REPORTAGE. « Nous avons peur du programme du RN » : dimanche soir, à Paris, ils étaient à République
Dimanche 30 juin au soir, à l’appel du Nouveau front populaire, un rassemblement contre l’extrême droite s’est tenu place de la République, à Paris.
Dimanche 30 juin, des sympathisants de toute la gauche se sont retrouvés place de la République, à Paris, à l’appel du Nouveau Front Populaire, pour faire barrage à l’extrême-droite, arrivée en tête du premier tour des élections législatives. Notre reportage.
De la musique, des militants de la première heure, de rares familles mais surtout des jeunes. Dimanche 30 juin au soir, à l’appel du Nouveau front populaire, un rassemblement contre l’extrême droite s’est tenu place de la République, à Paris. Dès le début de la soirée, des groupes avaient afflué avec des revendications disparates : drapeaux palestiniens, revendications LGBT… Et puis, à partir de 22 h, est arrivée la foule des peuples de gauche. Pas toujours raccords sur leurs revendications mais rassemblés contre un RN arrivé en tête du premier tour des élections législatives, du jamais vu.
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Tous sont encore sonnés par les résultats. Nous discutons avec Lola, porte-parole du Golem de la colère, qui lutte contre l’antisémitisme. Pas question de laisser une voix au RN. « Ce soir, on est d’abord là pour lutter contre le fascisme », confie-t-elle. Les chants anti-fascistes se succèdent, lancés de part et d’autre de la place, pas aussi noire de monde qu’à d’autres manifestations. Même si de nombreux jeunes n’hésitent pas à grimper tout en haut de la statue, œuvre de Léopold Morice, qui domine la place de la République, incontournable des manifestations parisiennes. On entend les cuivres de la fanfare, puis Bella Ciao, le chant des partisans italiens. Marine Tondelier, Olivier Faure, Jean-Luc Mélenchon… À la tribune, à partir de 23 heures, les leaders du Nouveau Front Populaire prennent la parole, ragaillardissant leurs sympathisants. Françoise, d’origine bretonne, est professeure de musique et militante LFI : « Le front républicain, on y croit il faut y croire. »
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À quelques mètres de là, un groupe de jeunes femmes se confie. Ysé, Clarha, Iho n’imaginaient pas ne pas venir. Elles étaient déjà engagées dans des manifestations pour les droits des femmes, des personnes LGBT +. Et ce soir, elles ont eu envie de répondre à l’appel de toute la gauche. Pourquoi se mobilisent-elles contre l’extrême-droite ? « Nous avons peur du programme du RN sur l’immigration, sur les droits des femmes, entre autres », confient-elles. « Beaucoup de gens votent pour le RN sans avoir lu son programme, se désole Clarha. Ils trouvent que Jordan Bardella a l’air sympa sur TikTok ! » Étudiante comme son amie Ysé dans le secteur culturel, elle s’inquiète également du programme du RN dans son domaine.
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Réforme des retraites et Français binationaux
Mais sur la place, beaucoup sont encore très remontés contre Emmanuel Macron et n’ont pas digéré l’utilisation du 49.3 sur la réforme des retraites. « Je pense à mes parents qui sont fonctionnaires », confie Ysé.
Ino, elle, est surveillante dans un collège. Elle a été très choquée par les propos tenus par Jordan Bardella et plusieurs représentants RN sur les Français binationaux, qui ne pourraient plus accéder à certains postes en cas d’arrivée au pouvoir du Rassemblement national. « Ma colocataire est franco-portugaise et voudrait entrer dans la police. Elle se demande ce qu’elle va devenir », confie-t-elle.
Le temps s’écoule rapidement place de la République. Olivier Besancenot fait une arrivée surprise à la tribune, son discours est acclamé par les militants. Quelques feux d’artifice sont tirés. Il est minuit, certains black blocs commencent à se mettre en mouvement, guettés par les CRS qui encadrent la place. De nombreux jeunes prennent le chemin du retour. Ils se donnent rendez-vous, sans faute, dimanche prochain, 7 juillet. Ce sera le second tour des législatives.