A Marseille, Macron veut sa part du succès
Emmanuel Macron en visite mercredi 8 mai 2024 à la Marina olympique” de Marseille. Ludovic Marin, Reuters.
De la flamme du soldat inconnu à la flamme olympique. Le 79e anniversaire de la victoire des Alliés à peine commémoré à Paris, Emmanuel Macron a filé à Marseille ce mercredi 8 mai pour célébrer l’arrivée de la flamme olympique. «On rentre dans les jeux. Le pays entre dans les jeux avec l’arrivée de la flamme, du Belem», s’est réjoui le chef de l’Etat en arrivant au stade nautique du Roucas Blanc, dans la Marina olympique qui accueillera les épreuves de voile. Une étape non prévue à son programme officiel.
Face à l’équipe de France de voile, le Président réitère l’objectif de médailles assigné aux athlètes : «On veut être dans le top 5, énonce-t-il. Allez-y. Faites-nous rêver et rendez-nous fiers !» A Tokyo, la voile française a ramené trois breloques. Les athlètes alignés en rang d’oignon devant Emmanuel Macron espèrent dépasser cette barre. «Et la clé pour les épreuves qui sont les vôtres, c’est quoi ?», s’enquiert le chef de l’Etat. «Aller vite», réplique la kitesurfeuse Lauriane Nolot, championne du monde 2023 et grand espoir de titre. «C’est bien résumé», convient-il, flanqué de la ministre des Sports et des JO, Amélie Oudéa-Castéra, et de la Marseillaise Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’Etat chargée de la Ville et de la Citoyenneté.
Promesse d’une «trêve olympique»
Entre deux «quels sont vos objectifs ?», le Président se balade entre les embarcations, soupèse les planches, papote vitesse du vent et équilibre : «Et alors cette marina, vous l’avez adoptée ?» Les équipements flambant neuf feront partie de l’héritage des Jeux. L’ambiance de la journée est œcuménique. Le maire socialiste de la ville, Benoît Payan, assure qu’il n’est pas fâché de ne pas avoir été averti en amont du passage d’Emmanuel Macron au Roucas Blanc. Quelques instants plus tôt, le chef de l’Etat avait pris soin de le flatter en public : «C’est une journée particulière, elle va encore nourrir la jalousie de beaucoup de villes à votre endroit, monsieur le maire.» Payan raconte qu’il a dû batailler face au Finistère pour que Marseille accueille la flamme. L’occasion de tisser un récit sur l’origine phocéenne de sa ville, donc liée à la Grèce.
L’accueil des Macron sur le Vieux-Port vers 19 heures est mitigé. Quelques huées saluent le couple présidentiel, contrastant avec les mains tendues et les demandes de selfies d’autres Marseillais retenus derrière des barrières. Le Président ne laisse pas passer une occasion de surfer sur la liesse exprimée pendant la cérémonie d’accueil de la flamme. Il accorde une interview au débotté à France 2 et TF1 pile au début de leurs journaux de 20 heures. «C’est la fête des Françaises et des Français, je veux qu’ils en soient fiers», les encourage-t-il. Un refrain entonné depuis plusieurs mois. Le 31 décembre, il appelait déjà à une «année des fiertés françaises» lors de ses vœux pour 2024. Emmanuel Macron célèbre «la France métropolitaine et ultramarine derrière ces jeux et les 73 villes qui vont accueillir des épreuves et des athlètes», une tentative de prouver que l’événement ne sera pas que parisien. Il insiste ostensiblement sur le «moment d’unité» qu’il souhaite pour ces Jeux en France et la «trêve olympique» à laquelle le chef de l’Etat promet d’œuvrer sur le plan diplomatique alors que la guerre en Ukraine n’en finit pas et qu’Israël vient de refuser un cessez-le-feu et poursuit ses opérations au Sud de Gaza. Macron rêve d’un événement qui «fasse du lien plus durablement», avec un «legs», un «héritage». Un vœu.
Echange de bonnes manières avec Saadé
Plus tôt dans l’après-midi de mercredi, entre l’Arc de Triomphe et le Vieux-Port, le Président s’était offert une escale sur le rutilant campus Tangram de l’armateur CMA-CGM. Emmanuel Macron y a inauguré le bâtiment dessiné par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, un projet cher au cœur de Rodolphe Saadé, aux commandes du groupe depuis 2017. Et un aimable coup de projecteur pour ce «centre de formation et d’innovation» truffé de gadgets technologiques dont des simulateurs de navigation et un photogénique robot-chien qui a beaucoup amusé la première dame. Une belle opération de com, aussi, pour l’armateur partenaire des Jeux, dont le porte-conteneurs Greenland squatte bien en vue dans la rade de Marseille avec son logo «Paris 2024» et ses anneaux olympiques. La célébration par Emmanuel Macron de CMA CGM, «premier employeur privé de Marseille avec 6 000 emplois», sonne comme un échange de bonnes manières, tant les médias contrôlés par l’armateur caressent l’Elysée dans le sens du poil.