Choléra à Mayotte : nombre de cas, pays touchés… Où en est l’épidémie dans le monde ?
Des gens remplissent des bouteilles et des seaux d’eau potable dans la commune de Kuwadzana, lors du lancement d’une campagne de vaccination contre le choléra dans les zones touchées, à Harare en Zimbabwe, le 29 janvier 2024.
Plus de 150 000 cas ont été recensés dans le monde depuis le début de l’année 2024, selon l’Organisation mondiale de la santé. Le nombre de cas est en augmentation depuis 2021. Voici un état des lieux sur l’épidémie dans le monde.
L’épidémie de choléra à Mayotte, département français de l’Océan indien, a touché pour le moment 65 personnes, dont une fillette de trois ans décédée mercredi, a annoncé ce vendredi 10 mai 2024 le ministre de la Santé Frédéric Valletoux. La maladie infectieuse est en forte recrudescence ces dernières années dans le monde, affectant prioritairement pays pauvres et zones en guerre. Nombre de cas par an, les pays les plus touchés… On fait un point sur la situation du choléra dans le monde.
L’Afghanistan, le pays le plus touché depuis début 2024
Depuis le début de l’année jusqu’au 29 avril, l’Organisation mondiale de la santé a recensé 151 866 cas du choléra dans le monde, dont 1 807 morts parmi eux. L’épidémie touche majoritairement le continent africain et le Moyen-Orient.
L’Afghanistan est actuellement le pays le plus touché, avec près de 36 000 cas enregistrés pendant les quatre premiers mois de l’année. Suivi par la Zambie, qui a décompté plus de 20 000 cas sur la même période, dont 637 morts, chiffre le plus élevé au monde.
Par ailleurs, ces données sont bien probablement sous-estimées par rapport à la réalité. « Plusieurs pays ne disposent pas d’un système de communication de l’information sur le choléra. C’est pourquoi il n’est pas possible de fournir une liste complète des pays connaissant une flambée épidémique ni un décompte exact des cas et des décès », a expliqué l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans une publication sur son site.
À ce 10 mai, 65 cas ont été identifiés sur l’île de Mayotte. Cette flambée intervient alors qu’une importante épidémie est en cours dans l’archipel voisin des Comores où on comptabilise 98 décès et plus de 4 500 cas depuis le début de l’année.
En France métropolitaine, cette maladie est devenue très rare et essentiellement rapportée par des voyageurs de retour de pays ou de zones infectées : on compte en moyenne zéro à deux cas par an depuis le début des années 2000, selon le ministère de la Santé.
Il faut remonter à 1986 pour trouver trace d’une flambée dans l’Hexagone, essentiellement à partir de cas importés d’Afrique du Nord, avec plus d’une trentaine de cas et un enfant de 10 ans mort après un séjour en Algérie.
Les cas ont doublé entre 2021 et 2022
Effet du changement climatique et de la multiplication des conflits, le nombre de cas de choléra explose actuellement dans le monde, souligne l’Organisation mondiale de la santé.
Les cas rapportés ont plus que doublé entre 2021 et 2022 pour atteindre 473 000, puis ont encore grimpé à plus de 700 000 en 2023.
Par ailleurs, un pic a été enregistré en 2017 : plus de 1,2 million de cas ont été rapportés dans le monde, soit le chiffre le plus élevé depuis 1949. Le Yémen, qui a totalisé 84 % de tous ces cas, est devenu le premier pays ayant fait état de plus d’un million de cas présumés au cours d’une seule année selon l’OMS. Tandis que la République démocratique du Congo (56 190) et la Somalie (75 414) ont pratiquement atteint le nombre record de cas de toute leur histoire récente aussi en 2017.
«Â Il existe un lien étroit entre la transmission du choléra et un accès inadapté à l’eau potable et à des installations d’assainissement », souligne l’OMS.
Les endroits à risque d’épidémie sont typiquement des camps de réfugiés : les crises humanitaires avec les déplacements de populations et des difficultés d’accès à l’eau potable, augmentent considérablement les risques.
Le changement climatique en augmentant intensité et fréquence des inondations, des cyclones et des sécheresses, perturbe l’accès à l’eau potable et « crée un environnement idéal pour le développement du choléra », explique l’Organisation mondiale de la santé, rapporté par l’Agence France-Presse. Un exemple récent : les cas de choléra au Mozambique ont été multipliés par dix après le passage du cyclone Freddy qui, début 2023, a privé d’eau potable une partie des habitants.