Après son élimination en Ligue des champions, le coup de barre du PSG
Le milieu de terrain du PSG Warren Zaire-Emery frappe le poteau lors de la demi-finale retour contre le Borussia Dortmund, au Parc des Princes, le 7 mai 2024.
Tout s’est envolé mardi 7 mai au Parc des Princes après la défaite (0-1) du Paris-SG en demi-finale retour, scellant une double confrontation qui avait vu les Allemands du Borussia Dortmund l’emporter à l’aller sur le même score. La perspective d’une finale le 1er juin à Wembley, la fable d’une moitié de tableau facile puisque débarrassée de Manchester City ou du Real Madrid, le mythe d’une force collective d’un PSG qui aura très précisément été dominée là-dessus par Emre Can et compagnie.
Tout, sauf deux choses. L’arrogance, déjà. Le président parisien Nasser al-Khelaïfi est venu après le match expliquer l’élimination par «la malchance», renvoyant aux pelotes un malheureux confrère qui a eu le malheur de lui demander s’il comptait repartir avec l’entraîneur actuel, Luis Enrique : «Mais c’est quoi cette question ? Vous connaissez le foot ?» Luis Enrique justement, en conférence de presse : «On n’a pas été inférieur sur les deux rencontres. On a tiré six fois sur le poteau [dont deux barres transversales, ndlr], on a tiré 31 fois au but [mardi] et on n’a pas marqué. C’est curieux, le football. Mais il récompense celui qui marque et non celui qui tire sur les poteaux. Ce n’est pas sérieux de demander pourquoi ça a fait poteau plutôt que but. La différence entre les deux, c’est quoi ? Ça dépend de quoi ? On a eu de la malchance. Si tu me dis que c’est à cause des joueurs qu’on frappe le poteau, c’est bizarre.»
«Quand tu es bon, ça ne tape pas le poteau»
C’est pourtant bien ce que Kylian Mbappé racontait à quelques dizaines de mètres de là, ou à peu près, mais bon, on y reviendra. Deuxième constante : la communication du club sur les lendemains qui chantent, martelée en début de saison et quelque peu mise en sourdine ces dernières semaines. Al-Khelaïfi : «On construit quelque chose pour le futur. Ce n’est que le début.» Le milieu de terrain Vitinha : «Je pense qu’on n’est qu’au début du projet mais là, tout de suite, je ne sais pas quoi dire.» Le défenseur et capitaine Marquinhos, toujours corporate : «En début de saison, personne ne croyait à ce qu’on arrive jusque-là.» Avec la plus grande masse salariale de la planète (750 millions d’euros annuels, le Real Madrid vient ensuite avec 520), l’idée avait frappé au cerveau de quelques-uns quand même. Le Brésilien, toujours : «On a surmonté beaucoup d’obstacles. Il ne faut pas tout jeter en l’air maintenant parce qu’on est éliminé. Il faut se souvenir que c’est un nouveau projet, avec un nouveau coach. Il y a des choses positives à ramener la saison prochaine.»
Que Mbappé ne verra pas, du moins pas sous le maillot parisien. Se sachant ciblé en tant qu’attaquant vedette d’une équipe qui n’a pas mis le moindre but en plus de trois heures de jeu, le capitaine des Bleus est allé assumer devant les micros ce qu’il y avait à assumer. «On doit marquer, a-t-il dit d’entrée. On a les opportunités pour marquer mais quand tu ne le fais pas, quand tu n’es pas efficace dans les deux surfaces, c’est difficile d’aller au tour suivant. Cette équipe a donné beaucoup. Elle a essayé de rendre fier tous les gens qui étaient là. Ça n’a pas suffi. Je ne sais pas si on a été battu par plus fort que nous, pas besoin non plus de dénigrer l’adversaire. Mais à mon humble avis, ils ont été supérieurs dans les deux surfaces. Après, chacun fera son analyse, mais la vérité, c’est qu’ils sont venus une ou deux fois chez nous et ils ont marqué alors que, nous, on est souvent venus dans leur surface sans réussir à marquer. Et ça, c’est implacable. Je n’aime pas trop parler de malchance parce que quand tu es bon, ça ne tape pas le poteau. Ça va dedans. Et quand on parle d’efficacité dans les deux surfaces, je pense être le premier visé. Je suis le gars qui doit marquer les buts. Quand ça passe, je prends toute la lumière mais quand ça ne marche pas, il faut prendre l’ombre aussi. Il n’y a aucun problème avec ça. Le premier qui doit marquer ce soir [mardi], c’est moi. Maintenant, c’est la vie. Il faut s’en remettre, que ce soit moi ou l’équipe.»
Les jeunes ont fait leur âge
Pas un mot sur les derniers mois étranges qu’il aura vécus, entre vexations à répétition pour complaire à la direction du club et replacement dans l’axe, une position qu’il n’aime guère. Mardi, Mbappé a été replacé à gauche pour laisser le poste d’attaquant de pointe à Gonçalo Ramos, qui a raté tout ce qu’il a voulu. Si l’on ajoute la discrétion de jeunes joueurs qui ont brusquement fait leur âge (Bradley Barcola à l’aller, Warren Zaïre-Emery au retour) ou à un Ousmane Dembélé qui a fini par plonger lui-même mardi dans le chaos qu’il propage, la martingale offensive n’était pas facile à trouver quand même.
Et l’exil à venir de Mbappé va forcément compliquer les choses. Il en va de la saison 2023-2024 du Paris-SG comme de la phrase du personnage joué par Charles Bronson dans les Sept Mercenaires, réalisé par John Sturges en 1960 : «Quand tu rates la bonne occasion, tu rates aussi les autres.»