ENTRETIEN. Trainline : l’ouverture à la concurrence « va apporter de meilleurs tarifs » que la SNCF
Les nouvelles compagnies ferroviaires qui doivent arriver en France, comme Le Train, vendront notamment leurs billets sur Trainline.
Depuis 2016, Trainline permet de réserver des billets de train au meilleur prix car elle compare les prix de toutes les compagnies ferroviaires, contrairement à SNCF Connect qui ne propose que ceux de l’opérateur historique. Son directeur général pour la France, Christopher Michau, explique comment son application va permettre d’accompagner l’arrivée de nouvelles compagnies grâce à l’ouverture à la concurrence.
Vous souhaitez effectuer un Paris-Lyon en train. Si vous avez l’habitude d’utiliser l’application SNCF Connect, alors vous auriez pu passer à côté du fait que, depuis décembre 2021, il est possible de faire ce trajet à bord d’un train Trenitalia en lieu et place d’un TGV Inoui ou Ouigo de la SNCF. La plateforme de réservation de billets de train de la SNCF ne vend effectivement que les trajets qu’elle assure elle-même. Cela peut être dommageable, car dans certains cas, les billets vendus par ses concurrents sont moins chers. Mais encore faut-il savoir où les trouver !
On peut pour cela se rendre directement sur le site de la compagnie concurrente, soit sur une application de vente en ligne indépendante. Plusieurs ont vu le jour depuis que la SNCF n’a plus le monopole de la vente de billets de train : elles s’appellent Omio, Kombo, ou encore Trainline. Cette dernière a été créée en 1997 au Royaume-Uni, et a connu un important succès en France et en Europe depuis qu’elle a racheté la start-up française Captain Train en 2016.
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En plus de Trenitalia, de nouvelles compagnies concurrentes à la SNCF sont arrivées (l’espagnole Renfe) ou prévoient d’arriver (Le Train, Kevin Speed) sur les rails français. Pour le directeur général pour la France de Trainline, Christopher Michau, sa plateforme devrait ainsi jouer un rôle central pour le consommateur car elle lui permettra d’obtenir le meilleur prix.
En quoi l’ouverture à la concurrence du ferroviaire en France pourrait permettre une baisse des prix ?
Partout où la concurrence a démarré, on a vu une diminution des tarifs et une amélioration des services. C’est encore peu perceptible en France, car très récent. Trenitalia a démarré son activité sur la ligne Paris-Lyon en 2021 et la Renfe sur les axes Lyon-Barcelone et Marseille-Madrid à l’été 2023.
Mais prenons un exemple concret : celui de l’Italie, qui a été le premier marché à ouvrir ses lignes grande vitesse à la concurrence (dès 2012, la compagnie NTV a défié Trenitalia, NDLR). Sur le Milan-Rome, on a constaté une baisse des prix de 40 % en cinq ans, et un doublement du nombre de passagers sur la ligne.
Un véritable report modal de l’avion et la voiture sur le train s’est opéré. Et force est de constater que l’on commence à observer la même chose sur le Paris-Lyon où les prix ont diminué de 43 %.
Quelles sont l’importance et l’utilité pour le consommateur d’avoir une plateforme d’achats de billets concurrente à SNCF Connect ?
Comme je disais, l’ouverture à la concurrence en France est encore timide, mais elle va s’accélérer. Les lignes TET (Trains d’équilibre du territoire, c’est-à-dire les Intercités, NDLR) ainsi que celles TER sont progressivement soumises à des appels d’offres, et de nouveaux opérateurs comme Le Train ou Kevin Speed vont arriver sur la grande vitesse.
Il commence donc à y avoir un morcellement de l’offre. C’est une bonne chose, car cela va apporter de meilleurs services et tarifs au client. Mais l’inconvénient, c’est que cela va créer de la complexité. Il risque de sans cesse se demander s’il a le meilleur prix, la meilleure offre.
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Des plateformes indépendantes comme Trainline agrègent l’ensemble de l’offre. Non seulement c’est plus pratique pour l’usager, mais en plus on lui propose le meilleur tarif puisque nous ne prenons aucuns frais supplémentaires.
Parfois, ces applications arrivent même à trouver de meilleurs tarifs sur des trajets opérés uniquement par la SNCF. Comment cela se fait ?
D’abord, nous nous assurons de bien récupérer toutes les informations des opérateurs, dont la SNCF. Les prix, les horaires, les réductions… Ensuite, notre algorithme fait en permanence des combinaisons de prix, pour trouver celle qui sera la meilleure pour le client. Ainsi par exemple, là où sur certains trajets SNCF Connect va davantage mettre en avant le TGV, nous allons proposer une alternative tenant compte des TER.
Un exemple est la ligne entre Rennes et Brest. Aussi bien des TGV Inoui que des Ouigo venant de Paris effectuent ce trajet, mais aussi des TER. En quelques minutes supplémentaires certes, car il s’arrête davantage. Mais souvent pour moins cher !
Combien de Français utilisent Trainline ? L’application est-elle bien identifiée ?
Nous ne communiquons pas sur notre nombre d’usagers français, en revanche notre application a été téléchargée 55 millions de fois en Europe. Notre clientèle est donc française, mais pas que puisqu’au total nous référençons plus de 270 compagnies. De train, mais aussi de bus longue distance ! C’est important de le préciser, car on voit que les trains sont de plus en plus complets, cela donne une alternative aux usagers.
Nous ne sommes pas aussi bien identifiés que SNCF Connect. C’est normal, il y a eu un monopole pendant des décennies. Quand on pense train, on pense SNCF. Mais on voit de plus en plus d’usagers venir vers nous, et surtout rester ! On a énormément de retours positifs, les clients apprécient notre produit pour sa simplicité et ses avantages.
Quels sont justement ses autres avantages, et les futurs ?
Trainline offre des fonctionnalités qui n’existent pas sur d’autres plateformes. Par exemple, « Récup’Retard » qui vous rend éligible à une compensation si votre train a plus de 30 minutes de retard. Ou encore notre calendrier des prix : quand vous calculez un itinéraire, on vous présente le prix le plus bas chaque jour, tenant compte de tous les opérateurs.
Actuellement, on travaille beaucoup sur comment, avec l’arrivée de nouveaux concurrents, afficher leurs offres et spécificités. Par exemple, la Renfe prévoit de mettre en service de nouveaux trains en France avec des écrans individuels. On essaye de voir comment en rendre compte sur Trainline. Enfin, on veut mieux accompagner le client pendant son trajet : aujourd’hui, il sait en temps réel si son train est en retard ou à l’heure, où il se trouve, s’il a des arrêts… On cherche à s’améliorer encore là-dessus.
Pour cela, vous devez récupérer des données des opérateurs, dont de la SNCF donc. En décembre, vous affirmiez au Monde que vous souhaitiez avoir accès à celles sur les travaux sur le réseau par exemple. Quelle est votre relation avec l’opérateur historique ?
Sur ce point, ça n’a pas beaucoup évolué. La SNCF ne nous donne pas toutes les informations dont on aurait besoin pour pouvoir faire notre travail auprès du client, comme on le souhaite. En outre, nous nous rémunérons grâce à une commission qu’elle nous verse pour la vente que nous effectuons de leurs billets. Mais elle est clairement insuffisante pour couvrir nos coûts.