Guerre en Ukraine : un missile balistique nord-coréen aurait été lancé sur Kharkiv en janvier, selon des inspecteurs de l’ONU
Des habitants de Pyongyang regardent sur un écran géant les informations sur le lancement réussi d’un missile balistique Hwasong-14, le 4 juillet 2017 en Corée du Nord. AFP/Kim Won-Jin
C’est la preuve qu’il manquait, peut-être, au débat. Selon l’agence de presse Reuters, un rapport de l’Organisation des Nations Unies (ONU) atteste de l’utilisation d’un missile de Corée du Nord sur une cible à Kharkiv, la 2e ville ukrainienne, le 2 janvier dernier. Des débris d’un missile balistique de la série Hwasong-11 ont été retrouvés sur place, affirment les observateurs des sanctions des Nations Unies, dans leur rapport remis le 25 avril au comité chargé du suivi des sanctions au sein du Conseil de sécurité.
Quelques jours après une attaque massive, le 2 janvier, sur de nombreuses localités et infrastructures du pays, le bureau du procureur de la région de Kharkiv avait présenté aux médias des fragments du missile, déclarant qu’il était différent des modèles russes et « qu’il pourrait s’agir d’un missile fourni par la Corée du Nord ». Les autorités ukrainiennes maintiennent aussi que le projectile a été « lancé du territoire de la Fédération de Russie ».
Le conseiller sécurité de la Maison Blanche, John Kirby, avait aussi accusé les forces russes d’avoir utilisé au moins un missile nord-coréen le 30 décembre dans la région de Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine.
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Trois inspecteurs des sanctions onusiennes se sont rendus en Ukraine au début du mois d’avril pour inspecter les débris. S’ils peuvent attester de sa conception nord-coréenne, ils n’ont trouvé aucune preuve que le missile a été fabriqué par la Russie, ce qui pourrait démontrer que le Hwasong-11, testé publiquement pour la première fois par Pyongyang en 2019, a été livré clé en main aux troupes de Moscou. Ils « n’ont pas pu identifier de manière indépendante d’où le missile a été lancé, ni par qui ».
Washington et Séoul avaient déjà dénoncé la livraison de milliers de munitions
Officiellement connue sous le nom de République populaire démocratique de Corée (RPDC), la Corée du Nord fait l’objet de sanctions de l’ONU pour ses programmes nucléaires et de missiles balistiques depuis 2006, et ces mesures ont été renforcées au fil des ans. Lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies en février, les États-Unis ont accusé la Russie d’avoir lancé des missiles balistiques fournis par la RPDC contre l’Ukraine à au moins neuf reprises.
«Ã‚ Si le missile était sous le contrôle des forces russes » au moment où il a tiré, cela « indiquerait probablement qu’il a été acheté par des ressortissants de la Fédération de Russie », écrivent les inspecteurs, précisant qu’il s’agirait d’une violation de l’embargo sur les armes. Mi-mars, la Corée du Sud avait estimé que son voisin et ennemi avait livré, depuis juillet 2023, 7 000 conteneurs d’armes àla Russie, et un cargo russe, pourtant sous sanctions américaines, aurait notamment permis onze livraisons entre le port nord-coréen de Rajin et les ports russes àpartir du mois d’août. L’ « Angara » se trouve depuis le début du mois de février dans un chantier naval chinois, au vu et au su du gouvernement chinois.
Le mois dernier, la Russie a mis son veto au renouvellement annuel du groupe d’experts chargé de surveiller l’application des sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord en raison de ses programmes nucléaires et de missiles balistiques. Le mandat de l’actuel groupe d’experts expirera mardi. Vladimir Poutine et Kim Jong-un ont signifié le rapprochement de leurs deux pays en septembre dernier, lors d’une rencontre à Vladivostok à laquelle Kim s’était rendu dans son train blindé.