Dans le secret des grands vins servis lors des diners présidentiels
François Mitterand recevant la Reine Elizabeth II à Paris en 1992.
Réception de John et Jackie Kennedy à Versailles, visites d’Etat de la Reine Elizabeth II, repas présidentiels du Général de Gaulle,… Durant près de 40 ans, le chef cuisinier lyonnais Christophe Marguin a collecté plus de 4 000 menus impériaux, royaux et présidentiels. Ce “collectionneur dans l’âme”, comme il se décrit lui-même, a décidé de disperser sa prestigieuse collection à la fin du mois de mai lors d’une vente aux enchères à Paris. Cette collection s’étend sur trois siècles, le premier menu date de 1868, et retrace l’histoire diplomatique de la France. Au côté des plats réalisés par les plus grands chefs, on voit apparaître sur les cartes des appellations et des noms de domaines prestigieux.
Les exemples sont très nombreux, mais on peut citer le déjeuner gastronomique du 25 février 1975. Lorsque le chef cuisinier Paul Bocuse reçoit les insignes de la Légion d’honneur des mains du Président Giscard d’Estaing. Au menu ce jour-là, soupe aux truffes noires, saumon et canard, étaient accompagnés par un montrachet 1970 de La Romanée-Conti, un Château Margaux 1926, un morey-saint-denis de 1926 du Domaine Dujac, du champagne Roederer de 1926 et un grand bas armagnac de 1893 venait conclure le festif.
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Même chose lors de la réception des chefs d’État. En 1992, François Mitterrand offre par exemple à la reine Elizabeth II un repas où le foie gras à la gelée de sauternes et le carré d’agneau aux figues sont accompagnés par un Château D’Yquem 1981, un Château Latour 1978 et pour les bulles : magnums de Krug. “Avec le temps, on se rend compte que l’importance d’un invité se voit à la qualité des vins servis. C’est très rare que vous ayez un grand champagne, un grand blanc et un grand rouge, explique Christophe Marguin. Je pense que les invités se sentent considérés lorsqu’ils découvrent la qualité des vins à déguster. C’est une vraie marque de respect.”
“Ces repas étaient faits pour promouvoir l’image de la France”
Son exemple préféré est également une réception de la Reine Elizabeth II, cette fois à l’occasion des 100 ans de l’Entente cordiale entre la France et l’Angleterre, en 2004. Un repas de 280 couverts, durant lequel sont servis Dom Pérignon pour le champagne, Château d’Yquem avec le foie gras et Mouton Rothschild. “Des gens qui peuvent dire qu’ils ont bu dans le même repas Yquem, Mouton et Dom Pérignon, il n’y en a pas beaucoup”, lance le chef cuisinier.
“Souvent, sur ce genre de gros repas, on sert des vins de Bordeaux, car les Bordelais ont des volumes que n’ont pas forcément les Bourguignons”, commente Christophe Marguin. Les vins présents sur ces menus ont été sélectionnés par les différents sommeliers de l’Élysée.
“Le but de ces repas officiels, c’était avant tout de promouvoir l’image de la France à l’étranger et de mettre en avant nos producteurs et notre patrimoine. Aujourd’hui, les repas de ce type sont aussi prestigieux qu’auparavant”, détaille le chef. Avant sa dispersion lors de la vente aux enchères le 31 mai, l’importante collection du Chef Christophe Marguin fera l’objet d’une exposition immersive les 29 et 30 mai à Paris.
Plus d’informations et le catalogue complet de la vente aux enchères : https://www.millon.com/catalogue/vente3066-lincroyable-collection-de-menus-du-chef-christophe-marguin
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