Nouvelle-Calédonie : « Je suis un prisonnier politique », clame le leader kanak Christian Tein depuis sa prison de Mulhouse
Christian Tein est devenu une figure de la lutte indépendantiste en Nouvelle-Calédonie. AFP/Delphine Mayeur
Il est devenu le visage de la lutte indépendantiste sur l’archipel calédonien. Le leader kanak de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) en Nouvelle-Calédonie, Christian Tein, incarcéré à Mulhouse (Haut-Rhin), a déclaré lundi être « un prisonnier politique », lors d’une visite de deux sénateurs, à laquelle un correspondant de l’AFP a assisté.
« Je suis un prisonnier politique et le premier extradé de la sorte avec mes camarades », a-t-il déclaré, tout en évoquant ses conditions de détention. La discussion, encadrée, ne pouvait pas porter sur l’enquête en cours.
Lors de cette entrevue avec les parlementaires, Tein a évoqué ses conditions de détention à Mulhouse, ses activités, tout en ajoutant : « A un moment, il faudra que l’on se remette autour d’une table pour reprendre les discussions. Il en va de la survie de la Nouvelle-Calédonie. »
Soupçonné d’être à l’origine des émeutes en Nouvelle-Calédonie
Il a notamment expliqué avoir été éprouvé par le long voyage en avion, menotté. « C’était difficile. Je commence à trouver mes repères » à Mulhouse, a-t-il poursuivi.
Christian Tein, dit « Bichou », est soupçonné par les autorités d’avoir orchestré les émeutes en Nouvelle-Calédonie contre la réforme électorale, est incarcéré à Mulhouse depuis la fin juin, à 17 000 km de l’archipel calédonien.
Christian Tein a été mis en examen notamment pour complicité de tentative de meurtre et association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime, après plus d’un mois de violences contre une réforme électorale accusée par les indépendantistes de marginaliser la population autochtone kanak. Lui s’est toujours défendu d’avoir appelé à la violence.
C’est pour son engagement au sein de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), une formation indépendantiste kanake née en novembre 2023, qu’il est aujourd’hui incarcéré. Cette organisation qu’il dirige a joué un rôle clé dans le mouvement d’insurrection contre la réforme du corps électoral qui a traversé l’île dans le courant du mois de mai.
Lors de l’instauration de l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie, Christian Tein avait été assigné à résidence et contraint de pointer chaque jour au commissariat, comme une vingtaine d’autres instigateurs du mouvement.
Mi-mai, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait qualifié cette organisation de « mafieuse, violente ». La CCAR s’est de son côté toujours défendue de ces accusations. Lors d’une interview à la presse, Christian Tein avait quant à lui déclaré : « il y a eu des débordements, que nous condamnons ».