"Ils sont fous ces Français": les législatives font réagir la presse et les dirigeants européens
Après la victoire du RN au premier tour des élections législatives, et la perspective de le voir obtenir la majorité absolue à l’Assemblée nationale, la presse et les dirigeants européens abordent largement le sujet.
Les résultats des législatives françaises ont suscité de nombreuses réactions en Europe. La presse européenne a consacré ses unes et des pages entières à l’actualité politique française. Et les correspondants étrangers à Paris n’en reviennent pas. Jamais depuis des années la France n’avait à ce point occupé la une.
La principale émission matinale de la BBC a consacré quasiment trois heures aux élections françaises. Une correspondante de la presse portugaise a aussi expliqué à RMC qu’il y a une vraie inquiétude dans son pays. Car une partie de l'opinion craint des conséquences très concrètes: qu’une crise politique en France entraîne une crise économique qui aurait des répercussions dans toute l'Europe. Et les Portugais s'inquiètent d’un affaiblissement de la France qui laisserait l’Europe entre les mains de l’Allemagne et des pays du Nord.
Globalement, les journaux européens adoptent un ton très grave. Un journal grec titre "Oh mon dieu". En Espagne, El diari de Tarragone, excellent journal catalan, publie à la une un dessin d’Obélix, assis par terre, désemparé, avec ce titre: "Ils sont fous ces Français". Un peu partout, la presse parle d’un tremblement de terre. En Belgique, Le Soir publie une photo de Marine Le Pen et Jordan Bardella avec ce titre: "Si près du pouvoir". Et en Suisse, Le Temps estime que la démocratie française fait peur, que les voisins européens sont effarés, et que s’ouvre maintenant une semaine folle de négociations avant le second tour.
La une du Diari de Tarragona, le 1er juillet 2024
Les populistes et nationalistes se frottent les mains, l’Allemagne et la Pologne s’alarment
Les dirigeants européens ont également réagi, pour se féliciter ou pour s'inquiéter du résultat. Les mouvements d'extrême droite de toute l'Europe se réjouissent du score du Rassemblement national. Le Néerlandais Geert Wilder, très populiste, a réagi en français en souhaitant "bonne chance à Jordan et à Marine". Un porte-parole du Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban a salué la victoire du RN en disant: "La bataille commence maintenant". Au Portugal, le leader de Chega, le parti d'extrême droite, félicite les Français pour leur vote et affirme que la France donne l’exemple du changement qui s’impose.
En Italie, le patron de la Ligue du nord Matteo Salvini parle d’un résultat extraordinaire et il ajoute "honte à Macron". La Première ministre Giorgia Meloni estime que les résultats des élections françaises sont la preuve que la diabolisation ne marche plus.
A l’inverse, d’autres dirigeants européens s’alarment. En Allemagne, par exemple, la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock estime que personne ne peut rester indifférent. "Chez notre meilleur ami, un parti anti-européen est arrivé en tête", dit-elle. En Pologne, le Premier ministre Donald Tusk s'inquiète. "Cela commence à vraiment ressembler à un grand danger", dit-il. Il évoque le Rassemblement national et tous ceux qui aiment bien Vladimir Poutine, qui aiment l’argent et le pouvoir.
Mais c’est surtout Emmanuel Macron qui est jugé responsable. La presse européenne souligne son échec cinglant après un coup de poker raté. Die Welt, en Allemagne, parle de son mauvais calcul et de sa stratégie "moi ou le chaos". Le Frankfurter Allgemeine Zeitung explique que l’on va soit vers une cohabitation, soit vers une situation de blocage. Dans les deux cas, la France sera absente de l’Union européenne et de l’Otan pendant des années. Ce qui fera plaisir à Moscou…