« Zone tampon », véhicules blindés, renfort… ce que l’on sait de l’offensive russe dans la région de Kharkiv
« Vers 5 heures du matin, l’ennemi a tenté de percer nos lignes de défense àl’aide de véhicules blindés », a indiqué vendredi le ministère ukrainien de la Défense. (Illustration) AFP/Wojtek Radwanski
Un territoire particulièrement disputé depuis le début de la guerre en Ukraine. La Russie a lancé vendredi une offensive terrestre dans la région de Kharkiv, deuxième ville du pays. Voici ce que l’on sait de cette opération russe.
« L’ennemi a tenté de percer nos lignes »
«Ã‚ Vers 5 heures du matin, l’ennemi a tenté de percer nos lignes de défense àl’aide de véhicules blindés », a indiqué ce vendredi le ministère ukrainien de la Défense. Il n’a pas clarifié la localisation exacte de l’attaque, mais il semblerait que la Russie se concentre sur la région de Kharkiv, dans le nord-est du territoire ukrainien.
L’offensive ne se joue pas qu’au sol. « Au cours de la dernière journée, l’ennemi a effectué des frappes aériennes dans le secteur de Vovtchansk », frontalier de la région russe de Belgorod, avec des bombes aériennes guidées, a indiqué le ministère.
Ce dernier a ajouté que les attaques terrestres avaient été « repoussées » mais que des « combats de diverses intensités » se poursuivaient et que des « unités de réserve » avaient été déployées pour « renforcer la défense » de la zone.
Une « zone tampon »
Selon une source haut placée dans le commandement militaire ukrainien, les forces russes « se sont enfoncées d’un kilomètre dans le territoire ukrainien ». Elles essaient d’avancer jusqu’à « dix kilomètres ». La Russie cherche à créer une « zone tampon » pour empêcher l’Ukraine de frapper la région russe de Belgorod, très régulièrement ciblée.
L’offensive de Moscou a contraint les autorités ukrainiennes à évacuer les civils de la zone des combats, a annoncé un responsable local. D’après le gouverneur de l’Oblast de Kharkiv, l’attaque a tué deux civils et blessé cinq autres personnes, relaie le Kyiv Independent. Situées au nord-est de l’Ukraine, la région et sa capitale Kharkiv restent un objectif majeur pour le Kremlin.
Un secteur déjà occupé par Moscou
Une importante partie de la zone avait été occupée par l’armée russe au début de son invasion il y plus de deux ans, avant d’être quasiment entièrement libérée lors d’une contre-offensive de Kiev à l’automne 2022.
Vladimir Poutine n’a pas perdu de vue cet objectif. La région de Kharkiv a été, ces derniers mois, très souvent bombardée, en particulier ses infrastructures énergétiques. L’Ukraine s’inquiétait depuis plusieurs semaines d’une potentielle nouvelle offensive russe dans la zone. Volodymyr Zelensky a assuré en conférence de presse que Kiev s’était préparée à un tel assaut et que son état-major « le savait ». « La Russie a lancé une nouvelle vague d’actions de contre-offensive dans cette direction, a-t-il lancé. Une bataille féroce est en cours. »
«Ã‚ La ville (de Vovtchansk) est actuellement sous des bombardements massifs. Les résidents n’avaient pas vu de telles frappes auparavant », a affirmé une source au média ukrainien Hromadske Radio. Selon elle, les tirs se sont intensifiés depuis 3 heures du matin dans cette cité qui compte 3 000 habitants.
Une dynamique plutôt négative
L’armée ukrainienne est à la peine sur le front, affaiblie par un manque de recrues et les retards de livraison d’aide occidentale, qui ont notamment vidé ses stocks de munitions. Toutefois, Washington a validé, fin avril, une enveloppe de 61 milliards de dollars d’aide, au grand soulagement de Kiev. Il faudra attendre quelque temps pour que cette assistance se matérialise sur le champ de bataille.
En face, les forces russes ont revendiqué des gains territoriaux limités, principalement dans l’Est, au prix de lourdes pertes humaines mais sans réussir de véritable percée. La Russie bénéficie de plus d’hommes, d’armements et d’une industrie de défense plus puissante : elle a repris l’initiative après l’échec de l’offensive ukrainienne l’été 2023.
Les troupes russes ont notamment connu des avancées dans le secteur d’Avdiivka, ville-forteresse de la région de Donetsk conquise mi-février. Elles anéantissent des positions ukrainiennes avec des bombes guidées de 500 kg larguées par avions, avant des barrages d’artillerie puis des assauts répétés de transports blindés avec de l’infanterie, en dépit de pertes importantes.