Pourquoi Renault s’allie au géant saoudien du pétrole Aramco
Luca de Meo, directeur général du groupe Renault.
Le géant pétrolier saoudien Aramco a annoncé vendredi 28 juin entrer au capital de Horse, la coentreprise des constructeurs automobiles français Renault et chinois Geely consacrée aux moteurs thermiques. Explications.
Après de longs mois d’attente et de négociations, le géant saoudien du pétrole Aramco a annoncé vendredi 28 juin 2024 son entrée au capital de Horse Powertrain, la coentreprise de Renault et du constructeur automobile chinois Geely dédiée aux technologies thermiques et hybrides.
Le numéro un mondial du pétrole va finalement acquérir 10 % des actions de Horse, valorisant le nouvel équipementier à 7,4 milliards d’euros. Les deux constructeurs automobiles conserveront chacun 45 % du capital. Cet accord intervient moins d’un mois après la création officielle de l’entreprise, qui compte environ 19 000 salariés sur dix-sept sites de production dans le monde.
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Profiter des capacités de recherche d’Aramco
Dans un communiqué, le directeur général du groupe Renault, Luca de Meo, argumente : « La décarbonation de l’industrie automobile ne se fera pas en solo. » La présence d’Aramco permettrait de profiter de son « réseau mondial de centres de R & D (recherche et développement) où sont menées des recherches sur les carburants synthétiques, l’hydrogène et l’optimisation des moteurs thermiques ».
Selon Bernard Jullien, maître de conférences en économie à l’université de Bordeaux et spécialiste de l’industrie automobile, ces manœuvres financières permettent surtout au groupe Renault de « continuer à valoriser comme il peut des technologies thermiques vouées à être déclassés au profit de l’électrique ».
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Aider Renault à investir vers l’électrification
Horse Powertrain vise en effet la production de 5 millions de moteurs par an et 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel prévisionnel. « Seul, Renault n’aurait plus tout à fait les moyens de maintenir une recherche sur un sujet moins stratégique qu’il ne pouvait l’être auparavant », ajoute l’économiste.
Pour le groupe français, et malgré son redressement éclair post-covid porté par des ventes en hausse et une diminution de ses coûts de production, la somme procurée par cet accord ne sera pas de trop pour effectuer les investissements nécessaires à la transition vers l’électrification. Mais Bernard Jullien nuance : « Ampère (autre filiale de Renault lancée en novembre dernier avec Nissan, dédiée aux modèles électriques) n’a finalement pas été introduit en bourse faute de valorisation. Pour l’heure, cette stratégie de montages financiers compliqués ne me paraît pas couronnée de succès . »