Épargne : faut-il craindre une chute brutale du taux du LEP ?
Si le taux technique du LEP devrait être autour de 3,70 % en août, son taux effectif pourrait être maintenu à 4 %.
Alors que la baisse de l’inflation se confirme, à 2,2 % en avril, les taux des livrets et notamment de celui d’épargne populaire (LEP) sont censés baisser en août. Pourtant, en ce qui concerne cette chute devrait être contenue grâce notamment au gel du livret A.
Qui dit baisse de l’inflation, implique baisse des taux de rémunération des livrets d’épargne réglementée. Ce précepte devrait bientôt se vérifier : la hausse des prix à la consommation a ralenti en avril 2024 où elle s’est établie à +2,2 % sur un an d’après l’Insee. Même si cette diminution est mesurée par rapport au mois précédent (la progression sur un an avait été de 2,3 % en mars) l’inflation est en baisse pour le quatrième mois consécutif. Et cela devrait continuer, puisque l’institut de statistiques dans ses prévisions d’évolution des prix sur les prochains mois confirme cette tendance.
Mais notre épargne va-t-elle vraiment en faire les frais ? Les taux des livrets d’épargne réglementée (Livret A, LDDS, LEP et Livret Jeune) sont recalculés tous les six mois, et appliqués au 1er février puis au 1er août de chaque année. Tout porte à croire que celui du Livret d’épargne populaire, actuellement à 5 %, connaîtra une chute relativement importante cet été. La question est de savoir de combien.
Le taux « technique » du LEP autour de 3,70 % en août
Ce placement réservé aux personnes percevant des revenus modestes (pas plus de 21 393 € de revenu fiscal de référence pour une personne seule) est censé être un rempart contre l’inflation. Normalement, son rendement est égal à son niveau moyen hors tabac observé sur les six derniers mois. Selon les projections de l’Insee elle devrait s’établir autour 2,5 % au 1er semestre 2024. Mais bonne nouvelle : malgré cette règle, le LEP ne tombera pas en dessous des 3,5 %.
En effet si l’inflation est basse, ce qui peut être considéré comme étant le cas, son taux est égal à celui du Livret A relevé de 0,5 point. Or, ce dernier a été gelé à 3 % par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Et ce jusqu’en février 2025 ! Le taux du LEP est ainsi protégé de toute chute de plus de 1,5 %.
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Et tout porte à croire qu’il sera encore supérieur à 3,5 % au 1er août 2024. D’abord car, comme le relève le média spécialisé Moneyvox , il y a une distinction entre le taux effectif des livrets, et celui dit « technique », issu d’un calcul effectué par la Banque de France à partir de l’inflation et du niveau des taux interbancaires. « Vu les perspectives […], le taux « technique » du LEP devrait se situer autour de 3,70 % », évalue Moneyvox.
Un taux à 4 % pour éviter une chute trop abrupte ?
Mais un dernier facteur pourrait nous faire considérer que son taux effectif se maintiendra encore plus haut que cela : c’est le gouvernement qui a le dernier mot, et il pourrait de nouveau accorder un coup de pouce. En décembre, l’économiste Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne, expliquait dans nos colonnes que Bercy souhaitait « éviter que la chute du taux du LEP soit trop abrupte ». C’est notamment pour cela qu’en février, alors qu’il aurait dû tomber de 6 % à 4,1 % (son taux technique à cette époque), il a finalement été maintenu à 5 %.
Si une seconde décrue semble donc inévitable en août, Philippe Crevel estime que « le gouvernement va continuer de redescendre son taux graduellement. On peut donc imaginer qu’il repasse à 4 % ». Un taux donc non négligeable, toujours bien supérieur à celui du Livret A et encore plus de l’inflation. S’ils l’ont rempli à son plafond (10 000 €) depuis le 1er janvier 2024, les quelque 10,7 millions de titulaires d’un LEP pourraient donc engranger plus de 450 € d’intérêts à la fin de l’année !