Législatives: la position du patronat jugée "irresponsable" et "inquiétante" par la CFDT et la CGT
Les syndicats de salariés, dont la CFDT et la CGT, ont appelé à faire barrage au RN au second tour des élections législatives, programmé ce dimanche 7 juillet. Leurs représentantes s'indignent en outre de la posture adoptée par les organisations patronales, qui ont jusqu'à présent renvoyé dos à dos le Rassemblement national et La France insoumise.
"Je trouve extrêmement inquiétant qu'aujourd'hui, les organisations patronales ne se positionnent que sur des questions économiques alors que les entreprises sont censées être les acteurs de la démocratie sociale, partie prenante de la démocratie tout court", a estimé Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, dans une interview aux Échos, publiée lundi 1er juillet.
"Comment expliquer en particulier qu'ils ne se soient pas exprimés sur la préférence rebaptisée 'priorité nationale' que le Rassemblement national veut mettre en œuvre?", a-t-elle interrogé.
Cette "priorité nationale" va selon elle toucher les salariés, ceux qui n'ont pas de papiers mais aussi "ceux qui n'ont pas la bonne nationalité, pas la bonne couleur, pas les bons parents". Le RN a intégré cette "priorité nationale" à son programme pour les législatives. Et appelle par exemple à "réserver les allocations familiales aux Français et conditionner à 5 années de travail en France" l'accès à certaines prestations comme le RSA.
Les secrétaires générales de la CFDT Marylise Léon et de la CGT Sophie Binet lors d'une manifestation contre la réforme des retraites, le 6 avril 2023.
Les patrons accusés de "fuir les débats"
"Je suis très choquée par la position irresponsable adoptée par le patronat qui n'a les yeux rivés que sur ce qui est le mieux pour ses affaires; et on sait à quoi cela a mené", a de son côté lâché Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, dans le cadre de la même interview, croisée avec son homologue de la CFDT.
Les deux leaders syndicales pointent en outre un climat tendu au sein des enteprises dans le contexte des élections.
"Nous déplorons aussi avoir eu de nombreux retours d'équipes syndicales qui sont rappelées à l'ordre ou censurées par leurs directions, a souligné Marylise Léon. "Fuir les débats, s'installer dans le confort du silence, c'est favoriser la montée de l'extrême droite."
Des salariés "en butte au racisme"
Les deux responsables dénoncent une libération de la parole raciste dans les entreprises avec la montée de l'extrême droite. "Depuis trois semaines nous recevons de plus en plus de mails de salariés étrangers en butte au racisme", ajoute la secrétaire générale. Un constat partagée par Sophie Binet.
"Que le patronat n'ait pas envie de voir gagner le Nouveau Front populaire, je comprends, cela s'appelle la lutte des classes", ajoute la leader de la CGT.
"Mais son attitude va au-delà", selon elle, et ne se comprend pas "si on ne mesure pas qu'une partie des entreprises est très intéressée par ce qui se passe en Italie ou en Hongrie".
Des partis d'extrême droite sont au pouvoir dans ces deux pays, avec Georgia Meloni de Fratelli d'Italia d'un côté, présidente du Conseil italien, et Victor Orban de l'autre, à la tête du Fidesz et Premier ministre hongrois.