Législatives 2024 : comment la Russie aurait tenté d’influencer la campagne
108 articles ont été relayés par plus d'un millier de robots pro-russes. (illustration) LP / Philippe de Poulpiquet
L’ombre de Moscou plane de nouveau sur des élections. La campagne des élections législatives en France aurait ainsi été la cible de tentatives d’ingérence russe, selon le média public suédois SVT Nyheter.
Dans une enquête, repérée sur X (ex-Twitter) par l’historien David Colon, spécialiste de la propagande, SVT Nyheter a repéré 108 articles visant à influencer le vote des électeurs en faveur du Rassemblement national.
Publiés sur de faux sites d’information, ces articles ont été relayés pendant une période de deux semaines après la dissolution par plus d’un millier de robots prorusses, écrit le média, s’appuyant sur des données d’Antibot4Navalny, un collectif qui traque les opérations d’influence russe sur les réseaux sociaux. Des robots appartenant au réseau « Doppelgänger », du nom d’une vaste opération d’ingérence numérique russe, dénoncée par la France il y a un an, ont notamment été utilisés pour cette campagne, selon SVT Nyheter.
Une fausse citation de François Cluzet
Objectif : décrédibiliser la coalition présidentielle au profit du Rassemblement national. Emmanuel Macron était ainsi cité dans une soixantaine des articles participant à cette campagne, presque toujours dans un contexte négatif, révèle le média suédois. Le chef de l’État y était notamment accusé d’avoir délaissé les Français au profit de la guerre en Ukraine. Marine Le Pen et Jordan Bardella y apparaissaient autant de fois, mais jamais négativement.
En plus de ces articles, SVT Nyheter a aussi identifié des publications attribuant de fausses citations à des célébrités. Dans l’une de ces publications, Beyoncé accuse par exemple Emmanuel Macron d’être une « marionnette » contrôlée par le Royaume-Uni. Ce qu’elle n’a jamais fait. « Une défaite russe est une utopie, Monsieur Macron », aurait aussi lancé François Cluzet dans une vidéo relayée sur les réseaux sociaux avec un doublage en anglais. Des propos qui ne correspondent pas à ceux qu’a réellement tenus l’acteur dans cette vidéo, où il parle en fait de son enfance.
La Russie n’a pas commenté ces accusations à ce stade. Le Kremlin suit de « très près les élections en France », a cependant fait savoir lundi son porte-parole Dmitri Peskov. « Nous attendons le deuxième tour, mais les préférences des électeurs français sont plus ou moins claires pour nous », a-t-il ajouté au lendemain du premier tour des législatives.
De leur côté, les services de l’État sont en alerte depuis plusieurs semaines face aux risques d’ingérences numériques étrangères dans la campagne, systématiques depuis une dizaine d’années. Mais les tentatives se sont jusque-là révélées de moindre ampleur que lors des scrutins de 2022, avait-on appris auprès de sources proches du dossier.