Macron et Biden : une même vanité, un même chaos pour les démocraties

macron et biden : une même vanité, un même chaos pour les démocraties

Macron et Biden : une même vanité, un même chaos pour les démocraties

33,3 % pour le Rassemblement national, 28,3 % pour le Nouveau Front populaire, 21,3 % pour Ensemble (majorité présidentielle). D’ici à mardi 18 heures, date limite de dépôt des candidatures, difficile d’y voir clair sur la configuration définitive des très nombreuses triangulaires. Ce lundi 1ᵉ juillet, une majorité de Français se sont réveillés sonnés. Tétanisés devant l’alternative la plus probable : le RN disposant d’une majorité absolue, ou une Assemblée morcelée en trois forces et donc conjecturant une gouvernance illisible voire une ingouvernabilité. Sidérés face au vide, inéluctable depuis le 9 juin à 21h05 lorsque le chef de l’Etat a prononcé la dissolution de l’Assemblée nationale et convoqué des élections législatives « express ». Ce soir-là, un homme avait, seul, décidé d’embarquer un pays, un Etat, une société, une économie, et surtout 68 millions d’individus, au bord d’un précipice. Il le savait : la chute était inexorable.

Toutefois, depuis longtemps sourd aux cris d’une population qui lui exprime majoritairement son exécration, il espérait extraire « son » peuple des limbes et le hisser vers la lumière. Tel un sauveur. Tel le messie, ce même messie vers lequel, à l’âge de 12 ans, lui, le fils d’athées s’était tourné en réclamant d’être baptisé. Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik l’a bien circonscrit : toute l’existence d’Emmanuel Macron est bâtie sur « l’extraordinaire ». Sa trajectoire de vie, professionnelle et personnelle, il la conçoit dans une succession ininterrompue et effrénée de défis inaccessibles au « commun des mortels ». Leur accomplissement est censé l’élever au rang de libérateur sacralisé par une nation qu’il pense redevable de sa sagacité et de son abnégation sacrificielle. L’extraordinaire décision de dissoudre l’Assemblée est donc intervenue dans « l’ordre des choses ».

Mais il a perdu. Et cette fois-ci les conséquences de la défaite ne sont pas quelques poignées de jetons abandonnées autour d’une table de blackjack. Elles se nomment – potentiellement – fragilisation des institutions, panique économique, discrédit international, délitement européen, appauvrissement des services publics, éruption sociale, polarisation des consciences politiques, éventration du débat public, et même déchirements affectifs au sein des groupes humains (familiaux, amicaux, professionnels). Oubliée la fête des Jeux olympiques, relégué l’enjeu ukrainien, déclassée la priorité climatique, écartée l’urgence de faire de nouveau société et démocratie.

Macronisme, clap de fin

Dans une pirouette désespérée, Emmanuel Macron avait même prophétisé une « guerre civile » si la victoire revenait à l’un des pôles extrêmes. L’hypothèse insurrectionnelle est peu probable, mais la haine qui sédimente dans la société depuis trop longtemps a trouvé dans cette élection le chalumeau pour incendier au-delà des paroles et des suffrages. Désormais, une majorité de Français vont apprendre à cohabiter avec un président qui, à la détestation qu’il suscitait déjà, ajoute le ressentiment provoqué par l’irresponsabilité de la dissolution. Comment le vivront-ils ? le vivra-t-il ? Mystère.

D’Emmanuel Macron, l’Histoire oubliera d’indiscutables réalisations, elle négligera les incontestables faillites, elle ne retiendra que sa responsabilité délibérée, c’est-à-dire sa « culpabilité » dans le péril démocratique et même civilisationnel auquel « toute » la France est dorénavant exposée.

Une même culpabilité

Trois jours avant ce premier tour, près de 50 millions de paires d’yeux étaient braquées sur CNN qui retransmettait le premier débat opposant Joe Biden à Donald Trump. L’Amérique démocrate constatait, pétrifiée, le naufrage de son candidat, égaré, prisonnier d’errements gestuels et verbaux inhérents à son déclin. Cette fois il ne s’agissait pas d’une simple image capturée au détour d’un déplacement à l’étranger et soustraite à la vigilance de sa garde, mais de l’exhibition planétaire des dysfonctionnements cognitifs du postulant à sa réélection. L’Amérique républicaine, elle, jubilait, son icône à peine plus jeune condescendant presque à épargner sa proie, à terre, tel le matador pris de pitié au moment de porter le coup de grâce. Et cette fois toute l’Amérique – et le reste du monde – de s’interroger sur l’obstination, la fuite en avant d’un octogénaire prêt à abandonner « son » pays aux griffes d’un rival déterminé à empoisonner la plus grande démocratie. Ce 27 juin, Joe Biden non seulement était mais aussi avait perdu. La couverture du « Time »,titrée « Panic »,glaçait ; rouge et nue, elle laissant poindre sur le côté sa silhouette courbée et harassée.

