Défense, agriculture, Ukraine… Ce qu’il faut retenir du débat Bardella-Hayer pour les européennes
Défense, agriculture, Ukraine… Ce qu’il faut retenir du débat Bardella-Hayer pour les européennes
Pour la première fois depuis le début de la campagne des élections européennes de juin prochain, Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national, et Valérie Hayer, championne de la majorité présidentielle, ont débattu ce jeudi 2 mai sur le plateau de BFM TV. L’occasion ainsi d’évoquer de grands thèmes dont la défense, l’agriculture ou encore la guerre en Ukraine.
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Insécurité et immigration
L’un des premiers points de discorde de la soirée concernait les solutions à apporter au fléau de la violences des mineurs – illustrée récemment par la mort de Matisse, adolescent de 15 ans tué à l’arme blanche par un mineur afghan à Châteauroux. Alors que Valérie Hayer accuse les cadres du RN de manquer de « dignité » en commentant cette affaire, Jordan Bardella a jugé qu’il s’agissait d’« un fait de société » dont la principale cause est l’immigration. Selon lui, cette dernière est « devenue le pire carburant pour la violence de rue et l’insécurité dans notre pays ».
Accusé par son opposante de faire le lien entre immigration et insécurité, Jordan Bardella a indiqué que « 93 % des vols qui sont commis dans les transports en commun d’Île-de-France sont le fait d’étrangers » et que « 63 % des agressions sexuelles qui sont commises dans les transports en commun d’Île-de-France sont le fait d’étrangers ». Partant, a-t-il fait valoir, « la quasi-totalité de la violence de rue dans les grandes villes est liée aux mineurs étrangers non accompagnés, c’est-à-dire à migrants qui arrivent sur notre sol ».
Valérie Hayer a réaffirmé sa volonté de chercher des solutions « solutions » aux violences qui n’arriveront, d’après elle, que grâce à un « apaisement » et à « l’école, l’école, l’école ».
Énergie
Jordan Bardella a fustigé l’« impréparation sur les sujets de fond, le naufrage absolu sur la question de la sécurité ou de la question de l’extrême gauche » de son adversaire politique. Valérie Hayer lui a répondu en raillant les tâtonnements du RN sur le marché européen de l’énergie : « Vous avez dit que vous en sortiriez, que vous le réformiez, que vous en sortiez (…). C’est Roland Garros avant l’heure, c’est assez difficile de voir où part la balle », a déclaré la tête de liste de Renaissance.
Un long débat s’est ensuivi sur le thème du pouvoir d’achat autour de l’énergie. Alors que le Rassemblement national compte investir massivement dans le nucléaire pour améliorer le pouvoir d’achat tout en sortant du marché européen de l’électricité, la majorité présidentielle préfère stopper la « surréglementation » de l’Union européenne, avec l’objectif d’arriver à sortir complètement des énergies fossiles d’ici à 2050.
Guerre en Ukraine
À propos de la guerre en Ukraine, les deux candidats ont également exprimé des positions opposées, notamment sur l’adhésion du pays à l’Union européenne : Renaissance y est favorable, tandis que le RN s’y oppose.
La tête de liste de Renaissance a notamment appuyé les propos d’Emmanuel Macron qui a, ce jeudi 2 mai, de nouveau indiqué qu’un envoi de troupes françaises en Ukraine n’était pas à exclure : « Vladimir Poutine ne fixe aucune ligne rouge, il ne comprend que le rapport de force […] Je suis allée en Ukraine, Volodymyr Zelensky m’a dit : “Merci pour ce que vous faites au Parlement européen, vos résolutions ont beaucoup de valeurs, merci à Emmanuel Macron pour son soutien et pour son discours, merci d’avoir changé les termes du débat car ça compte dans le rapport de force à Vladimir Poutine.” Donc oui, Emmanuel Macron a raison de tenir ce discours. »
De son côté, Jordan Bardella a préféré appeler à la « désescalade », accusant le président de la République française de « faire le jeu de la division du camp occidental ». De son côté, il a indiqué qu’il ne croyait pas que la « présence sur le front ukrainien » de son opposante « change le destin de la guerre ». Valérie Hayer a fustigé le choix, selon elle, de la tête de liste du Rassemblement national de « ne pas soutenir une seule fois l’Ukraine ».
Se targuant d’être « un homme politique totalement libre », Jordan Bardella a notamment accusé la représentante de Renaissance de recevoir des aides d’entreprises américaines, documents à l’appui : « Votre campagne est financée par l’ALDE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe), le parti politique européen qui finance votre campagne est financé par Microsoft, Amazon, Meta… Moi je ne reçois pas de financement de grandes boîtes américaines. » Son interlocutrice a répété à plusieurs reprises ne faire partie d’aucun parti politique européen.
Agriculture
Quelques semaines après la colère des agriculteurs sur l’ensemble du territoire français, le sujet est arrivé sur la table durant ce débat. Là encore, Valérie Hayer et Jordan Bardella se sont montrés particulièrement opposés, se renvoyant respectivement au travail effectué par l’un et l’autre au Parlement européen. La tête de liste de Renaissance estime que « sans l’Europe, l’agriculture française ne serait pas si forte » et réciproquement, défendant ainsi le budget de la politique agricole commune.
Jordan Bardella, quant à lui, accuse justement les accords de libre-échange de ne respecter « aucune des normes économiques, sociales, sanitaires, environnementales qui sont imposées à nos propres agriculteurs ». Il s’en est alors pris à son opposante : « Vous organisez une concurrence déloyale contre laquelle nos agriculteurs ne peuvent pas lutter. » Valérie Hayer a fait valoir qu’elle venait d’une famille agriculteurs et fait, ainsi, au fait des problématiques abordées.