Cette famille se sépare de son ancien château fort pour 0 € : « si quelqu’un en veut, on l’offre »
Géré par l’association Per Lé Castel depuis plus de dix ans, le château de Lagarde en Ariège n’ouvrira pas ses portes au public cet été.
Il ne sera pas possible de visiter les vestiges du château de Lagarde (Ariège) cet été. Pour des raisons de sécurité, il est désormais interdit d’accéder à la partie haute du site surnommé « le petit Versailles des Pyrénées ». Un gros coup dur pour l’association Per Lé Castel, qui se bat pour faire vivre ce lieu depuis plus de dix ans, et pour les propriétaires, qui se sont mis en quête d’un repreneur.
«Â Après douze ans d’aventure collective, pour des raisons administratives, nous avons le regret de ne plus pouvoir assurer les visites. Nous en sommes tous désolés. » Les bénévoles de l’association Per Lé Castel ne cachent pas leur déception sur leur site Internet. Ils n’ont plus le droit de faire visiter les ruines du château de Lagarde, un ancien château fort du XIe siècle situé en Ariège. « Alors qu’on accueillait plus de 10 000 personnes chaque année… Ça marchait super bien », se désole le président de l’association joint par téléphone.
Le site touristique n’ouvrira pas au public cet été à cause d’une décision de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). Elle a interdit l’accès à la partie haute du château pour des raisons de sécurité. « Comme nous ne pouvons plus faire le tour, nous avons décidé de ne plus faire de visites car les gens seraient mécontents de ne découvrir qu’une seule partie », poursuit l’homme de 70 ans, qui précise que la partie basse de l’édifice reste ouverte gratuitement.
Des millions d’euros de travaux
Cette annonce de la Drac a bouleversé la quinzaine de bénévoles que compte l’association Per Lé Castel. Depuis 2012, ils se chargent de faire vivre le site en proposant des visites et de nombreuses animations, surtout l’été. « Grâce à ça, on a pu l’entretenir pendant des années. » Ils ont par exemple reconstruit des annexes et transformé une ruine délabrée en une buvette et un point d’accueil pour les visiteurs. « On est dépités et en colère. On nous demande de faire des travaux sur le château mais il est mort ! »
Les services de l’État avaient en effet déjà listé les travaux à réaliser en urgence pour que les visites puissent continuer. Mais le petit collectif n’en a pas les moyens. « C’est impossible ! Pour rendre le château totalement accessible, ou même simplement le cristalliser, il faudrait des millions d’euros, lance le président de l’association. Le chantier de restauration coûterait deux fois plus cher que celui de Notre-Dame de Paris… »
Pillé lors de la Révolution
Le septuagénaire, dont le fils est aujourd’hui le propriétaire du château de Lagarde, est très peiné par la situation. Classé monument historique, l’édifice avait été offert à sa famille en 2012 par l’ancienne propriétaire. « Elle nous appréciait beaucoup et elle était certaine qu’on en ferait bon usage. » Peu avant son décès, elle leur a confié la mission de faire renaître ce bien en ruines depuis plus de 230 ans. Pillé et vandalisé lors de la Révolution française, il a ensuite été détruit, vendu à la pierre et laissé à l’abandon.
Mais il a retrouvé une âme grâce à tous les membres de l’association Per Lé Castel. Ils se sont mobilisés pendant des années, et à leurs frais, pour réhabiliter les abords du château et le rendre viable. Ils ont aussi créé un véritable espace d’accueil pour permettre aux visiteurs de découvrir ce qui fut l’un des plus beaux châteaux français du XVII siècle. Du temps de sa splendeur, ce bijou baroque était d’ailleurs surnommé « le petit Versailles des Pyrénées » en raison de son charme et de son immense parc de jardins à la française.
«Ã‚ Un gouffre financier »
Quel avenir désormais pour le château de Lagarde ? Le président de l’association aimerait qu’il soit repris. « Si quelqu’un en veut, on l’offre, nous confie-t-il. Mais personne ne souhaite s’engager là-dedans car c’est un gouffre financier. Des châteaux dans cet état-là, il y en a des dizaines et des dizaines en France… » Selon nos confrères de La Dépêche du Midi , les services de l’État tentent de trouver une solution pour que les touristes puissent continuer de profiter du site en toute sécurité.
De leur côté, les membres de Per Lé Castel ont tout de même prévu trois animations cet été. « Alors qu’on en organise une vingtaine normalement », glisse le septuagénaire avec amertume. Le premier événement, un rassemblement de voitures et motos anciennes, aura lieu ce dimanche 7 juillet 2024. Les deux autres se tiendront samedi 13 juillet et samedi 10 août. Le programme est à retrouver sur le site de l’association.