Argentine : le gouvernement de Javier Milei annonce une dévaluation du peso de plus de 50 %
Buenos Aires, Argentine, le 10 décembre 2023. Javier Milei est investi en tant que nouveau président de l’Argentine. Reuters/Agustin Marcarian
Une décision radicale pour combler un déficit colossal. Le gouvernement argentin du président ultralibéral Javier Milei, investi dimanche, a annoncé mardi une forte dévaluation de plus de 50 % du peso, la monnaie nationale, passant à 800 pesos pour un dollar, pour stabiliser l’économie en proie à une inflation et un endettement chroniques.
La dévaluation, vouée à relever le pouvoir d’achat, fait partie d’une série de mesures « d’urgence » annoncées par le ministre de l’Économie Luis Caputo, dont une réduction des subventions publiques à l’énergie et aux transports. Le président Milei réaffirmait dimanche l’objectif colossal de réduction du déficit de 5 % du PIB, et avertissait que « la situation va empirer » à court terme, en parallèle à une stagflation en 2024 (inflation couplée à une stagnation de l’activité).
« Nouvelles autorités » financières
D’après les déclarations des dernières semaines, sont dans le collimateur les subventions à l’énergie et aux transports, dans une économie structurellement sur-subventionnée ; l’émission monétaire par la Banque centrale, qui pourrait être restreinte, voire stoppée ; un secteur public dense, de plus de 3,4 millions de personnes, soit plus de 18 % de l’emploi total, ratio le plus élevé d’Amérique latine.
Chez les « arbolitos », changeurs à la sauvette au cours parallèle dans l’hypercentre touristique de Buenos Aires, habituel baromètre de l’anxiété ambiante, les échanges d’un volume courant se négociaient à 1 000 pesos pour un dollar lundi soir, contre 980 un peu plus tôt. À 2,5 fois le cours officiel tout de même. Dans l’attente des annonces, la Banque centrale fonctionnait lundi au ralenti sur le marché des changes, comme un quasi-jour férié, officiellement pour laisser le temps aux « nouvelles autorités » financières de s’installer, dont le président de l’institution.
Milei a pour sa part présidé lundi une première réunion de son cabinet – délibérément restreint à neuf ministres, austérité oblige. Rencontre matinale, à 8h30, que sa vice-présidente Victoria Villaruel dit vouloir instaurer comme « une habitude très importante, de fonctionnaires qui travaillent tôt, comme n’importe quel citoyen » argentin.