Choléra à Mayotte : 65 cas détectés, l’épidémie est « sous contrôle », selon le ministre de la Santé
Le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux en avril 2024. LP/Fred Dugit
Il se veut rassurant. Deux jours après l’annonce du décès d’une fillette de 3 ans du choléra à Mayotte, le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux – en visite sur ce territoire d’Outre-mer depuis jeudi – a estimé ce vendredi sur RTL que l’épidémie était « circonscrite ».
«Ã‚ Elle est sous contrôle par son ampleur territoriale » limitée, a-t-il justifié. Selon lui, 65 cas de choléra ont été détectés dans l’archipel français, depuis que le premier a été importé des Comores voisines àla mi-mars.
Tous sont aujourd’hui concentrés dans le quartier Kirson de Koungou. D’après Frédéric Valletoux, 3 700 personnes sont désormais vaccinées « par pallier » dans ce secteur. « On vaccine d’abord l’entourage des personnes touchées », a expliqué le ministre délégué à la Santé. La vaccination est ensuite élargie à ceux ayant été en contact avec les personnes touchées.
«Ã‚ Il y a environ 7 000 vaccins sur l’île et 6 000 arrivent la semaine prochaine », a rassuré Frédéric Valletoux qui parle de « volumes importants pour l’été » en cas de besoin. « La stratégie vaccinale n’est pas de vacciner tous azimuts et àl’aveugle, mais de manière concentrique », a-t-il résumé.
Paris n’ « n’abandonnera pas Mayotte »
Frédéric Valletoux a martelé que l’État n’ « n’abandonnerait pas Mayotte ». « Quatre-vingt-six réservistes (de santé) venant de l’Hexagone sont sur le terrain et donnent de leur temps pour aider sur le choléra », a-t-il salué. « Il faut faire face pour éviter des problèmes de santé publique et lorsqu’ils apparaissent comme là avec le choléra, il faut agir tout de suite. Il y a beaucoup de dévouement sur le terrain. »
Le ministre délégué à la Santé a notamment salué l’action « d’associations comme la Croix Rouge », qui expliquent concrètement à la population comment se prémunir du choléra, une maladie qui se propage essentiellement à travers de l’eau insalubre, alors que Mayotte fait face à une crise hydrique.
«Ã‚ Nous continuerons les distributions d’eau autant que nécessaire », a insisté Frédéric Valletoux. Selon lui, des rampes d’eau ont également été installées dans certains quartiers. D’après une étude de l’Insee, 29 % des résidences principales mahoraises n’ont pas accès àl’eau courante, obligeant des habitants àrécupérer de l’eau de pluie.
Un difficile accès aux soins
Frédéric Valletoux a reconnu les difficultés auxquelles font face le système de santé et les soignants sur l’île, qui ne compte qu’un hôpital et cinq urgentistes, pour quelque 310 000 habitants selon des chiffres officiels de la population, probablement largement sous-estimés. « Les équipes ici souffrent parce qu’elles sont soumises en permanence et depuis longtemps à des rythmes extrêmement tendus », a-t-il constaté.
«Ã‚ Des travaux » d’extension et de modernisation de l’hôpital, pour 242 millions d’euros, « démarrent dans quelques semaines », a-t-il dit, auxquels s’ajoute l’engagement des pouvoirs publics « àconstruire un deuxième hôpital dans une autre partie de l’île ».
Ce jeudi déjà, Frédéric Valletoux avait estimé qu’il n’y avait pas « d’explosion » du choléra. « Mais ça ne veut pas dire que ça va s’arrêter du jour au lendemain », avait-il affirmé en marge de sa visite au CHU de l’île. Les premiers cas de choléra avaient été recensés mi-mars chez des personnes revenant des Comores, où l’épidémie flambe avec 98 décès selon le dernier bilan officiel. À Mayotte, les premiers cas diagnostiqués chez des patients n’ayant pas quitté l’île sont apparus fin avril.
Invitée sur RMC ce vendredi, la députée LIOT de Mayotte Estelle Youssouffa s’est dite « abasourdie par le calme apparent des autorités ». « Pour moi, la réponse du gouvernement est insuffisante. Le sujet : c’est qu’il y a une épidémie de choléra dans un département français en 2024 avec des dizaines de milliers de personnes qui s’entassent dans des bidonvilles dans des conditions indignes et qui sont réticentes à aller au-devant des autorités », a-t-elle lancé. Elle réclame donc « une vaccination massive volontaire » à Mayotte.