Résultats du 1er tour des législatives : une « humiliation » pour Macron qui « alarme toute l’Europe », selon la presse internationale
Résultats du 1er tour des législatives : une « humiliation » pour Macron qui « alarme toute l’Europe », selon la presse internationale
«Â Une élection qui alarme toute l’Europe », écrit Politico ce lundi 1er juillet, au lendemain du premier tour des élections législatives en France. Le site d’information américain redoute même une « issue destructrice pour l’ordre mondial » vu « le leadership de la France dans l’Union européenne, son siège au Conseil de Sécurité des Nations unies et l’étendue de sa puissance militaire ».
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Unanimes, les grands titres de la presse internationale voient d’abord dans ces élections une claque pour Emmanuel Macron. Une « humiliation », titre ainsi le journal britannique « The Times », dont l’Union européenne pourrait subir les retombées. Aux Etats-Unis, le « Washington Post » estime que « la France punit les centristes », et se projette déjà sur un potentiel gouvernement de cohabitation mené par le patron du RN Jordan Bardella, dont le programme « populiste, eurosceptique et anti-immigration » acterait une transformation radicale du paysage politique français.
«Â Le Rassemblement national d’extrême droite en passe de devenir le parti français dominant », titre de son côté le quotidien britannique « The Guardian », qui explore longuement l’histoire du Front national, parti considéré pendant des décennies comme « un danger pour la démocratie, promouvant des opinions racistes, antisémites et anti-musulmanes » et qui comptait, « à ses débuts, dans ses rangs, d’anciens membres d’une unité militaire Waffen-SS ».
Pour Macron, un échec sur toute la ligne
Pour le quotidien espagnol « El Pais », « la France, berceau de l’Europe des droits de l’Homme et des Lumières, a désormais une semaine pour décider si elle doit mettre l’extrême droite eurosceptique et nationaliste au pouvoir, ou si elle doit arrêter son ascension avec une coalition hétérogène, allant de la gauche radicale à la droite modérée ».
En Allemagne, « Tagesspiegel » rappelle l’objectif affiché depuis sept ans par le président de la République : « Emmanuel Macron voulait empêcher l’extrême droite de gagner du terrain. Ce plan a échoué. » Désormais, relève le quotidien suisse « le Temps », « le RN est à la porte du pouvoir » et les témoignages d’électeurs français traduisent « un profond désenchantement ».
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L’hebdomadaire britannique « The Economist » parle, lui, d’une humiliation écrasante pour le chef de l’Etat. « Beaucoup de ses propres adjoints et alliés les plus proches, écrit le journal, sentant un anéantissement imminent, ont été consternés par sa décision de convoquer des élections anticipées. Ce qui ressort clairement de ce premier tour, c’est que le projet centriste de M. Macron et l’autorité politique du président sortiront gravement endommagés de ces élections ».
Le spectre de la fracture
Le risque, craint la presse internationale, est que le pays se déchire dans l’entre-deux-tours. « Le Pen l’emporte, la France se divise », titre notamment « la Repubblica » en Italie. Le journal portugais « Público » ajoute : « L’extrême droite gagne le premier tour et (quasiment) tout le monde est contre elle. »
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Le quotidien belge « le Soir », sous la plume de l’éditorialiste Béatrice Delvaux, dit sa stupeur face aux résultats de ces législatives françaises : « Par un renversement total des valeurs et des idéaux, des jeunes, des ouvriers, des diplômés, des femmes comme des hommes ont décidé que l’espoir, aujourd’hui en France, est incarné par un parti raciste, prônant la préférence nationale entre les citoyens, avec un programme indigent porté par des personnalités qui n’ont aucune expérience du pouvoir et prêtes à détricoter l’appareil d’Etat et les institutions sociales d’une démocratie », écrit l’ex-rédactrice en chef du quotidien.
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Les Etats-Unis d’Europe ?
Mais parmi les responsables de ce « vote bazooka », « le Soir » n’oublie pas d’égratigner longuement Emmanuel Macron, coupable d’avoir « délibérément » abandonné les urnes à l’extrême droite : « Eh non, gouverner, ce n’est pas se draper dans Victor Hugo, Voltaire et les Lumières, prononcer des discours grandiloquents ou faire des coups tout seul dans son palais. Gouverner, c’est écouter les citoyens sans mépris et mettre les mains dans le cambouis à leur service. »
« Qui donc va encore oser pointer du doigt ce peuple américain jugé assez irresponsable et ignare pour mettre un Trump à la présidence ? […] Il s’agit de se saisir de ce dernier avertissement avant un basculement général de toutes nos démocraties dans le camp de cette extrême droite. »
Le parallèle avec les Etats-Unis revient dans la presse danoise. Selon le quotidien de centre-gauche « Politiken », la France, « comme les Etats-Unis, apparaît désormais comme divisée, avec d’énormes différences entre Paris et le reste du territoire, entre les soi-disant élites des grandes villes et les classes travailleuses qui se sentent trahies par l’establishment politique de la capitale. » La France « semble aussi profondément divisée que l’Amérique de Donald Trump et Joe Biden », renchérit le journal libéral « Jyllands-Posten ».