Italie : le déficit se réduit, mais la menace d'une procédure de l'Europe est toujours présente
Le pays a ramené son déficit public à 8,8% du Produit intérieur brut au premier trimestre, soit une forte baisse par rapport aux 11,6% affichés sur la même période de 2023.
Les finances publiques s'assainissent un peu en Italie. Selon une publication de l'Institut national des statistiques (Istat), ce mardi, le pays a ramené son déficit public à 8,8% du produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre, soit une forte baisse par rapport aux 11,6% affichés sur la même période de 2023.
Une amélioration des finances qui vient de plusieurs facteurs, à commencer par l'augmentation des recettes fiscales. Sur les trois premiers mois de l'exercice, l'administration publique a dégagé 211,7 milliards d'euros de recettes fiscales, contre 204,5 milliards un an plus tôt, pour des dépenses en recul de 2%, à 257 milliards.
Outre la hausse de la pression fiscale, l'Istat relève que l'amélioration du déficit public tient « à la reprise du pouvoir d'achat des ménages qui a commencé au premier trimestre de l'année précédente grâce au ralentissement de la dynamique des prix », selon l'Istat.
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Baisse de l'inflation et redémarrage de l'économie
L'Italie connaît en effet un fort déclin de l'inflation, laquelle est ressortie en juin à 0,9% selon les normes harmonisées de l'Union européenne (UE), très inférieure à la moyenne de la zone euro (2,5%). Alors que la pression sur les prix à la consommation contraignait leur économie, « les ménages ont aussi recommencé à épargner », note également l'Istat.
Première bénéficiaire des fonds du plan de relance européen avec 194,4 milliards d'euros prévus d'ici à 2026, l'Italie enregistre une embellie économique qui s'est traduite par une hausse de son PIB de 0,3% au premier trimestre (après 0,1% au quatrième trimestre 2023), et un taux de chômage de 6,8% en mai, à peine plus élevé que celui de la zone euro (6,4%).
La Commission européenne hausse le ton
L'Italie n'échappera cependant pas à une procédure pour déficit excessif cette année, dans la mesure où la suspension par Bruxelles du Pacte de stabilité s'est terminée fin 2023.
Ce pacte limite le déficit public à 3% du PIB et la dette à 60%. Une réforme approuvée en février confirme ces ratios, mais rend plus flexible l'ajustement réclamé aux pays de l'UE en cas de déficits excessifs. Mais certains pays ont affiché des déficits bien au-dessus de ce seuil l'an dernier. C'est notamment le cas de l'Italie (7,4% du PIB), de la Hongrie (6,7%), la Roumanie (6,6%), la France (5,5%) et la Pologne (5,1%). Quant à la dette italienne, elle est l'une des plus élevées de l'UE, à 137% du PIB.
Forte de ce constat, la Commission européenne a ouvert la voie fin juin à des procédures contre sept pays, dont la France et l'Italie, qui devront prendre des mesures correctrices pour respecter à l'avenir les règles budgétaires de l'UE, sous peine de sanctions financières. Formellement, l'exécutif européen proposera aux Etats membres d'ouvrir les procédures lors d'une prochaine réunion des ministres des Finances de l'UE, le 16 juillet.
Le gouvernement français à la recherche de 20 milliards d'euros d'économie
De son côté, le gouvernement français dit prendre très au sérieux le dérapage du déficit public. « On a eu un accident. Je le reconnais bien volontiers. En 2023, tout le monde nous est tombé dessus. Il y a eu un accident de recettes, on est à 5,5 (% du PIB) au lieu d'être en dessous de 5 », a reconnu le ministre de l'Économie fin juin, sur BFM.
Bruno Le Maire avait cependant jugé nécessaires les dépenses en partie à l'origine de l'envolée du déficit. « On a dépensé pour protéger face au Covid et à l'inflation, maintenant (...) c'est un moment où il faut rétablir les finances publiques. J'ai commencé à le faire et je compte bien poursuivre dans cette direction », avait-il aussi justifié, sur LCI, le 20 juin.
Critiqué pour ce dérapage par ses opposants politiques, le ministre a répété être déterminé à réduire le déficit dans les prochaines années.
«Ã‚ En 2024, nous avons pris les décisions nécessaires pour être à 5,1 (% du PIB). En 2025, nous devrions être à 4,1% (...) en 2027, nous serons à 3 », dans les limites prévues par la Commission européenne, a-t-il ajouté fin juin.
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Pour ce faire, l'exécutif a déjà présenté son plan d'action. Il prévoit un effort budgétaire de 20 milliards d'euros supplémentaires en 2024, puis encore 20 milliards en 2025, excluant toute hausse d'impôts. Une ligne rouge qu'il a déjà répété la semaine dernière.
En attendant, Bruno Le Maire se veut rassurant. Il a affirmé, toujours fin juin, que l'Etat disposait de « 3 milliards d'euros de recettes fiscales excédentaires » par rapport à ses prévisions.
«Ã‚ Je peux déjà vous annoncer que nos recettes fiscales, aujourd'hui, sont bonnes. Au moment où je vous parle, nous avons 3 milliards d'euros de recettes fiscales excédentaires par rapport à ce qui a été prévu en mai 2024. C'est une bonne nouvelle », a-t-il indiqué.
(Avec AFP)