Zarah Leander "l'aryenne" qui devait faire oublier Marlene Dietrich
Zarah Leander, starlette de l’Allemagne nazie.
Après l’exil de Marlene Dietrich, le cinéma nazi se trouva un nouveau symbole en la personne de Zarah Leander. Ses rôles, romantiques, plaisaient au public.
Il fallait un «ersatz de Marlene Dietrich, qui avait quitté le cinéma du Reich en dépit des efforts de Goebbels», résume Isabelle Mity, dans son ouvrage Les Actrices du IIIe Reich (éd. Perrin, 2022). Alors, ce fut elle : Zarah Leander, une Suédoise à la chevelure rousse.
Zarah Leander, star du «Hollywood nazi»
Star la plus populaire du régime nazi, ses films firent des millions d’entrées. Zarah Leander, qui, jusqu’alors, avait en chaîné les petits rôles et peinait à nourrir ses deux enfants, connut finalement la gloire et l’opulence, en fermant les yeux sur les réalités du régime nazi. La star était très occupée. Entre 1937 et 1942, elle joua dans une douzaine de films à succès. Son rôle ? Toujours le même : celui de la femme fatale version nationale-socialiste, une amoureuse lascive et sacrifiée, telle l’amante qui laisse son homme se sacrifier pour la patrie dans Un grand amour, film de soutien au régime nazi vu par 27 millions de spectateurs.
L’année suivante, Zarah Leander quitta le pays. Remords tardifs ? Pas du tout. Plutôt un désaccord financier avec Goebbels, ministre de la Propagande, suite à des bombardements alliés dans la capitale du Reich qui touchèrent sa somptueuse villa. Devant un refus de la part de l’industrie du cinéma allemand de lui financer une nouvelle demeure, l’actrice suédoise se réfugia dans un château qu’elle possédait dans son pays natal.
Après la chute du régime, elle devient une icône gay
La chute du régime qui avait fait d’elle une star ne marqua pas du tout la fin de sa carrière. Après quelques années de disgrâce et de dépression, Zarah Leander s’inventa un nouveau destin. En Allemagne, l’ancienne star du «Hollywood nazi», bête de scène, hyperféminine jusqu’à la caricature, devint en effet une… icône gay. Qu’importe si, dans son ancienne vie, elle n’avait rien fait pour aider son parolier, arrêté par la Gestapo pour son homosexualité… Le public lui pardonna tout. Zarah Leander mourut d’une hémorragie cérébrale le 23 juin 1981, à l’âge de 74 ans.
➤ Article paru dans le magazine GEO Histoire n°74, Le nazisme et les femmes, de mars-avril 2024.
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