Risque de fortes chaleurs : voici pourquoi on surveille l'évolution météo de la mi-juillet
Jusqu'à présent, ce début d'été est marqué par la prédominance de l'air océanique sur l'Europe de l'Ouest, ce qui nous évite des vagues de chaleur. Cependant, des masses d'air brulant sont présentes de l'intérieur de l'Algérie en direction de la Grèce et de la Turquie. Ces masses d'air pourraient remonter davantage vers notre pays à partir de la mi-juillet.
Si les vacanciers attendent la chaleur et le soleil avec impatience sur notre pays, d'autres les redoutent et craignent au contraire la canicule. Jusqu'à présent, les vagues de chaleur sont durablement remontées d'Afrique du Nord vers l'Italie et surtout la Grèce, encore en proie à des incendies. Par effet des vases communicants, l'air frais issu de l'Atlantique Nord descend vers les Îles Britanniques, la France et la péninsule ibérique, atteignant même la côte marocaine où les températures sont à peine de saison. Mais cette situation pourrait commencer à changer progressivement en seconde quinzaine de juillet. Même si aucun scénario n'est prédominant à ce jour, le risque de très fortes chaleurs en France pour cet été est loin d'être évacué.
La "zone barocline" sous surveillance
Les fortes chaleurs présentes sur le Maghreb pourraient-elles remonter vers la France ?
La zone barocline est la délimitation entre l'air chaud tropical et l'air frais polaire, généralement synonyme de perturbations et de dépressions associées au jet-stream, ce vent de haute altitude qui circule d'ouest en est. Depuis ce printemps, cette zone barocline suivait les ondulations du jet-stream, avec pour conséquence le défilé des perturbations sur notre pays, accompagné d'air relativement frais. Les hautes pressions sont restées prédominantes au large atlantique, véhiculant un courant de nord-ouest vers l'Europe.
En suivant les méandres du jet-stream, l'air chaud remontait ensuite de l'est de l'Algérie à la Tunisie, Italie et Grèce, pays confrontés à la canicule en juin. Ce week-end, certaines régions du centre et de l'est de l'Algérie avaient encore des températures proches de 45°C. Grace au flux océanique provenant du nord-ouest, ces fortes chaleurs sont rarement remontées vers la France, hormis ponctuellement, associées au sirocco (vent chaud soufflant du sud) porteur de sables du Sahara. Mais les orages ont, à chaque fois, rapidement mis un terme à ces tentatives de vagues de chaleur sur notre pays. Cette situation va-t-elle durer longtemps ?
Un changement de configuration possible à la mi-juillet??
La situation décrite ci-dessus, qui nous accompagne depuis le début de l'été météorologique le 1er juin, est responsable du temps très mitigé que nous connaissons en France mais nous évite l'inconvénient des vagues de chaleur. Les étés 2019 ou 2022, torrides, ont présenté une situation complètement inverse, où l'air chaud remontait d'Afrique du Nord vers la France alors que l'air frais descendait vers l'Europe de l'est et la Grèce. Afin d'anticiper un retournement de situation et un risque de vague de chaleur, il faut donc surveiller cette "zone barocline" (délimitation des masses d'air) et les géopotentiels représentés sur nos cartes (hautes et basses pressions). Tout ceci nous permet de prévoir l'orientation des flux dominants.
Si, pour l'instant, les masses d'air chaud sont contenues sur l'intérieur du Maghreb, il suffirait que l'anticyclone subtropical remonte vers le nord, rejetant le jet-stream aux hautes latitudes, pour faire remonter aussi les masses d'air chaud. C'est ce qui caractérisait les précédents étés caniculaires que nous avons connu en France.
À ce jour, il n'y a pas encore de signaux forts permettant de prévoir une telle évolution, mais un lent changement semble se mettre en place. Les dépressions atlantiques vont commencer à circuler plus au nord. Après les orages attendus samedi prochain, l'anticyclone des Açores va regonfler vers notre pays, augurant d'une semaine prochaine devenant très chaude. Puis, de nouveaux orages pourraient mettre un terme à ce pic de chaleur autour du 14 juillet. Mais ensuite, certains modèles numériques envisagent un nouveau regonflement de l'anticyclone subtropical, lequel tend donc à prendre des forces petit à petit.
Une fiabilité qui reste encore relativement limitée pour la deuxième quinzaine de juillet
Les hautes pressions centrées sur l'Atlantique ont empêché l'air chaud de remonter vers la France
On le voit, l'évolution météorologique attendue pour la seconde moitié de ce mois de juillet reste encore soumise à de nombreuses incertitudes. Si la remontée vers l'Europe de l'ouest des hautes pressions subtropicales semble envisagée par notre carte ci-dessus, permettant l'orientation graduelle des flux atmosphériques au secteur sud ou sud-ouest, cela serait alors synonyme d'une hausse plus franche et plus durable des températures. Cependant, les modèles à long terme, dits "saisonniers", ont révisé à la baisse les ardeurs du thermomètre qui étaient initialement prévues pour la suite de l'été. Cela voudrait dire que l'anticyclone subtropical n'arriverait pas, au total, à s'imposer durablement, laissant passer des fronts orageux. Cette évolution limiterait alors le risque de canicule, au moins en ce mois de juillet.
L'été ne fait que débuter. Si la météo actuelle ne réjouit pas les premiers vacanciers, elle permet cependant d'éviter les fortes chaleurs et de repousser pour l'instant le risque de canicule sur notre pays. Mais, on le voit, nous ne sommes pas encore à l'abri d'un retournement de situation avec une inversion des centres d'action. À cet égard, la mi-juillet semble être une période de transition à surveiller, avec la possible remontée vers notre pays des anticyclones issus d'Afrique du Nord, porteurs d'air très chaud. À ce jour, cette situation reste seulement une possibilité que nous suivrons attentivement.
À lire aussi :
Nouvelle dégradation orageuse ce week-end
L'été pourrait-il enfin arriver la semaine prochaine ?