Antonin Varenne, sur les routes ocres rouges de Madagascar
Près d'Ambovombe sur la route nationale 13 à Madagascar en 2021.
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Sur 20 000 kilomètres de routes à Madagascar, deux mille seulement sont goudronnées. Alors, quand Simon décide de partir chercher Guillaume, son fils, à l’autre bout de l’île, il sort son bon vieux buggy jaune qui connaît toutes les pistes, ou presque, les ponts de bambous, les flaques et les marécages. Simon est comme son camion, plutôt vieux mais increvable, en tête d’une petite affaire de tourisme avec son pote Patrick. Il n’a jamais été un bon père mais cette fois, il doit se rattraper, récupérer Guillaume qui a des ennuis avec de sales types et le mettre dans un avion pour la France. Commence un road movie chaotique dans un pays ocre rouge où l’on croise des taxis brousse, des flics racketteurs, des voyous misérables mais aussi de sacrés personnages. Le plus bel ange gardien de Simon s’appelle sœur Françoise, une religieuse en 4L, maigre, épuisée‚ mais convaincue qu’elle doit continuer d’arpenter les pistes dangereuses de ce pays qui manque de tout. Là-bas, on se débrouille avec pas grand-chose, on transforme un buggy en radeau de la méduse et Simon sait quoi faire.
La piste du vieil homme est un grand roman d’aventures mené par un héros finissant qui fume des Good Look et boit l’eau des marécages en vomissant. Antonin Varenne a de l’humour et le sens du rythme pour avancer sans carte routière. Il n’a pas consulté le syndicat d’initiative pour nous décrire le pays, il a préféré écouter les habitants qui survivent avec un peu de riz et beaucoup de fatalisme caché derrière un sourire. Ecrit à la première personne, ce onzième roman est truffé de mélancolie car il ne s’agit pas seulement d’une histoire de bourlingueur mais d’un voyage intérieur de toute beauté sur le temps qui passe, les occasions manquées et l’amour filial qu’on laisse filer quand on n’a pas les mots qu’il faut.
La Piste du vieil homme, Antonin Varenne, éditions Gallimard /La Noire, 240pp, 18€