Choléra: la députée de Mayotte Estelle Youssouffa "abasourdie" par la "décontraction des autorités"
Après la mort d’une enfant de 3 ans, victime de l’épidémie de choléra qui frappe Mayotte, la députée de l’archipel de l’océan indien Estelle Youssouffa, tacle sur RMC la réaction du gouvernement qu’elle juge insuffisante.
Le ministre de la Santé annonce des renforts à Mayotte pour lutter contre l’épidémie de choléra. Après la mort d’une petite fille de 3 ans, mercredi soir, 29 réservistes sont arrivés de métropole pour tenter de contenir l’épidémie. En déplacement sur l’archipel, Frédéric Valletoux se veut rassurant: “la réponse est adéquate” alors qu’une soixantaine de cas a été recensé à ce jour.
Estelle Youssouffa sur RMC et RMC Story le 10 mai 2024
Des opérations de vaccination ont été menée assure le ministre, pendant que le principal hôpital de Mayotte le CHM, a ouvert une unité de 20 lits supplémentaires, le plan blanc étant déjà activé.
“La réponse du gouvernement est insuffisante”
Mais sur place ONG et médecins dénoncent les conditions d’hygiènes dans les bidonvilles de Mayotte qui facilitent le développement de la maladie. Ils déplorent aussi l’inaction du gouvernement alors que kes premiers cas de choléra “indigènes” avec des patients n’ayant pas quitté l’île, ont été diagnostiqués fin avril.
“Les bidonvilles n’ont pas d’accès à l’eau et vues les conditions d’insalubrité on savait que ça allait se propager très facilement”, assure Nicolas Salvador, secrétaire général de l’association “Mayotte à soif” qui alerte aussi sur le manque de médecins à l’hôpital de Mayotte.
“La réponse du gouvernement est insuffisante”, abonde ce vendredi sur RMC et RMC Story Estelle Youssouffa, députée de Mayotte. “L’île est un désert sanitaire, notre seul hôpital ne fonctionne que sur la réserve sanitaire. Cet hôpital, c’est d’abord une énorme maternité et ensuite un service d’urgence, avec seulement 5 urgentistes alors qu’on a 500.000 habitants”, poursuit l’élue.
Course contre la montre
Les renforts annoncés par le ministre de la Santé sont une bonne nouvelle se félicite Marion Ramstein, la coordinatrice générale de Médecins du Monde à Mayotte. Mais elle appelle à absolument aller au contact des populations les plus fragiles comme les migrants: “Le choléra c’est une maladie qu’on peut soigner mais il faut aller vite. Pour cela il faut que les centres de santé soient accessibles, que les personnes puissent appeler le 15 et que les ambulances puissent accéder aux bidonvilles ce qui n’est pas toujours évident”.
“Il faut que les gens n’aient pas peur d’appeller le 15 ni de se présenter dans les centres de santé, par peur d’être arrêté par la police aux frontières”, poursuit-elle.
L’ONG redoute aussi que les moyens humains mis dans la lutte contre le choléra ne se fassent au détriment des autres maladies qui frappent aussi Mayotte.
L’immigration illégale pointée du doigt
De son côté la députée Estelle Youssouffa “conste la stratégie sanitaire” et demande “des distributions d’eau face aux coupures”. “Il faut une campagne de vaccination massive et volontaire, on a au moins 3 foyers de choléra et la rentrée scolaire se fait lundi prochain”, ajoute l’élue. “Je suis abasourdie par la décontraction apparente des autorités. On a déjà un mort, il n’en faut pas plus”.
Estelle Youssouffa pointe du doigt l’inefficacité de la lutte contre l’immigration illégale venue des Comores, qu’elle accuse d’avoir importé le choléra à Mayotte: “Le rideau de fer qu’on nous promis en mer n’est apparemment pas en place. Il faut des mesures concrètes pour sauver notre population”, conclut la députée.