« Les électeurs RN ne sont pas les gens les plus pauvres, mais ceux qui ont peur de le devenir »

« les électeurs rn ne sont pas les gens les plus pauvres, mais ceux qui ont peur de le devenir »

«Ã‚ Les électeurs RN ne sont pas les gens les plus pauvres, mais ceux qui ont peur de le devenir »

La montée en puissance du Rassemblement national (RN) marquera un tournant majeur dans le paysage politique hexagonal. Pour Antoine Jardin, chercheur associé à l'institut Montaigne et à la Fondation Jean-Jaurès, la vague RN qui s'est imposée correspond à l'aboutissement d'un processus entamé de longue date.

Le Point : Comment expliquer cette poussée du RN ?

Antoine Jardin : Il y a trois facteurs. Tout d'abord, la crise de l'inflation a fait du pouvoir d'achat la priorité numéro un. Elle constitue une baisse des salaires réels pour la majorité des Français, notamment la petite classe moyenne rémunérée juste au-dessus du smic. Ensuite, la défiance politique. Après un premier rejet des partis traditionnels qui avait profité à Macron, on observe maintenant un rejet personnel fort d'Emmanuel Macron. Enfin, il y a la reformulation du discours du RN, qui le rend plus acceptable pour beaucoup d'électeurs.

La question de l'immigration semble avoir disparu du discours du RN. Est-ce le cas ?

Non. Les études du jour du vote montrent que c'est toujours la principale motivation de l'électeur RN. Jordan Bardella et Marine Le Pen n'ont plus besoin d'en parler explicitement car c'est un sujet qu'ils ont tellement répété que les électeurs savent déjà que c'est le thème prioritaire du RN. Jordan Bardella a bien signalé que sa priorité absolue serait la suppression du droit du sol.À LIRE AUSSI Consignes de vote, retrait? Tout ce qu'il faut savoir avant le second tour des législatives

Comment le RN a-t-il réussi à élargir son électorat ?

Il y a une conviction de la part de beaucoup d'électeurs du RN qui ont voté pour ce parti à plusieurs reprises sur ces deux dernières années : une fois à la présidentielle de 2022, une deuxième fois lors des législatives de 2022, une troisième fois aux européennes cette année et une quatrième fois lors de ces législatives de 2024. Ces électeurs se sont, pour certains, accommodés à l'idée que le RN serait un parti démocratique ordinaire. Pour d'autres, ils sentent que, après vingt ans de défaite, une victoire est possible. Cette fidélisation progressive de l'électorat, combinée à l'attrait de nouvelles catégories d'électeurs, a permis au RN d'élargir significativement sa base électorale, conduisant à un véritable renversement du paysage politique français.

Quel est le profil type de l'électeur RN ?

Ce ne sont pas les gens les plus pauvres ou les plus en difficulté, mais ceux qui ont peur de le devenir. C'est une classe moyenne fragilisée qui trouve rassurant de pouvoir se positionner au-dessus du groupe social des personnes immigrées ou dépendantes des aides sociales.

Le RN parvient à séduire à la fois les classes populaires et une partie des classes supérieures

Y a-t-il une partie de l'opinion prête à s'accommoder du RN sans forcément aller jusqu'à voter pour ce parti ?

Oui. On le voit notamment dans le discours des dirigeants économiques et des organisations patronales, qui sont assez conciliants avec le RN. Entre le RN et la gauche, il y a une préférence pour le RN de la part de certains décideurs économiques.

On assiste à une brutale repolarisation du champ politique et à l'effondrement de l'option centriste. Comment comprendre ce nouveau paysage politique ?

Le RN est maintenant le parti qui structure le choix partisan et les priorités politiques en France. Avec ce changement très brutal des perspectives politiques, le RN passe d'un parti marginal à un parti qui pourrait, en l'espace de trois ans, avoir une majorité au Parlement européen, une majorité au Parlement national et un président de la République? Tout cela s'inscrit dans un mouvement général qu'on observe aussi en Italie, aux Pays-Bas, et, avec Donald Trump, aux États-Unis.

À LIRE AUSSI « Sévère défaite », « acte de décès » : les réactions de la presse internationale aux législativesComment expliquez-vous le succès électoral du RN malgré un programme économique peu rassurant ? Comment parvient-il à séduire à la fois les classes populaires et une partie des classes supérieures ?

Le RN propose des solutions qui « payent comptant », c'est-à-dire avec un avantage immédiat perçu. Par exemple, baisser les taxes ou donner la priorité pour les logements sociaux, c'est quelque chose de tangible et de compréhensible pour les électeurs. Les positions économiques du RN sont perçues comme une baisse des coûts, sans être toutefois redistributives. Cela permet d'avoir l'assentiment d'une partie de la classe supérieure. Par exemple, la baisse de la TVA sur les consommations énergétiques profiterait davantage aux gens qui ont un grand logement et une grosse voiture. Ainsi, le RN parvient à séduire à la fois les classes populaires et une partie des classes supérieures, en s'appuyant sur la dénonciation de la fiscalité et sans proposer de politiques redistributives.

Quelles sont les perspectives pour la majorité présidentielle après ce scrutin ?

C'est temporairement fini pour la macronie. Il existe deux scénarios où ce n'est pas totalement fini. Le premier serait un renversement d'alliance au lendemain de l'élection. Si le total des élus écolos, du PS et de la macronie atteint environ 230 sièges, il pourrait y avoir la possibilité de former un groupe parlementaire majoritaire. Le deuxième scénario serait une nouvelle dissolution à la fin de l'année 2026, après avoir exposé le RN à deux années de gestion économique difficile, les privant d'une perspective de victoire.

La majorité pourrait tenter de ne pas se désister systématiquement

Quelle peut être la stratégie de l'ex-majorité présidentielle pour le second tour ?

Il y a des circonscriptions très serrées, notamment dans des petites villes de région. Par exemple, en Charente ou en Bourgogne, on a des scores de 30-30-30 à quelques centaines de voix près. La majorité pourrait tenter de ne pas se désister systématiquement, car il y a des endroits où ce n'est pas flagrant. Ils vont probablement regarder circonscription par circonscription et se maintenir là où il y a une possibilité raisonnable de l'emporter de quelques suffrages.

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