Eboueurs, cheminots... Qui menace de faire grève pendant les JO?
Simple levier de pression ou menace prête à être mise à exécution? Les préavis de grève en amont ou pendant les JO se multiplient. Si une mise à l’arrêt du pays est difficilement envisageable pendant les Jeux, ces préavis qui concernent de nombreux secteurs visent à obtenir les meilleures compensations possibles en amont.
Les poubelles s’empilent dans le 14e arrondissement en raison de la grève des éboueurs.
• Éboueurs et égoutiers de Paris
C’est le dernier en date, mais probablement celui dont l’impact est le plus redouté aux côtés de ceux des employés des transports. La CGT des éboueurs et égoutiers de Paris (CGT FTDNEEA) a déposé un préavis de grève pour deux périodes, une couvrant les 14, 15, 16, 22, 23 et 24 mai, et une deuxième du 1er juillet au 8 septembre.
Si la grève était effective, elle toucherait les arrondissements opérés par la régie publique et pourrait offrir un spectacle désolant aux visiteurs à l’heure des JO. Les visiteurs ont encore en tête les tonnes de déchets visibles pendant la réforme des retraites. Les éboueurs parisiens demandent notamment une prime exceptionnelle de 1900 euros pour les agents mobilisés, comparant leur situation à celle des policiers municipaux.
“La police municipale a une prime, on a le même employeur. Nous aussi, nous aurons une surcharge de travail avec les 15 millions de touristes annoncés. On va être vachement mobilisés et on veut être considérés par rapport à ça”, a souligné Nabil Latreche, membre de la CGT-FTDNEEA, auprès de l’AFP.
La mairie de Paris a rappelé à l’AFP que tous les agents contribuant à la réussite des Jeux percevraient des gratifications.
• Cheminots d’Ile-de-France
Autre source d’inquiétude, les transports, cruciaux pour acheminer les millions de visiteurs attendus. Selon une information de RMC Sport du 1er mai, un appel à la grève a été lancé à la SNCF Île-de-France pour la journée du 21 mai par les syndicats de cheminots, dont SUD-RAIL et la CGT.
Ils souhaitent de meilleures compensations liées aux jours travaillés pendant les JO. Une grève en île de France affecterait les réseaux opérés par la SCNF, les RER, le Transilien, et la ligne de tram n°4 entre Bondy et Hôpital de Montfermeil. “Mieux vaut qu’on négocie au mois de mai qu’au mois de juillet.” a expliqué Fabien Villedieu, secrétaire fédéral Sud Rail, au micro de RMC. “Aujourd’hui les cheminots ne s’y retrouvent pas”.
La direction a proposé 50 euros par jour supplémentaire, mais les cheminots souhaitent des compensations similaires à celles obtenues par la RATP, soit une prime fixe supplémentaire.
En marge des revendications portées par les syndicats, un site web “Promesse de grève” a été mis en ligne par le syndicat FO. Il permet aux cheminots de déclarer leur intention de faire grève pendant les JO. Le compteur indique à ce jour 767 promesses d’arrêt.
• Agents de la fonction publique
La fonction publique est également concernée. Des préavis ont été déposés par CGT et FO, pour les trois branches de la fonction publique: Etat, collectivités territoriales et hôpital. Des préavis qui s’étendent pour la CGT du 15 avril au 15 septembre.
Sophie Binet, la secrétaire générale, prévenait au micro de France Info: “Nous voulons que le gouvernement prenne les mesures pour assurer la réussite des JO. Il faut que les Jeux soient préparés d’un point de vue social”.
Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT a évoqué le 1er mai sur RFI ” de fortes contraintes subies par les agents fortement mobilisés pendant les JO”. Les syndicats réclament “des compensations salariales au titre des contraintes professionnelles générées par les Jeux”.
• Conducteurs de la RATP
La RATP avait elle aussi menacé d’un appel à la grève sur la durée. Un préavis a été annoncé par la RATP CGT le 29 janvier dernier, sur une période allongée du 5 février au 9 septembre. Ce préavis n’est pas directement lié aux compensations attendues des JO, mais dénonce des mesures salariales 2024 insuffisantes. Le 24 avril, les conducteurs de la RATP ont obtenu ce qu’ils réclamaient, une prime pouvant aller de 1600 à 2500 euros sur la période.
Côté douanes, la CGT avait déposé un préavis de grève pour la période des jeux, et semble avoir obtenu des mesures satisfaisantes.
Tous les syndicats brandissent le chiffon rouge du débrayage, mais il faut davantage y voir un moyen de pression alors que les yeux du monde entier seront braqués sur la France. Comme le relève en toute franchise Benjamin Amar, de la CGT Val-de-Marne au micro de BFMTV en mars dernier: “Le syndicalisme c’est du rapport de force. C’est de la négociation sous rapport de force. Le gouvernement est au courant que les syndicats n’hésiteront pas à utiliser les JO. La balle est dans le camp du gouvernement”.