À propos de notre "portrait crashé" sur Meyer Habib
Non, écrire que Meyer Habib correspond à des stéréotypes antisémites n’est pas antisémite. Le fait que les caractéristiques particulières d’un individu correspondent à ces clichés ne signifie pas que ces clichés soient valides.
« Où il est le journaliste que je lui crève les yeux ! ? Où il est ! ? » Notre précédente référence à la Madame Sarfati, d’Élie Kakou, a eu l’effet inverse de celui recherché : alors que l’autodérision de son personnage de mère séfarade semblait nous autoriser à décrire avec un brin d’humour l’apparence du député Meyer Habib, ce passage de notre dernier « portrait crashé » a provoqué l’émoi de l’intéressé et d’une partie de nos lecteurs. Soyons clairs, toute référence au physique d’un individu, même pour en pointer l’inanité, est malvenue. Cette maladresse, que nous reconnaissons volontiers, a toutefois servi à instruire un très mauvais procès à l’endroit de Marianne, accusé d’antisémitisme et comparé sans honte à Rivarol ou à Je suis partout.
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Non, écrire que Meyer Habib correspond à des stéréotypes antisémites n’est pas antisémite. Le fait que les caractéristiques particulières d’un individu correspondent à ces clichés ne signifie pas que ces clichés soient valides. Autrement dit : non, « les juifs » ne sont pas comme Meyer Habib, parce que « les juifs », ça n’existe pas, et non, les positions d’un Meyer Habib ne justifient pas de haïr les juifs. Ce n’est qu’au prix d’un faux syllogisme que l’on peut faire dire autre chose à notre texte.
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Soit, mais pourquoi avoir fait état de cette correspondance ? Précisément parce que Meyer Habib « coche » toutes les cases des stéréotypes antisémites, il nous a paru insidieux, dans cet exercice à charge, d’aligner ces éléments de portrait en feignant d’ignorer que ces pointillés dessinaient une ligne qui n’était pas la nôtre, mais celle des antisémites. On a voulu voir dans cette clarification une prétérition. Rien n’est plus faux. Il s’agissait bien de marquer notre différence, pour arriver au cœur de notre argumentation : « Nous ne reprochons pas à Meyer Habib d’avoir une identité, mais d’être un identitaire. »
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Polarisation communautaire
Mettons de côté l’orgueil du plumitif. Puisque des lecteurs ont sincèrement pensé que cet article était antisémite, c’est que l’exercice est raté, au moins en partie. Bien que nous restions convaincus qu’une lecture « littérale » de ce texte ne puisse honnêtement conclure à son antisémitisme, force est de constater qu’en passant rapidement sur l’évidence peut-être n’avons-nous pas assez insisté sur l’essentiel : « L’antisémitisme est une abomination. »
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Pour autant, nous ne pouvons que déplorer la polarisation communautaire dont les réactions à ce papier sont une énième preuve, avec d’un côté des partisans de la Palestine applaudissant, de l’autre, des défenseurs d’Israël criant à l’antisémitisme. Les Français musulmans devraient dire haut et fort que les positions de Meyer Habib ne peuvent servir de prétexte à l’antisémitisme ; les Français juifs devraient dire haut et fort que Meyer Habib ne représente pas les juifs et doit être combattu politiquement.