Ce que l’on sait de l’épidémie de choléra qui a fait un mort à Mayotte
Ce que l’on sait de l’épidémie de choléra qui a fait un mort à Mayotte
Un enfant de trois ans est décédé du choléra dans le département de Mayotte mercredi 8 mai, a annoncé l’Agence régionale de santé. Il s’agit du premier décès lié à cette maladie en France depuis 1986. Symptômes, vaccins, facteurs de risque… On fait le point sur la situation.
• Où en est l’épidémie en France ?
Au 6 mai, 58 cas ont été identifiés sur l’île de Mayotte, département français situé dans l’océan Indien. Une campagne de vaccination est en cours, et plus de 4 000 personnes ont été vaccinées à ce jour, selon l’Agence régionale de santé.
Cette flambée intervient alors qu’une importante épidémie est en cours dans l’archipel voisin des Comores où on comptabilise 98 décès et plus de 4 900 cas depuis le début de l’année.
Il faut remonter à 1986 pour trouver trace d’une flambée dans l’Hexagone, essentiellement à partir de cas importés d’Afrique du Nord, avec plus d’une trentaine de cas et un enfant de 10 ans mort après un séjour en Algérie.
A Mayotte, l’épidémie de choléra fait un mort
En France métropolitaine, cette maladie est devenue très rare et essentiellement rapportée par des voyageurs de retour de pays ou de zones infectés : on compte en moyenne zéro à deux cas par an depuis le début des années 2000, selon le ministère de la Santé.
• D’où vient cette maladie ?
Le choléra est provoqué par l’absorption d’aliments ou d’eau contaminés par une bactérie, le bacille vibrio cholerae ou vibrion cholérique. Il s’agit d’une infection diarrhéique aiguë.
Les trois quarts des personnes infectées n’expriment aucun symptôme. Mais quand elle se manifeste, la maladie peut être redoutable pour 10 à 20 % des cas, avec diarrhées sévères et vomissements qui provoquent une déshydratation accélérée.
En l’absence de traitement, le choléra est l’une des maladies infectieuses les plus rapidement fatales : la mort peut survenir en un à trois jours. Seule une prise en charge rapide par perfusion, avec l’administration de sels de réhydratation et d’antibiotiques, permet d’éviter la mort.
• Existe-t-il un vaccin ?
Plusieurs vaccins oraux ont été mis au point et sont recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les zones où le choléra est endémique et durant les épidémies. Mais la multiplication des flambées a limité dangereusement les stocks et contraint les organisations humanitaires à réduire le nombre de doses administrées lors des campagnes de vaccination.
L’OMS a donné en avril son feu vert à la version simplifiée d’un vaccin, produit par le groupe sud-coréen EuBiologics, pour accélérer la production et regonfler les stocks mondiaux de sérums anticholériques.
• Quelles sont les populations les plus vulnérables ?
«Â Il existe un lien étroit entre la transmission du choléra et un accès inadapté à l’eau potable et à des installations d’assainissement » souligne l’OMS. La liste des récentes flambées de choléra, en Haïti, Syrie ou République démocratique du Congo, montre combien cette maladie est un marqueur de la pauvreté, de l’instabilité et des conflits armés.
Les endroits à risque d’épidémie sont typiquement des camps de réfugiés : les crises humanitaires avec les déplacements de populations et des difficultés d’accès à l’eau potable, augmentent considérablement les risques.
Un an de guerre au Soudan : « 24 millions d’enfants vivent un cauchemar quotidien »
Le changement climatique aggrave la situation en augmentant intensité et fréquence des inondations, des cyclones et des sécheresses. Cela perturbe l’accès à l’eau potable et « crée un environnement idéal pour le développement du choléra », selon l’OMS. Exemple récent : les cas de choléra au Mozambique ont été multipliés par dix après le passage du cyclone Freddy qui, début 2023, a privé d’eau potable une partie des habitants.