfaitaire vous soit favorable. Car il est rare que les frais professionnels représentent plus de 10 % du revenu.
Si toutefois vous hésitez à passer au régime des frais réels, listez d’abord les remboursements et allocations que vous verse votre employeur pour couvrir vos frais professionnels, en recensant ceux qui sont imposables. Si vous deviez en déclarer un certain nombre, peut-être qu’il est préférable de rester au régime des 10 % de déduction forfaitaire.
Même si vous optez pour le régime des frais réels, sachez que vous pouvez quand même déclarer vos frais de télétravail à domicile de manière forfaitaire ou en réel (ou ne pas les déclarer pour être exonéré sur l’indemnité éventuelle versée par votre employeur).
Enfin, pas de panique : si vous avez opté pour les frais réels, alors que vous n’y aviez pas intérêt, le fisc corrigera automatiquement en appliquant la déduction forfaitaire de 10 %.