Guerre à Gaza : bombardements sur des quartiers de Rafah qu’Israël avait demandé d’évacuer
Est-ce la première étape de l’offensive tant redoutée ? Selon la défense civile de Gaza, des bombardements ont commencé ce lundi après-midi sur deux quartiers de Rafah. Ce lundi matin, l’armée israélienne avait « encouragé » les habitants des quartiers est de la ville du sud, où s’entasse plus d’un million de réfugiés, à se rendre dans les zones humanitaires.
«Ã‚ L’armée israélienne continuera àœuvrer pour atteindre les objectifs de la guerre, notamment le démantèlement du Hamas et le retour de toutes les personnes kidnappées », fait savoir le communiqué. « Nous avons commencé une opération d’ampleur limitée pour évacuer temporairement les personnes résidant dans l’est de Rafah », a déclaré un porte-parole de l’armée lors d’un point de presse, répétant : « C’est une opération d’ampleur limitée. »
Selon une source au sein de l’armée, « environ 100 000 personnes » sont concernées « dans l’immédiat ». Israël a assuré avoir « élargi la zone humanitaire à al-Mawasi », à une dizaine de kilomètres de Rafah. « Ce plan d’évacuation vise à éloigner les civils du danger », a déclaré le porte-parole de l’armée, « notre but est de combattre le Hamas, pas les habitants de Gaza. Et c’est pourquoi nous menons cette évacuation temporaire précise ».
Ce lundi matin, Reuters a dévoilé des photos de familles quittant les quartiers est de la ville. Des tracts en arabe ont été largués sur les zones concernées, selon l’armée. Un habitant de Rafah a indiqué à l’AFP que certains avaient reçu des messages vocaux sur leur téléphone les invitant à partir et des SMS avec une carte leur indiquant vers où se rendre.
Des Palestiniens fuient les quartiers est de Rafah. REUTERS/Hatem Khaled
Un responsable du Hamas, Sami Abu Zuhri, a jugé auprès de Reuters que l’évacuation de la ville était « une escalade dangereuse qui aura des conséquences ».
Les critiques internationales
Pour parvenir à la « victoire finale », Benyamin Netanyahou n’a eu de cesse de proclamer, ces derniers jours, qu’il lancerait une offensive militaire d’ampleur sur Rafah, où sont regroupés selon Israël quatre bataillons du Hamas, et ce malgré les pressions des capitales et des ONG, qui redoutent les conséquences d’une telle opération.
Ce lundi, Paris a rappelé sa « ferme opposition » à une offensive à Rafah, ajoutant que « le déplacement forcé d’une population civile constitue un crime de guerre au sens du droit international ». L’ordre d’évacuation par Israël est « inacceptable », a critiqué de son côté le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell. La diplomatie allemande a, de son côté, rappelé ses nombreuses mises en garde contre « une catastrophe humanitaire annoncée » pour la population civile de Rafah.
Au-delà de la concentration de population, cette ville du sud est aussi le principal point de passage terrestre de l’aide humanitaire, strictement contrôlée par Israël qui assiège le territoire. Une offensive serait un « coup dur » pour les opérations humanitaires, a prévenu l’ONU.
D’après le Wall Street Journal, Israël avait lancé vendredi un ultimatum au Hamas : sans accord de cessez-le-feu d’ici le 10 mai, l’offensive à Rafah commencera. Au cours du week-end, les discussions sur une trêve se sont à nouveau tendues entre les deux parties. Les médiateurs internationaux doivent tenter de sortir de l’impasse lors d’une « réunion d’urgence » au Qatar ce lundi, après sept mois de guerre. Une délégation du mouvement islamiste palestinien pourrait revenir en Égypte à partir de mardi pour reprendre les négociations.