Accord sur les retraites à la SNCF: "C'est faux de dire que le contribuable ne payera pas"
Bruno Le Maire a annoncé ce jeudi convoquer à Bercy le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, après l’accord sur la retraite des cheminots. Le ministre des Transports Patrice Vergriete a assuré mardi dernier que le “contribuable ne versera pas un centime pour financer cet accord”. “C’est complètement faux”, rétorque l’économiste Erwan Tison sur RMC.
L’accord signé par les quatre syndicats représentatifs de la SNCF concernant la retraite des cheminots est dans le viseur de Bruno Le Maire. Sur RMC-BFMTV ce jeudi, le ministre de l’Economie a déclaré ne pas avoir été “averti” et a annoncé convoquer le patron de l’entreprise ferroviaire à Bercy, Jean-Pierre Farandou.
Pour le sénateur Gérard Cornu (LR), “l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de voyageurs suscite les inquiétudes légitimes des salariés de SNCF Mobilités”.
L’accord va permettre aux cheminots de cesser leur activité avant la retraite, avec plus d’un an non travaillé et rémunéré à 75% selon les catégories, suscitant des accusations de détournement de la réforme des retraites mise en place l’an dernier.
“La SNCF est 100% payée par le contribuable”
Le ministre des Transports Patrice Vergriete avait assuré mardi à l’Assemblée que “le contribuable ne versera pas un centime pour financer cet accord”. “C’est complètement faux de dire que le contribuable ne payera pas cette hausse”, a rétorqué Erwan Tison sur RMC, dans Estelle Midi.
L’économiste a notamment rappelé que la SNCF est financée via “l’impôt et le prix du billet de train”. “La SNCF est 100% payée par le contribuable. (…) On remarque qu’il y a déjà une part du billet de train dédiée au financement de certains régimes spéciaux”, a-t-il ajouté.
A propos de la convocation du patron de la SNCF à Bercy, Erwan Tison est davantage circonspect. “L’accord a été signé, cela va être difficile de le détricoter”. Il précise par ailleurs que “l’accord d’entreprise est libre”. L’économiste s’est dit davantage inquiet sur les propos de Bruno Le Maire qui affirme ne pas avoir été “averti”.
“Ça paraît compliqué d’imaginer que l’Etat, actionnaire, n’ait pas été mis au courant. Ou alors, ça voudrait dire qu’il est un piètre actionnaire”, s’inquiète l’économiste Erwan Tison.
“Entre l’incompétence et l’impotence, je ne sais pas quel est le pire”, a-t-il raillé. Selon lui, il s’agit plus d’un rétropédalage au vu de la réception médiatique de cet accord: “Il y a de grandes chances que l’Etat ait laissé passer. Il y a les JO dans les prochaines semaines, il y a eu des négociations accélérées et parfois très généreuses, à cause de cette échéance”.
Retraite anticipée
L’accord entre syndicats et direction vise à améliorer un dispositif existant de retraite anticipée et qui datait de 2008. Il permettra par exemple aux conducteurs d’entamer une “cessation anticipée d’activité” 30 mois avant leur retraite avec 15 mois travaillés rémunérés à 100% et 15 mois non travaillés rémunérés à 75%.
Pour les contrôleurs, qui avaient provoqué des annulations massives de train en plein week-end de vacances scolaires en février avec une grève, l’accord est encore plus avantageux puisqu’il court sur 36 mois dont 18 non travaillés et payés à 75%.