« Absurde », mais pas que… Courir un marathon en jonglant, l’incroyable défi de Johan
A 38 ans, Johan Swartvagher va courir dimanche le marathon de Saumur… tout en jonglant. Une première pour cet artiste professionnel, « piètre coureur amateur ». Rencontre
Johan Swartvagher va courir le marathon de Saumur le 5 mai en jonglant sur tout le parcours
LA Tête, (LES BRAS) ET LES JAMBES – A 38 ans, Johan Swartvagher va courir dimanche le marathon de Saumur… tout en jonglant. Une première pour cet artiste professionnel, « piètre coureur amateur ». Rencontre
Ce serait un vrai coup de massue s’il ne franchissait pas la ligne d’arrivée. Et pas uniquement pour le jeu de mots. Ce dimanche, Johan Swartvagher compte bien relever le défi complètement fou qu’il s’est lancé depuis près d’un an : à 38 ans, l’Angevin s’apprête à courir son premier marathon tout en jonglant avec trois quilles. Un parcours de plus de 42 km le long de la Loire, au départ de Saumur, pendant lequel ni ses bras ni ses jambes ne s’arrêteront de bouger, sauf pendant les quelques dizaines de secondes nécessaires pour se ravitailler.
Parmi ses forces, annonçons-le d’emblée : Johan est jongleur professionnel. Parmi ses faiblesses, il se définit comme « un piètre coureur amateur » et cette distance, qu’il espère avaler en 4h30, sera la plus longue jamais parcourue. Et ça donne quoi quand il faut conjuguer les deux ? Clac, clac, clac… Bercé par le bruit des massues, Johan mise sur cette « coordination venue petit à petit » qu’il faut surtout éviter d’enrayer. On regarde tout droit et on ne pense pas plus à ses pieds qu’à ses mains.
« Enrouler le macadam » avec les massues
«Ã‚ La vraie difficulté c’est le vent, qui pourrait vraiment mettre àmal l’épreuve car il me demanderait de me réadapter en permanence, causant une vraie fatigue psychique », craint Johan àquelques jours de l’événement. L’objectif : que les quilles tombent le moins possible (car il faut àchaque fois s’arrêter, faire trois pas en arrière, se baisser) sur les près de 40.000 lancers qu’il devrait réaliser. Au moins, contrairement aux balles, elles ne roulent pas…
Ce défi, présenté par l’intéressé comme « ludique » voire carrément « absurde », ne l’est pas tant que ça. Car derrière la performance physique, Johan a surtout construit une véritable démarche artistique, concrétisée dans un podcast (En finir) de dix épisodes, enregistrés pendant les runs et encore le jour J. Il y interroge notamment les liens entre les deux univers, finalement pas si éloignés. « Il faut de l’endurance, de l’abnégation, c’est quelque chose que l’on fait sur le long cours, et je crois que c’est ça qui me touche », raconte ce père de deux enfants, qui s’imagine « enrouler le paysage et le macadam » avec ses massues, à force que les kilomètres défilent.
« Ma seule et unique chance »
Cette course, cet homme humble et déterminé la voit comme un spectacle, dans lequel « la poétique de perdant aura aussi sa place, s’il le faut ». Mais ce n’est évidemment pas le scénario privilégié. « C’est un peu de pression car ce sera ma seule et unique chance. Ce spectacle sera certes répétitif pour moi mais pour le public qui sera au bord de la route, il ne durera qu’une quinzaine de secondes. Je me dois de pouvoir leur offrir ». Le parcours sera même ponctué de figures, promet l’artiste au costume jaune fluo. Et ce même si une cloque douloureuse est récemment apparue entre sa paume et l’un de ses doigts.
Mais il n’y a pas que pour les spectateurs que Johan veut aller au bout. De l’autre côté de l’Atlantique, un autre « joggleur », comme on les appelle, espère la réussite de celui qui court dans ses pas. En 2016, le Canadien Michal Kapral entrait dans le Guinness book après avoir terminé un marathon en jonglant, avec un incroyable chrono de 2 heures 50. Amis, les deux hommes s’étaient lancé le défi de parcourir les 130 km qui séparent Caen de Rouen de la même manière il y a trois ans. Johan n’avait pas pu terminer le périple en raison du décès soudain de sa mère. Il lui restait alors… 42 km à parcourir.
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