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De lui aussi, l’Histoire retiendra un entêtement acharné à défier l’inéluctable vieillissement, et donc sa responsabilité délibérée, c’est-à-dire sa « culpabilité » dans l’effondrement domestique, géopolitique, climatique, et même civilisationnel que prédit la (très) possible victoire de Trump le 5 novembre prochain.

Quand l’autodestruction devient destruction d’autrui

Les mêmes questions cherchent à déchiffrer ces deux épreuves tragiques de l’histoire, que sépare un océan – davantage qu’aquatique : culturel. Comment des démocraties séculaires peuvent-elles autoriser des comportements qui les mettent en péril ? Comment des présidents disciples de la démocratie peuvent-ils piétiner leurs devoirs et, sciemment, exposer à l’indicible des populations qui par les urnes leur ont confié la responsabilité de les en protéger ?

D’Emmanuel Macron, il semble que depuis le 9 juin – et même avant – toutes les auscultations, interprétations et autres élucubrations sur l’explication psychique de son « coup de folie » ont été passées en revue. S’il est possible de s’accorder sur un terme, « délire » – du latin delirare, signifiant s’écarter du sillon – semble le plus approprié, puisque son acte constitue à la fois « une perte du sens de la réalité se traduisant par un ensemble de convictions fausses, irrationnelles, auxquelles le sujet adhère de façon inébranlable » et « une frénésie, une exaltation causée par des passions violentes, un enthousiasme exubérant ».

La relation au pouvoir est également cardinale : la solitude du pouvoir, l’ivresse du pouvoir, l’abîme du pouvoir, la propriété et la séquestration du pouvoir, l’hubris du pouvoir mettent en permanence à l’épreuve l’orgueil et la fatuité, la sacralité et l’omniscience. Lorsque ces items sont contrariés, rien ou presque ne semble freiner la démesure, le sabordage. Et l’autodestruction devient alors destruction d’autrui. Il est même une hypothèse crédible que sa science politique avait parfaitement anticipé l’issue du scrutin et la survenue du chaos, à même de restaurer ultérieurement aux yeux des Français puis de réverbérer sur les siens, le regret d’un septennat finalement « pas si mal »…

Leur vanité aux origines de l’impensable

Mais c’est peut-être dans la psyché de Joe Biden que sont nichées les explications au « pari fou » d’Emmanuel Macron, toujours insensible aux réalités, au point de surplomber la campagne des législatives alors qu’il cristallise le rejet des électeurs, causant la déroute de son propre bloc. Comment l’entêtement du président américain peut-il être interprété ? Par le sentiment d’invulnérabilité. Et de quoi celui-ci se nourrit-il principalement ? De vanité.

Où saisit-on le mieux les ressorts de la vanité ? Dans l’histoire de la peinture. Crânes, natures mortes, gibiers dépecés traduisent depuis le début du XVIIe siècle un genre voué à dénoncer l’inanité, la vulnérabilité, et même l’absurdité de l’existence humaine. Les œuvres de Claesz et de Barrot, de Champaigne et de Richter, de Dine et de Tavares, allégories de la mort – la locution memento mori, qui leur est raccordée, signifie « Souviens-toi que tu es mortel » –, moquent la frivolité des richesses matérielles et la vacuité des passions et des activités humaines, elles rappellent que le temps d’une existence n’est qu’une fraction dans le temps éternel de l’existence. Elles ramènent à la raison les esprits épris de déraison, intoxiqués d’orgueil démesuré, envahis du sentiment d’invincibilité à partir duquel ils s’autorisent l’« impensable ».

«Ã‚ Impensable » est la vanité de Joe Biden, qui promet la démocratie américaine au démon illibéral, xénophobe, climatosceptique. « Impensable » est la vanité d’Emmanuel Macron, qui prépare la démocratie française au chaos. Pas sûr qu’un petit tour à la Frick Collection, ou dans quelques salles du Louvre, sorte l’un et l’autre de la torpeur « délirante » dans laquelle l’exercice du pouvoir les a endoctrinés.

Ce qui est certain, c’est que la vanité ne provoque pas les mêmes réactions selon le cadre où elle s’exprime. Elle désopile lorsqu’elle frappe un individu se ridiculisant sur le lieu de travail ou plastronnant lors d’un dîner… de cons. Plus le cercle de son audience et l’acuité de ses conséquences s’étendent, plus le rire devient rictus puis grimace. Lorsque le périmètre couvre un pays entier et que ses effets mettent en péril une société et une démocratie, elle n’amuse plus du tout. Elle fait peur. Et même pleurer.

Denis Lafay est journaliste et essayiste. Dernier ouvrage paru : « Mal » (L’Aube, 2024)

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