Législatives : « C’est vous qui devez venir », malgré la réticence de l’insoumis, Bardella insiste pour que Mélenchon débatte
Jean-Luc Mélenchon, dimanche soir au siège parisien de la France insoumise, dans le Xe arrondissement. LP/Jean-Baptiste Quentin
Comme un débat d’entre-deux tours… présidentiel. Ce lundi matin sur X (ex-Twitter), au lendemain du premier tour des législatives, le président du Rassemblement national Jordan Bardella a appelé Jean-Luc Mélenchon à débattre avec lui. « Les Français veulent de la clarté », justifie-t-il, défiant « l’alliance du pire et l’extrême gauche au pouvoir » avec son camp, celui de « l’union nationale, la République et ses valeurs ».
Dans la lettre ouverte qu’il a rédigée et publiée ce lundi matin à l’attention des Français, le chef de l’ancien Front national ne cite que Mélenchon, et « ces incendiaires qui assument une stratégie du conflit permanent ». Ainsi l’eurodéputé RN, chef de file du parti de Marine Le Pen pour les législatives, continue-t-il à installer l’idée d’un affrontement très personnel entre lui et un bloc de gauche réduit à la figure controversée du leader Insoumis.
En omettant les socialistes, les écologistes et les communistes, Bardella installe la focale sur l’ancien candidat à la présidentielle de la France insoumise, qui soulève autant d’enthousiasme que de répulsion.
« J’appelle le Nouveau Front populaire à sortir de l’ambiguïté »
«Ã‚ J’appelle le Nouveau Front populaire àsortir de l’ambiguïté, Jean-Luc Mélenchon s’est dit candidat au poste de Premier ministre », a insisté Bardella devant le siège de son parti, alors que sur X, l’ancien socialiste lui donnait raison en exprimant un grand « mais ».
«Ã‚ Monsieur Bardella a raison, il y a besoin d’un débat entre les deux projets pour les Français. Le candidat du Nouveau Front Populaire pour la primature n’a pas été désigné. Il doit donc s’adresser aux insoumis, premier mouvement en nombre d’élus au premier tour du Nouveau Front Populaire. Pour cela, il doit solliciter Manuel Bompard, son coordinateur, Mathilde Panot, présidente du groupe ou Clémence Guetté, coordinatrice du programme », a écrit Mélenchon.
Bardella insiste
Face à la réponse mesurée du chef de la France Insoumise, Jordan Bardella a fait preuve d’insistance. « Dois-je comprendre que vous fuyez le débat », a-t-il demandé à Jean-Luc Mélenchon sur X. « Sortons de l’ambiguïté : vous avez rassemblé 22 % des Français sur votre nom à l’élection présidentielle, vous dites explicitement vouloir gouverner la France. C’est vous qui devez venir débattre », a poursuivi le candidat du Rassemblement national à la primature.
S’il a joué avec les nerfs de ses alliés sur une éventuelle pole position pour Matignon, Jean-Luc Mélenchon cherche, depuis le début de la campagne éclair, à maintenir les Insoumis au centre du Nouveau Front populaire.
Après avoir refusé les appels à débattre avec Bardella et Attal, et envoyé Manuel Bompard ferrailler sur le plateau de France 2 avant le premier tour, le tribun a dimanche soir, pris la parole après 20 heures. Longuement, il a planté les enjeux du second tour, entouré de personnalités Insoumises, sans aucun autre membre de l’alliance de gauche, et sans laisser la parole au coordinateur de FI.
La demande de Bardella a en tout cas agacé la secrétaire nationale d’EELV. Marine Tondelier n’a pas manqué de rappeler au président du RN, mais aussi à ses alliés, que les débats avaient été « répartis au sein du NFP », et que Manuel Bompard et Olivier Faure ayant déjà ferraillé avec leurs opposants, c’était à son tour « de représenter notre coalition au 3e débat ».