Déficit public, TVA sociale, CVAE… le président du Medef estime que la France doit faire des économies « au bon endroit »
Le président du Medef Patrick Martin, en mars 2023. LP/Arnaud Journois
Il monte au créneau et fustige le gouvernement. « Nous sommes inquiets de ce que nous entendons ici et là », a affirmé ce dimanche le président du Mouvement des entreprises de France (Medef) Patrick Martin, devant le risque de voir des baisses d’impôts au bénéfice des entreprises remises en cause pour des raisons budgétaires. « L’activité économique tourne au ralenti », a-t-il fustigé. « Le creusement du déficit reflète très exactement le ralentissement économique. »
«Ã‚ La CVAE (Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) devait être supprimée intégralement en 2023. Puis on nous a annoncé que ce serait étalé sur 2023-2024. Puis qu’elle s’éteindrait progressivement d’ici 2027 », a rappelé le dirigeant dans un entretien au Journal du dimanche. Selon lui, « une nouvelle remise en cause » du calendrier de suppression de cet impôt « entamerait la confiance qu’on peut placer dans la parole de l’État ».
« Chercher des économies »
Pour lui, il faut que la France aille « chercher des économies », mais doit le faire « au bon endroit ». « C’est-à-dire sur les dépenses de fonctionnement des fonctions publiques », a avancé Patrick Martin. De même, le président du Medef a appelé à « traiter ce problème de finances publiques qui n’en finit pas de s’aggraver depuis des décennies », mais en sortant d’une « logique classique « d’annualité budgétaire » ».
Après avoir présenté ce mardi un déficit public à 5,5 % du Produit intérieur brut pour 2023, bien au-delà des 4,9 % initialement prévus, le gouvernement est à la recherche de pistes d’économies. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s’est refusé en début de semaine à toute hausse d’impôts, confirmant même mardi la suppression prévue de la CVAE et des baisses d’impôts pour certains ménages. Le ministre a ensuite affirmé samedi dans un entretien à Ouest-France qu’il ne toucherait pas à la prise en charge des affections de longue durée mais a évoqué une nouvelle forme de contrat pour les travailleurs de plus de 55 ans.
La CPME, deuxième organisation patronale, a jugé ce jeudi « positive » la volonté du gouvernement de ne pas augmenter les impôts, et espéré que serait tenu l’engagement de supprimer complètement la CVAE d’ici la fin du quinquennat. « La remise en cause de la suppression de la CVAE qui pèse massivement sur l’industrie contribuerait à accentuer le risque de décrochage par rapport à nos compétiteurs », a encore affirmé Patrick Martin ce dimanche.
Aussi interrogé sur la possibilité d’une TVA sociale, qui permettrait de transférer une partie des charges sur les salaires vers la TVA, Patrick Martin ne considère pas cette solution comme efficace pour relancer l’économie. « Les entreprises françaises supportent encore à ce jour 60 milliards d’impôts de production de plus et autant en charges sociales que la moyenne des entreprises européennes. Si l’on veut être compétitif et attractif, c’est à cela qu’il faut s’attaquer », a-t-il avancé. « Il est assez illogique, et même inéquitable, que les entreprises et donc leurs salariés supportent l’essentiel du coût de la production sociale française ».