Au Panama, le conservateur José Raul Mulino remporte largement la présidentielle
Au Panama, le conservateur José Raul Mulino remporte largement la présidentielle
Le candidat conservateur José Raul Mulino, grand favori des sondages, a largement remporté la présidentielle ce dimanche 5 mai au Panama. L’avocat de 64 ans a obtenu plus de 34 % des suffrages, neuf points devant son principal adversaire, le candidat de centre droit, l’ancien consul Ricardo Lombana, qui a reconnu sa défaite.
«Â J’ai le plaisir, au nom du Tribunal électoral, de vous informer que […] vous avez remporté la présidence de la République » du Panama, a déclaré le président du tribunal électoral Alfredo Junca lors d’un appel téléphonique à José Raul Mulino retransmis en direct à la télévision.
Le président élu a dit recevoir ces résultats avec « responsabilité et humilité ». « Je ne suis la marionnette de personne », a-t-il tenu à souligner lors d’un discours devant ses partisans.
Twitter – José Raúl Mulino on Twitter / X
José Raul Mulino s’était retiré dans sa ferme, parmi ses cheveux, après avoir été plusieurs fois ministre. Il était revenu avec l’ambition de devenir vice-président, dans l’ombre de l’ex-chef de l’Etat Ricardo Martinelli, candidat aux élections de 2024 après avoir été au pouvoir de 2009 à 2014. La condamnation en mars de l’ancien président à 11 ans de prison pour blanchiment a propulsé José Raul Mulino sur le devant de la scène.
L’ombre de l’ex-président Martinelli
Interdit de se présenter, Ricardo Martinelli, réfugié depuis le 7 février à l’ambassade du Nicaragua, avait désigné Molino, comme son successeur. L’ombre de l’ancien chef de l’Etat a plané sur cette élection malgré son départ du pays.
Ricardo Martinelli est également poursuivi pour écoutes téléphoniques illégales et corruption dans le méga-scandale de l’entreprise de construction brésilienne Odebrecht. José Raul Mulino a été son ministre de la Sécurité, puis ministre des Affaires étrangères et ministre de la Justice. Entre 2015 et 2016, le président élu dimanche a été placé en détention provisoire pour corruption, avant d’être libéré pour des erreurs de procédure.
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José Raul Mulino ne cache pas sa proximité avec Ricardo Martinelli. Après avoir voté, il s’est rendu à l’ambassade du Nicaragua où il a retrouvé l’ancien président. Les deux hommes se sont salués d’une accolade chaleureuse, et échangé des « mon frère », « nous allons gagner », selon une vidéo publiée par l’équipe de campagne du parti Realizando Metas (RM), fondé par Ricardo Martinelli.
Un pays miné par la corruption et la dette
«Â Préférer comme président le représentant direct d’un fugitif condamné pour corruption, c’est se prononcer en faveur de la tricherie comme mode de vie et embrasser publiquement la corruption », a déclaré le célèbre chanteur de salsa panaméen Rubén Blades, qui s’est personnellement impliqué dans la campagne.
Le scrutin de dimanche intervient alors que le Panama souffre d’une corruption endémique, vient de traverser une grave sécheresse qui a réduit le trafic maritime dans son célèbre canal, moteur de son économie, et que la question migratoire est omniprésente avec l’entrée dans le pays en 2023 d’un demi-million de migrants en route vers les Etats-Unis à travers la redoutable jungle du Darién à la frontière colombienne.
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Le futur président et son gouvernement devront faire face à des prévisions économiques en berne avec une croissance chutant de 7,3 % en 2023 à 2,5 % en 2024, selon le Fonds monétaire international (FMI). Des milliers d’emplois ont été perdus avec la fermeture de la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert d’Amérique centrale sur fond de manifestations environnementales et de polémique autour du contrat de concession.
«Â La situation économique est très complexe », estime l’économiste Felipe Chapman. Le bilan du président sortant social-démocrate Laurent Cortizo est miné par un déficit de 7,2 % et une dette publique de 50 milliards de dollars.