Législatives 2024 : face au RN, un « sursaut » au second tour est-il encore possible ?
Législatives 2024 : face au RN, un « sursaut » au second tour est-il encore possible ?
Le « sursaut » qu’Emmanuel Macron escomptait a bien eu lieu, mais pas dans le sens qu’il espérait. En annonçant la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, le président de la République tablait sur un ressaisissement des Français. Il leur demandait, en trois petites semaines, de se déjuger. Certes, les élections européennes avaient vu une vague RN déferler, mais les législatives, c’était, à ses yeux, une autre histoire. Une affaire de responsabilité, de choix historique pour gouverner le pays. Et dans ce contexte, ses propres troupes pouvaient de nouveau apparaître comme une voie raisonnable.
On le sait ce 30 juin, ce pari-là a été perdu. Un sursaut a bien eu lieu, mais c’est celui de la participation électorale, qui a retrouvé un niveau record, à l’issue d’un moment de politisation très intense du pays. Mais ce retour massif aux urnes n’a pas enrayé la dynamique de Jordan Bardella. Malgré les appels au barrage républicain des politiques, artistes, sportifs, intellectuels, pour contrer l’extrême droite. Malgré les revirements programmatiques nombreux sur les retraites ou le pouvoir d’achat et malgré les annonces du RN sur les binationaux privés de certains emplois. Un bon tiers des Français qui ont voté ont confirmé leur envie de voir le protégé de Marine Le Pen s’installer à Matignon. Celui-ci s’est d’ailleurs projeté dès ce dimanche soir : « J’entends être le Premier ministre du quotidien… »
A l’issue de ce premier tour, la question qui demeure, cruciale pour le pays, est celle-ci : le RN et son allié Eric Ciotti seront-ils en mesure d’avoir la majorité absolue de 289 députés dans une semaine ? A en croire les premières projections de la soirée, cette perspective est très crédible et elle changerait tout : sans majorité absolue, Bardella avait dit ne pas vouloir du pouvoir. Avec, il aura les mains libres pour faire passer ses lois sur le droit du sol, la préférence nationale – à condition que le Conseil constitutionnel valide…
Un sursaut… suffisant ?
Qu’est-ce qui peut l’en empêcher ? Le « sursaut » justement, qu’espérait le président de la République. Un barrage qui fonctionne pour empêcher les candidats RN arrivés en tête de dépasser les 50 %. Certes, les appels au front républicain ont déjà montré qu’ils avaient des limites. Et les LR ne le font d’ailleurs pas ce dimanche soir : le parti de Laurent Wauquiez ne donne pas de consigne de vote au second tour. « Le danger qui guette aujourd’hui notre pays, c’est l’extrême gauche », va même jusqu’à dire François-Xavier Bellamy, ouvrant la porte à un rapprochement avec le RN.
Mais que feront les électeurs de gauche et ceux d’Emmanuel Macron ? Ils ont l’un et l’autre une clé de ce second tour. Reporteront-ils massivement leurs voix en faveur du candidat le mieux placé face au RN ? Jean-Luc Mélenchon a déjà annoncé le retrait de ses candidats lorsqu’ils terminent troisième dans des territoires où l’extrême droite vire en tête. Et Gabriel Attal n’est plus sur le « ni, ni », ni LFI, ni RN, que portait le camp présidentiel jusque-là. « Pas une voix ne doit aller au RN », dit le Premier ministre ce dimanche soir, n’excluant pas des retraits de candidats de son camp pour des insoumis et envoyant un signal à la gauche en annonçant la suspension de la réforme de l’assurance-chômage…
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Il faut dire qu’à ce jeu des retraits républicains, le camp Macron peut être gagnant : il termine troisième dans 78 circonscriptions où le RN vire en tête, alors que dans 105 circonscriptions, c’est le Nouveau Front populaire (NFP) qui est troisième. Si les désistements et reports de voix fonctionnent, les macronistes pourraient ainsi sauver François Ruffin dans la Somme, et les électeurs insoumis, Elisabeth Borne en Normandie. Si ces deux figures très opposées sont élues dimanche 7 juillet, c’est que le sursaut aura en partie eu lieu. Suffisamment ?